Amy Winehouse

Crédits photo : Abaca
Un éclairage rare sur une artiste attirée par les ténèbres. Dans le livre "Loving Amy : A Mother's Story", qui vient de paraître aux États-Unis, Janis Winehouse lève le voile sur l'enfance puis le succès de sa fille. L'icône britannique n'avait que 27 ans lorsqu'elle est décédée, seule à son domicile, en juillet 2011, après avoir fait une overdose d'alcool. « Cette démarche était très importante pour moi. Je voulais y rassembler mes souvenirs avant que la maladie ne fragilise ma mémoire » confie la mère de la chanteuse au magazine People, rongée par la culpabilité de ne pas avoir su apaiser les tourments de sa fille.

"Amy était un ange et un petit diable"

Petite, Amy était une enfant hyperactive, une vraie tornade. Si bien qu'elle hérita du surnom "Hurricane Amy". « Je redoutais le moment où elle nous accompagnait chez des amis. Elle était ingérable ! » se souvient Janis, qui la qualifie de « petit diable et d'ange à la fois ». Incapable de tenir en place, la fillette « épuise ses enseignants » et pousse parfois des cris impromptus. Sa mère la soupçonne d'avoir le syndrome de Gilles de la Tourette : « Je voyais bien que ma fille était différence, totalement inadaptée à l'environnement des enfants de son âge ».

Pour calmer les ardeurs d'Amy Winehouse, ses parents se tournent vers l'art. « Son père et moi avions compris que la seule façon de canaliser toute son énergie était de lui faire pratiquer des disciplines artistiques, comme le théâtre, la danse et le chant, pour lequel elle manifestait un talent prometteur ». Transportée par « le jazz et les chansons de "Mary Poppins" », la jeune adolescente se découvre une passion. Mais son équilibre est fragile. Devant la double vie que mène ouvertement son père Mitch avec sa maîtresse, le cocon familial explose. Ses parents divorcent. La chanteuse perd pied. A 13 ans, elle ingurgite antidépresseurs sur antidépresseurs. « Déjà à l'époque, je me sentais dépassée par la situation. Je nous revois encore assister à une fête de famille. Amy devait avoir 15 ans. Elle s'enfilait des rasades de whisky mélangées à de la limonade » se rappelle avec douleur Janis.

Crédits photo : Abaca

"Une créature que je ne reconnaissais plus"

La suite se transformera en descente aux enfers. Adulée pour sa voix de velours, devenue une star planétaire avec "Back to Black" en 2007, Amy Winehouse sombre dans l'enfer de la célébrité. La pression des paparazzis qui la pourchassent et la mauvaise influence de son mari Blake Fielder-Civil, qui l'initie au crack, l'entraînent dans une spirale sans fin. « Chaque fois que je m'aventurais sur le terrain de la drogue ou de l'alcool, en réaction, elle repoussait encore plus loin ses limites. Je me retrouvais alors face à une créature que je ne reconnaissais plus » confie sa mère, impuissante à l'époque.

Alors, pour ne pas perdre sa fille, elle devient sa confidente. « Parfois, elle me disait : "Maman, je suis prête à accepter de l'aide". J'étais toujours là pour elle, je l'écoutais. Quand elle voulait me téléphoner, nous parlions... J'étais toujours là ». En vain. « Elle vivait dans une porcherie. L'anorexie l'avait rendue cadavérique. Elle n'était plus la Amy que je connaissais, qui a grandi près de moi, et c'est ça qui était horrible » regrette Janis. Rongée par les doutes, la mère de la chanteuse assure qu'elle n'aurait « pas pu faire plus » pour la sauver. « C'est la dépendance qui l'a changée » conclut-elle, meurtrie.