En Europe, Spotify rémunère mieux les artistes qu'iTunes

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
En choisissant de retirer son catalogue des plates-formes de streaming, Taylor Swift a relancé le débat sur la rémunération des artistes, jugée insuffisante. Pourtant, selon une étude, les royalties reversés par Spotify en Europe surpassent ceux du téléchargement légal et d'iTunes... Analyse.
Crédits photo : Capture d'écran Spotify
Taylor Swift a jeté un pavé dans la mare. En début de semaine, la popstar a fait retirer toute sa discographie des plates-formes de streaming Spotify et Deezer. La raison ? La chanteuse, dont le nouvel album "1989" vient d'établir un record de ventes aux Etats-Unis, estime que la faible rémunération des artistes nuit à l'industrie. « Le piratage, le partage de fichiers et le streaming ont fait chuter les ventes de disques de manière drastique. A mon sens, la musique ne devrait pas être gratuite » écrivait-elle cet été dans un billet du Wall Street Journal. D'autres artistes sont déjà montés au créneau avant elle, comme Thom York de Radiohead ou Grizzly Bear.

Selon l'ADAMI, chaque chanson écoutée en streaming rapporte 0,004 centimes d'euros en droits d'auteur, une moyenne qui varie selon la nature de l'offre souscrite par l'utilisateur - par abonnement ou gratuite financée par la publicité. Dans son nouveau rapport, le principal gestionnaire des droits des artistes s'insurge contre le partage inégal des ressources issues du secteur. Sur un abonnement standard de 9,99 euros par mois payé par un internaute, les artistes ne touchent que 0,46 euro (à se répartir entre tous les artistes écoutés) alors que 6,54 euros vont aux intermédiaires, les producteurs et les plate-formes. Le reste est partagé entre le droit d'auteur (1 euro) et la TVA (1,99 euro), selon l'étude menée.

Une rémunération en hausse


Le secteur du streaming est pourtant bien adopté par les consommateurs. Et les artistes y touchent autant qu'avec le téléchargement légal ! Si l'on en croit les chiffres de l'éditeur indépendant Kobalt Music, les royalties reversés en Europe par Spotify aux artistes sont supérieurs à ceux reversés par... iTunes.

Kobalt représente un échantillon non négligeable de 6.000 artistes comme Kelly Clarkson, Gwen Stefani ou les Foo Fighters. L'étude qu'elle a menée, à défaut d'être exhaustive, est donc un indicateur suffisamment fiable pour y tenir compte. Dans le détail, les revenus générés par Spotify pour ses auteurs étaient 13% plus élevés que ceux d'iTunes au premier trimestre 2014. Une tendance qui s'est inversée en moins de six mois : iTunes rapportait 32% de plus que Spotify au 3ème trimestre 2013. Autre bonne nouvelle ? Au cours des neuf derniers mois, les revenus combinés de Spotify et d'iTunes ont progressé de 5%. Des chiffres qui offrent un éclairage intéressant sur le discours habituellement prononcé à l'encontre du streaming...

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