jeudi 19 janvier 2012 19:23

Pascal Nègre : "Je pense qu'il va y avoir une vraie révolution"

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Pascal Nègre répond aux questions du journal "Les Echos", présentant un bilan de son travail et de celui de son équipe. L'occasion pour lui d'évoquer l'état actuel du marché et les projets de sa maison.
Crédits photo : ABACA
Pascal Nègre multiplie les apparitions dans les médias. Dans le dernier numéro du magazine "Capital" pour répondre aux questions concernant l'évolution du marché du disque, il répondait également plus récemment aux questions du journal "Les Echos". Une interview fleuve dans laquelle le PDG d'Universal Music France explique quels sont les moyens de contrer la crise du disque qui sévit depuis bientôt dix ans mais qui n'a pas mis la croissance de l'entreprise dans le rouge.


Bilan 2011 : le marché toujours dans le rouge


Comme c'était le cas en 2010, mais précédemment en 2009, 2008, 2007, 2006…, le marché du disque connait encore une fois une baisse. 3,5% dans le négatif en ce qui concerne le volume de ventes sur les douze derniers mois. Et heureusement que de gros cartons comme ceux de la chanteuse Adele ("21") et Nolwenn Leroy ("Bretonne") ont redressé la barre. Mais il est vrai que la chute est moins rude par rapport aux chiffres affichés les années précédentes : « On est très loin des - 15 %, - 20 % d'il y a quelques années. » déclare Pascal Nègre, distinguant par ailleurs « des ventes par téléchargement en progression d'environ 15 % » et « les ventes de CD reculeraient encore d'environ 8 % ». La tendance commence à s'inverser, mais la musique n'est toujours pas sortie de la crise en France.
Demain, la francophonie va devenir un concept économique.


Une sortie de crise qu'il envisage pour 2013 :« Il pourrait y avoir un point d'inflexion en 2013. Le marché de la musique est un marché d'offre. Plus vous avez une offre riche, plus vous avez envie d'acheter. ». Et pour ce faire, diverses stratégies sont à mettre en œuvre en suivant scrupuleusement les évolutions du marché. « Pour l'heure, la France est dans un système mixte avec des ventes par téléchargement en progression et un autre modèle inclus, celui de Deezer associé à Orange, qui compte déjà 2 millions d'abonnés environ. L'abonnement progresse de 60 % dans l'Hexagone, par rapport à 2010. Au total, la progression dans le digital devrait atteindre de 20 à 25 % et représenter 25 % du marché. ». Le streaming est donc l'une des solutions pour venir à bout de cette crise qui perdure et pourquoi pas retrouver « un chiffre d'affaires qui ne serait plus très loin de celui que nous réalisions avant la crise. » ajoute-t-il.

Suivre l'évolution et placer les équipes là où il le faut pour répondre aux exigences des consommateurs. C'est à ça aussi que servent les Majors : « les majors sont sûrement les entreprises qui sont désormais les plus pointues sur toute la problématique Internet, que ce soit pour créer le buzz, créer une communauté, faire du business avec celle-ci... Plus de la moitié de mes équipes travaillent sur Internet. Elles savent aussi repérer un talent. Les « business models » ont aussi changé. » explique-t-il, rappelant indirectement que l'avenir de l'industrie de la musique, c'est la Toile.


La faute aux médias ?


La crise n'est pas seulement le fruit d'une évolution du marché, mais aussi de médias devenus trop frileux à diffuser de la nouveauté. C'est en tout cas ce qu'explique le PDG : « Les récentes réformes du Conseil supérieur de l'audiovisuel sur les quotas sont une bonne initiative, mais le problème, aujourd'hui, c'est la concentration des « play lists ». On assomme les auditeurs avec les titres qui marchent, la radio ne fait plus assez découvrir les nouveaux talents. Nous ne demandons pas la révolution, mais si nous pouvions juste avoir deux ou trois fois plus de nouveaux talents sur les ondes, cela serait une bonne chose. ». Conséquence : « Depuis le début de la crise, la production de disques français a été divisée par deux. Il faut que l'industrie du disque produise plus d'artistes français. Au final : C'est toujours parce qu'on l'a entendu à la radio que l'on va acheter un disque. Les médias traditionnels ont plus que jamais ce pouvoir. » conclut-il.

Le digital devrait représenter 25 % du marché.
Pour corroborer les propose de Pascal Nègre, il faut avouer que les titres les plus souvent diffusés en radios sont soient ceux des artistes déjà célèbres ou soient ceux qui se sont imposés sur les ondes en fonction des ventes. Chaque semaine, notre Top Radio édité par Media Forest nous confirme qu'il est très difficile de percer et que les artistes américains et anglais sont bien mieux relayés sur les radios françaises.

Quoi qu'il en soit, comme il l'avait expliqué à "Capital", la mort du CD n'est pas pour demain : « Nous allons probablement continuer à avoir une lente érosion des ventes physiques, mais le disque va perdurer beaucoup plus longtemps que ce que tout le monde pense. Parallèlement, nous allons vers une montée en puissance de plates-formes type iTunes et des abonnements. ». Que nous réserve l'avenir ? « Je pense qu'il va y avoir une vraie révolution. ».

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