jeudi 28 juillet 2011 18:32

Les rappeurs "issus de l'immigration" censurés

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Dans un texte adressé au gouvernement, le député UMP Michel Raison demandait au gouvernement quelles solutions il envisageait pour "censurer" des chansons appelant "à la haine" et "écrites par certains groupes de musique rap issus de l'immigration". L'association "SOS Racisme" s'est déjà emparée du dossier et s'insurge.
Crédits photo : ABACA
Combien de fois déjà les rappeurs ont-ils défrayé la chronique avec leurs chansons et les malencontreux mots à caractère misogyne ou xénophobe qu'ils ont pu lâcher lors d'interviews. On pense d'emblée au groupe Sexion D'Assaut qui a subi la foudre des médias l'année dernière suite à des propos homophobes très largement relayés sur Internet et par les différents médias. Mais certains oublient trop souvent que le rap est aussi un courant musical revendicateur avec des textes forts qui peuvent traiter de faits politiques et sociaux, et même développer dans leurs textes des enjeux majeurs concernant le fonctionnement de notre société.

Sous couvert de la liberté d'expression, ces groupes se livrent à de véritables appels à la haine.
C'est ce qui a interpelé le député UMP de la Haute-Saône Michel Raison qui demandait mardi dernier dans une question adressée au gouvernement quelles mesures il envisageait pour « censurer » les chansons appelant à « la haine », « écrites par certains groupes de musique rap issus de l'immigration ». Monsieur Michel Raison « attire l'attention de M. le ministre de la Culture et de la Communication sur les chansons écrites par certains groupes de musique rap issus de l'immigration » avant d'ajouter : « Sous couvert de la liberté d'expression, ces groupes se livrent à de véritables appels à la haine raciale et religieuse en proférant des paroles obscènes, racistes et misogynes. Les conséquences sont d'autant plus préoccupantes que ces groupes sont écoutés par des jeunes en pleine construction. Ils bafouent les valeurs fondamentales de respect et de liberté qui fondent notre démocratie » indique-t-il. Une lettre qui intervient alors que le gouvernement a mis sur la table le dossier brulant de l'identité nationale. Mais c'est ce député UMP qui pourrait bien se bruler avec sa question mal posée, et selon lui mal interprétée selon sa déclaration à l'AFP : « "Ce n'était peut-être pas comme ça qu'il fallait l'écrire. […] Ceux qui me connaissent bien savent que je suis vraiment l'antiraciste-né », a-t-il affirmé pour répondre aux attaques de l'association "SOS Racisme" qui trouve « étonnant que M. Raison qualifie des formations musicales en fonction des origines des membres qui les composent, comme si les débordements éventuels - dont le périmètre n'est pas vraiment défini - de certains groupes de rap pouvaient être liés à ce facteur ».

En effet, il semble que notre député ait fait un amalgame pourtant lourd de sens en associant le rap à une identité culturelle et une réalité sociale. Les rappeurs qui ne sont pas issus de l'immigration auraient-ils le droit de chanter des textes aussi scandaleux soient-ils sans être censurés ? En revanche, on s'accordera davantage avec lui sur le fait que « la banalisation n'est pas forcément une bonne chose ». Se pose indirectement une question essentielle : Faut-il poser des limites à l'art ? La musique doit-elle faire l'objet d'une censure ?

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