mardi 29 septembre 2015 13:00

Quotas de chansons françaises : pourquoi les radios se mettent en grève ?

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Aujourd'hui, les radios privées et indépendantes ont décidé de désobéir et de ne pas appliquer la loi des quotas de chansons francophones. Pourquoi ? Car un amendement voté par les députés leur imposerait plus d'effort pour promouvoir la production française. Pure Charts explique les raisons de la discorde en trois points.
Crédits photo : montage Pure Charts

1. Pourquoi le quota actuel de chansons francophones pour les radios ne suffit plus ?


« La loi du 1er février 1994 impose aux radios privées de diffuser, depuis le 1er janvier 1996, aux heures d'écoute significatives, 40% de chansons d'expression française, dont la moitié au moins provenant de nouveaux talents ou de nouvelles productions » indique le site du CSA. Le but ? Soutenir la production nationale et la faire rayonner sur les ondes pour la développer et promouvoir la diversité. Problème : « 10 titres francophones peuvent représenter jusqu'à 75% des diffusions francophones mensuelles » ce qui « ne permet plus aux nouveaux talents de rencontrer leur public » estiment les députés français, à l'heure où Maître Gims, Stromae, Christine and the Queens ou Fréro Delavega squattent les playlists.

2. Quel est l'amendement qui met le feu aux poudres ?


En commission, dans le cadre du projet de loi sur la liberté de création, les députés ont donc voté un amendement afin d'« éviter que les mêmes tubes francophones ne tournent en boucle sur les ondes », soutenus par Fleur Pellerin. La ministre de la culture et de la communication a déclaré sur France Inter que « les gens écoutent toute la journée les mêmes titres donc ce n'est pas exactement ce qu’on entend par diversité culturelle ». Au passage, elle a rappelé que l'amendement se traduirait ainsi : « Sur un mois, il faudra passer deux ou trois titres supplémentaires. Ce n’est pas liberticide ». L'objectif est clair : « mieux mettre en valeur la jeune création française ». Oui mais les radios brandissent des chiffres sans pareil, expliquant l'état des playlists actuelles : -66% d'albums francophones entre 2003 et 2014, -62% de nouveautés musicales en France en 2014, 83% de la production française qui n'est pas en français (David Guetta, Daft Punk, MARINA Kaye...). Difficile donc, selon elles, de diffuser plus de titres francophones différents, d'autant que la guerre des audiences fait rage.

3. En quoi consiste la grève sur les radios privées aujourd'hui ?


Face à cet amendement, qui doit être examiné cette semaine par l'Assemblée Nationale et qui « porte atteinte à la liberté éditoriale » des radios selon elles, les radios des groupes Lagardère (Europe 1, RFM, Virgin Radio), NRJ, RTL ainsi que les radios indépendantes ont décidé de faire entendre leur voix en n'appliquant pas aujourd'hui, mardi 29 septembre, les quotas légaux de chansons francophones exigés par la loi. Elles ne diffuseront aujourd'hui « que les morceaux français que les auditeurs souhaitent entendre, pas ceux imposés par les quotas » a indiqué Jean-Eric Valli, président du groupement des "Indés Radios". « En empêchant les artistes français d'être autant diffusés que les artistes internationaux, la ministre veut empêcher l'émergence des futurs Stromae, Calogero, Christine and the Queens ou Maître Gims et tant d'autres » crient les radios indépendantes. Le dialogue -de sourd- est engagé.


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