Anisha

Crédits photo : Lucie Bascoul
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Comment as-tu vécu l'après "Star Academy" ?
On est jamais prêt à ce genre de changements. On n'a pas été vraiment formé, mis à part à la "Star Ac". Et à apprendre aussi à sortir de notre zone de confort. En arrivant à la "Star Academy", c'est ce que j'ai fait, je me suis lancée dans quelque chose que je ne connaissais pas. Je me suis dit : "Vas-y saute de la falaise et vois si tu peux nager". J'ai beaucoup appris sur moi, j'ai appris à me découvrir, à être patiente envers moi-même, à m'adapter aux situations. C'est ça qui fait qu'on grandit. Quand je suis sortie de la "Star Academy", beaucoup de choses ont changé mais je ne vais pas changer pour autant. Pour pouvoir vivre les choses, il faut les apprécier. Même les étapes difficiles, je ne dis pas que je les apprécie, mais ce sont des leçons de vie. A chaque fois, je m'adapte, j'essaie, que ce soit facile ou difficile.

Tu me dis qu'il y a eu plein de changements. Qu'est-ce qui t'a le plus marqué ?
De passer de l'ombre à la lumière, clairement. Avant je faisais de la musique mais dans ma chambre ou avec mes amis. J'ai été repérée dans une scène ouverte où je suis allée une ou deux fois. C'était les seules scènes que j'avais faites. Là, arriver sur TF1, chanter devant des milliers de personnes, des millions derrière leur télé, c'était une grande étape pour moi. Etre dans la lumière, avec des gens qui nous reconnaissent, on n'est jamais prêt. Je n'avais pas paramétré mon cerveau à ça. J'y suis juste allée, je ne savais pas... C'est ça qu'il m'aurait fallu peut-être un peu plus mais ça s'est fait comme ça.

Et comment tu gères la notoriété ?
Il faut juste l'utiliser à bon escient. Avant, je voulais faire de la musique pour écrire, pour les autres. Moi c'est le partage, apporter quelque chose aux gens. Au-delà de la musique, j'aime le partage. C'est ça qui m'anime. La musique c'est un moyen de partager un message, et la voix c'est le médiateur. Aujourd'hui, oui il y a cette notoriété mais je la vis simplement. Quand je vais à l'école, je veux qu'on me considère comme une étudiante comme les autres car je ne suis pas différente. Certes, je vais sur scène, je chante mais j'ai une vie normale, je vais à l'école, je prends les transports... Je suis comme tout le monde.

Comment s'est passé ton retour à l'école après la "Star Ac" ?
Avant de revenir, et je remercie l'école pour cette démarche, il y a eu un email pour leur dire de ne pas me traiter différemment. J'y tiens. Je ne veux pas qu'il y ait une distance parce qu'on m'a vue à la télé. Je veux être traitée comme tous les étudiants. L'école et les étudiants respectent ça. Je suis notée comme les autres ! Si je ne rends pas un devoir, j'ai zéro ! (Rires) Jusque là, il n'y a pas eu forcément de moment où ça a été un problème. Bien sûr on me reconnait, il peut y avoir une discussion mais ça n'a pas été un harcèlement, il y a un total respect. L'équipe pédagogique m'a accompagnée, les gens de ma classe aussi, car j'avais besoin de rattraper le mois et demi de retard que j'ai pris dans les cours à cause de la "Star Ac" ! (Rires)



Quand on sort d'un télé-crochet, et d'autant plus quand on gagne, on attend la sortie d'un single assez rapidement. Tu as ressenti une pression là-dessus ?
Oui, ça s'est vu que je prenais mon temps. Je pars du principe que rien ne sert de courir. Chacun a sa façon de travailler je pense. La mienne, c'est ça. Je sais qu'il y a une attente... Je reçois beaucoup d'amour des gens qui attendent ce single mais il faut que j'honore cette attente et tout leur soutien et amour. J'aime bien prendre le temps, sachant que je participe pleinement au projet, de l'écriture à la composition. Quand on a fait les arrangements, j'étais là pour dire que j'avais besoin de ça ou de ça, sans piétiner le travail des professionnels avec qui je travaille car je leur fais confiance. Mais il y a aussi le respect de l'artiste qui est décisionnaire, car c'est moi qui vais défendre ces chansons, aujourd'hui et pendant longtemps. Je veux faire de mon mieux.

Tu veux que ça te ressemble...
Oui, qu'il y ait ma patte. Jusqu'ici, je n'écrivais que des chansons en anglais, et seulement des poèmes en français. Là, l'exercice c'était d'écrire en français, et je voulais participer pleinement à l'album, avoir beaucoup de chansons à moi. Et ça, ça prend du temps. Donc il a fallu écrire des chansons et collaborer avec des personnes bien ancrées dans ce métier-là. Il y a des chansons qui sont des collaborations, d'autres où je suis totalement autonome. J'ai besoin de prendre le temps, car en plus de ça, je continue mes études mais je n'ai pas envie de prendre ça comme une excuse pour expliquer le retard de ce single. Mais j'ai participé de A à Z, il a fallu que ça sonne bien, que ça me touche. L'attente a été un peu longue peut-être mais pour moi ça en vaut la peine.

