Le déclin de l'industrie du disque a des effets inattendus chez les artistes et modifie les lois de l'offre et de la demande dans ce secteur. Phénomène de plus en plus récurrent, nombreux sont les musiciens et artistes qui n'hésitent plus à faire commerce de leur travail auprès des publicitaires pour des spots, des bandes annonces ou encore des séries télévisées. «
Dans les années 70, cette option aurait été inenvisageable pour la plupart des groupes de rock. Aujourdhui, le marché de la musique est si catastrophique que beaucoup nont plus le choix. », analyse Olivier Cauchon, créateur d'Organic Music, entreprise spécialisée dans le management des artistes. A la clef, en plus de la contrepartie financière, une exposition médiatique supplémentaire, l'assurance que la chanson choisie sera entendue régulièrement et qui sait, contribuera à en augmenter les ventes... Pour illustrer ce phénomène, qui de mieux que la jeune chanteuse folk Yaël Naïm ? Son titre "New Soul" reprit par Apple dans son spot pour le Mac Book a fait le tour du monde, braquant les projecteurs sur sa carrière naissante, et entrainant le succès que l'on connaît aujourd'hui. Autre exemple éloquent, le titre "Hey You" de
Pony Pony Run Run repris comme coming-next (jingle) du Grand Journal une semaine durant. Bingo ! Le clip enregistrait par la suite un total de 6 000 000 de vues sur Youtube. Une belle opération marketing pour les nantais qui ont, depuis, reçu la Victoire de la Musique de la révélation de l'année en 2010. (Lire également
notre article sur Sinclair qui collabore avec TF1 pour une série TV.)
Faut-il y voir là une planche de salut pour l'industrie musicale ? Pas sûr. Tout d'abord, il peut être réducteur pour un musicien de voir son uvre réduite à un simple «
c'est la chanson de la publicité pou le jambon ! ». A l'époque où John Lennon composait "Imagine", on est en droit de douter qu'il envisageait que ce titre serait utilisé pour aider à vendre une Citröen. De plus, ces collaborations représentent parfois une perte de liberté pour l'artiste, une dépossession de son travail. Morceaux coupés au montage, retravaillés, réarrangés, le compromis est de mise, mais qui ne semble pas freiner les principaux intéressés, de plus en plus nombreux à recourir à ce commerce offrant pourtant très peu de débouchés comme l'explique Damien Litaud, gérant de Last Exit Records, à qui nous laisserons le mot de la fin : «
Il serait utopique de croire que lon peut vivre en composant exclusivement pour des publicités, car la concurrence est rude et le sera de plus en plus. ».
Avez-vous déjà acheté un titre (ou un single) suite à un passage dans une pub ou une série TV ?