Pascal Nègre croit au streaming pour relancer l'économie de la musique

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Fin 2011, Pascal Nègre envisageait une sortie de crise en 2013. Le PDG d'Universal Music aurait peut-être visé juste puisque le marché de la musique enregistrée a connu un léger rebond l'an dernier. Interrogé par le magazine "Challenges", celui-ci révèle ses ambitions pour l'année 2014, qui repose avant tout sur le streaming.
Crédits photo : ABACA
Le marché du disque a connu un léger rebond en 2013, notamment grâce au succès des albums "Racine carrée" de Stromae, "Random Access Memories" de Daft Punk et "Subliminal" de Maître Gims, les trois meilleures ventes de l'année écoulée. Le SNEP a dressé son bilan et annonce une hausse de 2,3% des revenus liés aux ventes physique et numérique, ainsi qu'au streaming. « Les ventes de disques physiques progressent de 1%, le numérique est assez stable à 0,6% alors que les droits voisins progressent de 9% » confie Pascal Nègre, PDG de la major Universal Music France. Mais celui-ci estime néanmoins qu'il n'y a pas de quoi sabrer le champagne puisque « seul le modèle d’écoute par abonnement (streaming) progresse nettement ».

"Avec 13 millions d'abonnés, la crise est finie"


Interrogé par le magazine Challenges, qui dévoilait il y a quelques jours le classement des chanteurs les mieux payés en 2013, Pascal Nègre estime qu'une sortie de crise est aujourd'hui possible si les Français s'abonnent aux plateformes d'écoute en ligne comme Deezer et Spotify. « Il y a aujourd’hui en France, 1,5 million d’abonnés à des offres payantes [...]. Si l'on extrapole l'expérience de pays plus avancés que la France en ce domaine, on peut espérer avoir un jour 13 millions d’abonnés à une offre musicale dans notre pays. Avec un tel chiffre la crise est finie » dit-il, expliquant en outre que ces plateformes doivent poursuivre leurs efforts de communication pour gagner en notoriété et faire évoluer les habitudes de consommation de la musique en France. « On part de très loin. Nous avons-nous-mêmes effectué une étude d’opinion qui révèle que 80% des Français ne savent pas ce qu'est le streaming » ajoute-t-il, croyant que l'arrivée de nouveaux acteurs pourrait booster le secteur.

Seulement, le streaming ne permettrait pas aux artistes de vivre dignement de leurs activités. La plateforme Spotify, leader dans le domaine, a récemment révélé qu'un titre écouté un million de fois ne rapportait qu'entre 6.000 et 8.400 dollars à son propriétaire. On est donc bien loin des rémunérations générées par les ventes d'albums physiques ou numériques. S'appuyant sur d'autres chiffres, Pascal Nègre parle à demi-mot d'une campagne de désinformation à ce sujet, expliquant que « certains essaient de brouiller les pistes », allant même jusqu'à affirmer que les artistes touchent un plus fort pourcentage sur les ventes liées au numérique. « Il est vrai qu’il existe déjà de très nombreux artistes qui ont des revenus assez modestes. Cela n’a rien à voir avec les modes de distribution ». Par ailleurs, il affirme d'un autre côté que les artistes ne sont pas les seuls à subir la crise. Les maisons de disques aussi ! « Elles ne peuvent plus se permettre de subventionner à perte des artistes qui ne rencontrent pas un succès suffisant » lâche-t-il.

Vers un quota d'émissions musicales à la télévision ?


La sortie de crise ne sera pas uniquement dirigée par la progression du streaming. Le ministère de la Culture doit également être un moteur et joué un rôle, notamment en ce qui concerne la défense de la chanson française et des nouveaux talents. Alors qu'Aurélie Filippetti entame un nouveau bras de fer avec les radios à propos des quotas des diffusions de titres d'expression française, Pascal Nègre la suit à 100% et parle d'« un phénomène très inquiétant » : une tendance qui « ne donne aucune chance à la diversité et aux jeunes talents ».

Il veut même aller encore plus loin en imaginant « intégrer la production d’émissions musicales dans les quotas de création des chaines françaises ». Autrement dit, les chaînes seraient contraintes de proposer dans leurs grilles de programmes des émissions musicales, autre que "The Voice", qui ne profite qu’à une poignée d’artistes.

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