On réduit bien trop souvent ce que l'on appelle la "crise du disque" à la baisse continuelle et toujours plus forte des ventes d'albums. Un bilan sur plusieurs années qui se vérifie en France mais également dans le reste du monde. Seulement, le véritable problème concerne la nouvelle conception de luvre par le public. Lorsque l'on ne paye pas un titre, ou même un album, ce sont les auteurs et le circuit de distribution qui ne sont plus rétribués. Autrement dit, le téléchargement illégal pose le problème de la commercialisation d'une uvre, mais aussi de la conception d'un morceau, consommé à outrance avant d'être jeté. Les offres en téléchargement légal sont bien moins intéressantes, et le public, pour lequel luvre devient virtuelle, préfère télécharger illégalement puisque la musique reste la même, et devient disponible à moindre coût. Le gouvernent a bien tenté de mettre fin au téléchargement illégal en légiférant. Mais trop tard : la loi Hadopi de 2009 n'y changera rien.
Les Français ne sont pas sensibles à cette cause, en témoigne un récent sondage édité par linstitut d'études GFK qui démontre que l'on ne souhaite plus acheter sa musique au profit du streaming, légal ou illégal, bien plus simple et moins onéreux. Pour les néophytes, le streaming est la mise à disposition par des plateformes d'un catalogue musical très étendu. L'internaute peut écouter n'importe quel titre, vieux ou récent, à l'aide un simple clic. Pourquoi payer quand on peut écouter de la musique en continu de manière légale (ou illégale) ? C'est le problème que posent des sites internet tels que Spotify et Deezer. 51% des internautes préfèrent aller écouter la musique sur ces sites plutôt que de l'écouter suite à un téléchargement. De plus, 61% des personnes interrogées écoutant de la musique en streaming se contentent de loffre gratuite, qu'elle soit légale ou non.
Ce sondage ne fera qu'attiser les revendications des Majors qui voient dans le streaming une perte de profit très importante, d'autant plus que l'ère du numérique est l'avenir de la musique. Ainsi Universal a contraint Spotify et Deezer à limiter les temps d'écoute sur leur site. Sur le premier, ce n'est plus 20 mais seulement 10 heures d'écoute dans le mois qui sont autorisées, d'autant qu'un titre ne peut plus être joué plus de 5 fois. Si Deezer n'a pas encore limité le nombre d'écoutes d'un titre, ce sont seulement 5 heures par mois de l'ensemble du catalogue qu'il est désormais possible d'écouter. Des ajustements insuffisants pour Universal qui attaque la plateforme française en justice, officiellement pour des droits d'auteurs. Néanmoins, nombreux sont les artistes à se satisfaire du streaming : sans ces plateformes, leurs chansons n'auraient jamais été diffusées et écoutées car l'internaute n'aurait pas pris le risque de l'acheter. Enfin, les grands gagnants du streaming sont bien évidemment YouTube et Dailymotion, qui ont encore de beaux jours devant eux.