Festivals en crise : une centaine d'événements supprimés ou annulés en 2015

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Si les plus importants festivals de musique français se portent bien, on ne peut pas en dire autant des plus petits rassemblements. Des événements souffrent de la baisse généralisée des subventions, provoquant dans certains cas leur annulation cette année, et même parfois leur suppression avec des conséquences dramatiques pour les intermittents...
Crédits photo : ABACA
En septembre 2014, Télérama dressait un bilan positif de la fréquentation des festivals d'été, plaçant Les Vieilles Charrues en tête de son palmarès avec plus de 225.000 entrées. Solidays, Hellfest, le Main Square d'Arras ou encore Les Francofolies de La Rochelle ont tous les quatre affichés plus de 100.000 spectateurs sur plusieurs jours, témoignage de la ferveur provoquée par ces rassemblements d'artistes en extérieur. Mais, malheureusement, tous les festivals n'ont pas vocation à accueillir autant de personnes, et les plus petites entités, dont l'attraction ne dépasse pas le cadre régional, souffrent de la baisse des subventions qui contraignent les organisateurs à mettre la clef sous la porte.

C'est ce qu'Emeline Jersol, médiatrice culturelle du Boulon, un centre national des arts de la rue situé à Vieux-Condé dans le Nord, démontre dans une cartocrise. Grâce à cet outil interactif, elle tient les comptes des « festivals, structures et associations supprimés/annulés » depuis le début de l'année explique-t-elle à nos confrères de Libération. Sur la carte de France, différents points relatifs à des rassemblement culturels (théâtre, cinéma, festivals de musique) sont répertoriés. Comme stipulé en légende, cette carte sera « malheureusement toujours en construction ». De 43 points répertoriés au 23 janvier 2015, la carte est passée à 143 points en un mois seulement dont une centaine correspond à des festivals de musique.

Des changements d'équipes dans les municipalités mis en cause


D'après Libération, ces annulations résultent en réalité de « suppressions de subventions publiques », et notamment des subventions municipales en raison des changements d'équipes qui découlent des élections de l'an passé. « Ce n’est pas vraiment une question de gauche ou de droite, mais plus d’abandon de projets mis en place par les municipalités précédentes dans les cas de changement de majorité » estime Emeline Jersol, soutenue dans son interprétation par Emmanuel Négrier, chercheur au CNRS et auteur du livre "Festivals de musiques : un monde en mutation". « Un nouveau maire c'est un nouveau réseau. "Je te sabre parce que tu as soutenu l’autre" » a-t-il expliqué au Parisien.

Regardez la cartocrise d'Emeline Jersol :

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Parmi les événements annulés cette année, beaucoup sont situés dans la région des Pays de Loire, à l'instar du Festival Consonances de Saint-Nazaire, Les Enchantés de Saint-Sébastien et le Festival Été La Cigale de Cholet. Le Parisien cite l'exemple des Voix du Gaou qui ont accueilli jusqu'à 40.000 personnes certaines années grâce à la présence d'artistes français et internationaux tels que Saez, Alpha Blondy, Superbus ou encore 30 Seconds to Mars. Cet événement a été supprimé en raison d'une baisse de la fréquentation, du poids trop lourd du cachet des artistes et des dotations de l’État plus faibles.

Les intermittents du spectacle sont les premiers touchés par cette crise, et, in fine, d'autres spectacles n'auront plus lieu dans un avenir plus ou moins proche. Les répercutions sont aussi plus globales puisque l'accès à la culture pour tous et la diversité sont menacés.

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