"La marche" : une B.O. qui fait grincer "Charlie Hebdo" (màj)

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Le torchon brûle entre les rappeurs et l'hebdomadaire "Charlie Hebdo". Une dizaine de rappeurs ont posé sur le titre "Marche", annoncé comme étant un extrait de la bande originale du film "La marche" de Nabil Ben Yadir, en salles ce mercredi 27 novembre. Un morceau dans lequel le journal est très sévèrement égratigné, considéré comme raciste en raison de ses célèbres caricatures.
Crédits photo : affiche du film La Marche
L’hebdomadaire "Charlie Hebdo" fait encore l'actualité cette semaine. Non pas pour une de ses nouvelles Unes polémiques, mais pour l'attaque dont il fait l'objet à travers le titre "Marche", annoncé par le label Def Jam comme étant un extrait de la bande originale du film "La marche". Pas encore disponible dans son intégralité, la musique du nouveau long-métrage de Nabil Ben Yadir ("Les barons") fait déjà sensation ! En effet, dans le morceau "Marche", écrit et enregistré par Akhenaton, Disiz, Soprano et beaucoup d'autres rappeurs, Nek feu, membre du groupe 1995, égratigne sévèrement le journal satirique. Dans le septième couplet, à partir de 3 minutes, celui-ci s'exprime sans retenue : « "D't'façon y'a pas plus ringard que le raciste / Ces théoristes veulent faire taire l'islam / Quel est le vrai danger : le terrorisme ou le taylorisme? / Les miens se lèvent tôt, j'ai vu mes potos taffer / Je réclame un autodafé pour ces chiens de "Charlie Hebdo" ». Voilà qui est dit !


"La chanson reprend les propos que tient l'extrême droite musulmane"


Pas habitué à faire de vague, Nek feu a provoqué « l'effarement » de la rédaction de Charlie Hebdo, qui a tenu à répondre rapidement dans un communiqué relayé par une dépêche AFP : « "Charlie Hebdo" découvre avec effarement la violence des paroles de la bande originale du film "La Marche" à son encontre. Ainsi, la chanson "Marche" [...] reprend les propos que tient habituellement l'extrême droite musulmane lorsqu'elle évoque notre journal ». Mais ce n'est pas tout ! Loin de vouloir en rester là, tout en écartant l'idée d'engager des poursuites judiciaires, la rédaction ironise quelque peu en rappelant que le dessinateur Stéphane Charbonnier, auteur de plusieurs des célèbres croquis du journal, a été « condamné à mort » par « le journal numérique "Inspire", édité par Al-Qaïda ». De quoi faire l'objet d'« un couplet » si les rappeurs sont en manque d'inspiration souligne ce même communiqué !


"Cette chanson n’a jamais été prévue pour la B.O. du film"


Interrogé par l'AFP, Charb conclut en évoquant le scénario du film "La marche" : « J'aimerais simplement que la production m'explique le rapport entre une marche antiraciste et fraternelle en 1983 et un chant religieux communautariste qui appelle à brûler un journal satirique antiraciste en 2013 ». Si Nabil Ben Yadir n'a pas encore répondu, le producteur du film, Hugo Sélignac, a tenu à mettre les choses au clair. « J’ai apporté mon soutien à cette chanson qui n’a jamais été prévue pour la B.O. du film. J’ai prêté des éléments sonores du film qui ont été intégrés à la chanson et j’ai donné mon accord pour que la typographie de la pochette et de l’affiche du film soit la même. Je n’avais pas à valider les paroles » a-t-il confié à l'AFP. Il affirme par ailleurs que « tous les droits de la chanson seront reversés à une association contre le racisme de Vénissieux ». Quoi qu'il en soit, le titre existe bien et devrait encore faire couler beaucoup d'encre...

Ecoutez le titre "Marche", extrait de la B.O. du film "La marche" :



Une polémique qui relancera peut-être le débat autour des dernières Unes du magazine d'extrême droite Minute. Il faut dire que Nabil Ben Yadir ne s'attaque pas à un sujet facile avec son nouveau film, à découvrir dans les salles obscures dès mercredi. Avec les acteurs Olivier Gourmet, Tewfik Jallab, Vincent Rottiers, Charlotte Le Bon et Jamel Debbouze, entre autres, il a décidé de remonter le temps jusqu'en 1983, à l'heure où la France était en proie à des actes de violence raciale importants. Trois jeunes adolescents et le curé des Minguettes avaient alors lancé à l'époque une marche pacifique pour l’égalité et contre le racisme, entre Marseille et Paris. En dépit des difficultés rencontrées sur leur passage, ils avaient réussi à faire naître un vrai élan d’espoir à la manière de Gandhi et Martin Luther King, pour donner à la France « un nouveau visage ».

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