Comment est né ce premier single "Tu rayonnes" ?
C'est le fruit d'un travail entre un auteur, Antoine Graugnard, un compositeur, Jean-Etienne Maillard, qui est aussi à la production, et moi-même. Ce sont des gens hyper talentueux. C'est une chanson très organique. On m'a vu à la "Star Ac" sur des chansons à voix mais j'avais envie de revenir à mes racines. La découverte de la folk s'est faite quand j'étais très intime avec ma guitare. Je voulais apporter cette veine-là dans ma musique, même si je n'ai pas envie de me définir dans un genre particulier. Pour moi, le plus important c'est la voix, les émotions et le message. "Tu rayonnes" c'est folk, organique et ça représente bien l'album. Par contre, c'est la plus up tempo. Ça a été un challenge d'arriver avec une chanson comme ça, je n'ai jamais chanté ça mais j'ai toujours aimé écouter de l'americana, de la folk, de la country.

Quel est le message de ce titre ?
Le message c'est l'amour, la joie et cette lumière qui illumine nos coeurs. Ces personnes qui illuminent nos vies, des gens qu'on oublie mais pourtant qui sont là, qui nous apportent du baume au coeur, avec de la bienveillance, de la présence. C'est une chanson altruiste, qui parle de l'autre. Ça a été une évidence pour toute l'équipe même si on avait le choix entre plusieurs chansons. Ce sont des valeurs que je veux partager à travers l'album.

Peux-tu nous parler un peu de ton album, qui sortira en octobre ?
L'album aura une veine organique. La vraie base c'est la guitare et la voix. Il y aura des ballades, des guitares-voix, des mid-tempo... Il y aura forcément des touches folk et pop-rock sur les chansons. Comme je l'ai dit, j'ai travaillé avec Antoine Graugnard et Jean-Etienne Maillard. Il y a plusieurs chansons que j'ai faites moi-même. J'ai aussi travaillé avec Ycare, que l'on connait depuis quelque temps déjà.



Des artistes t'ont proposé des titres spontanément ?
Oui j'ai eu plusieurs propositions. Mais encore une fois, avant tout, une chanson doit me toucher au départ. Même si parfois elles étaient belles, j'ai besoin de porter des valeurs qui me tiennent à coeur. Mais il y aura beaucoup de collaborations, même si j'ai tout co-écrit. J'ai besoin que ça me ressemble, sinon je ne peux pas l'interpréter.

Quand on sort d'un télé-crochet, qu'on débute, c'est facile de s'imposer, de dire non ?
Moi je ne sais pas trop comment dire non. (Rires) C'est quelque chose de difficile chez moi. Mais la musique c'est tellement important pour moi. C'est ma meilleure amie ! C'est comme si on touchait à quelque chose qui m'est cher. Ce n'est pas que je m'impose ou que je refuse mais il faut que je me sente bien, que je fasse quelque chose que j'aime, et que je ne regretterai pas plus tard. La musique c'est des émotions et si je ne les ressens pas, je ne peux pas la chanter devant un public.

Où en est le duo avec Claudio Capéo, qu'il t'avait promis durant la "Star Academy" ?
Si vous avez bien entendu sur la "Star Ac", il m'a proposé d'être sur sa réédition de son album à lui ! Cette proposition tient toujours. On verra bien ! (Sourire) On s'est vu trois ou quatre fois sur des promos. Claudio il m'a beaucoup appris sur le fait de partager, même juste comment il chante, comment il est avec son équipe... J'apprends beaucoup avec lui. Lui et ses musiciens sont tellement gentils ! Quand je l'ai croisé la dernière fois, Claudio m'a demandé des nouvelles, si j'allais bien. Ça l'intéresse vraiment.

Tu lui as fait écouter ton nouveau single ?
Pour l'instant, non ! C'est la surprise. (Elle sourit)

Après la "Star Academy", est-ce que tu pourrais représenter la France à l'Eurovision ?
Je n'y ai jamais pensé. Pourquoi pas ? Je ne saurais pas vous dire maintenant, mais pourquoi pas. Si c'est pour représenter le drapeau français qui m'a aussi offert ces belles opportunités...

Tu connais un peu le concours ?
Oui... Je n'ai pas regardé cette année ni les années précédentes. J'ai regardé en 2016 ou 2017, je n'ai regardé qu'une seule édition dans toute ma vie. Je suis arrivée en France quand j'avais 16 ans en 2016, donc je n'avais pas du tout cette notion-là de "Star Academy" ou d'Eurovision. Je connaissais juste "The Voice" car à Madagascar on avait TF1 sur la box !