Il a une voix scénique proche de celle d'un Freddy Mercury ou d'un Matthew Bellamy de Muse. La voix. Les envolées. Et l'ambiguïté. Pour ce qui est du reste, il manque à son groupe, Mars Avenue, les chansons qui pourraient lui permettre de séduire les radios. "Le Roi" et "El' Tango", les deux premiers singles issus du disque de la formation de Mickels Réa étant passés inaperçus, on aurait tendance à croire qu'une jolie ballade pourrait bien changer la donne. Et elles sont plutôt nombreuses au sein de son répertoire, notamment l'excellente "Demoiselle" (très tendre, à l'aérienne mélodie) ou la chanson dédiée à son grand-père "Au pied des dunes". Car force est de constater, après l'avoir applaudi au Café de la Danse de Paris le 28 mars dernier, que c'est dans ce genre que le jeune homme se révèle être le plus touchant, le plus troublant aussi. Ses états d'âmes amoureux ("Parasite"), doublés d'une nostalgie sur certains morceaux ("N'aies-pas peur" «
ferme les yeux .../... le temps notre ultime assassin », "Les gens seuls" au troublant «
à jamais » final) nous touchent en plein cur.
Mike est trop solaire et lumineux pour convaincre totalement dans un registre sombre.
Malgré tout, si le côté obscur du jeune homme n'est pas instantanément décelable, il se dessine aux yeux et aux oreilles d'un public plus attentif. Mike a ce quelque chose de bipolaire, naviguant entre le yin et le yang. Une évidente dualité que l'on perçoit (pour ceux qui ferait plus qu'entendre) notamment sur "Jeux d'enfants" (à l'écriture très Zazienne) ou sur l'ironique "La vie est belle" (aux puissants arrangements), lui servant à jouer aussi sur l'ambiguïté sexuelle (une main au cul de son bassiste, un quasi sensuel strip-tease en plein concert) ou sur son côté trash assumé - extrêmement grimé sur scène, à l'instar de ses illustres ainés sus-cités (on comprend aussi pourquoi le chanteur fut à deux doigts de convaincre la production de l'opéra-rock "Mozart", coiffé au poteau par Mikelangelo Loconte, présent au Café de la Danse).
Car Mickels Réa chante indéniablement bien, utilisant une parfaite technique vocale (au delà de son coffre et de ses aiguës), au service de nombreux cassages d'harmonie et de dissonnances, entouré d'un quatuor rock des plus énergiques, composé de David Ozguler à la guitare, Erwan Jaffré à la basse, Clément Moraux à la batterie, et Karim Medjebeur aux claviers. A la fin du concert, l'artiste présente ses derniers sur un pont jazzy dénotant du reste (mais pourquoi pas ?), puis interprète deux duos : l'un avec la chanteuse native de la Nouvelle Orleans
Nicole Slack Jones, une reprise du somptueux "Hallelujah" (créé par Leonard Cohen en 1984, et popularisé dix ans plus tard par un chanteur rock, le défunt Jeff Buckley), et l'autre avec Marlène Schaff (sa première partie) sur "Roseanne", un inédit en anglais écrit par cette dernière pour Mars Avenue, sur une mélodie magique.
"L'ironie du sort" ? Vainqueur de l'ultime saison de "Star Academy" il y a bientôt trois ans, Mickels Réa n'a pour autant toujours pas publié son premier album. Un disque qu'il espère live à présent, pour coller plus encore à l'univers défendu sur scène par Mars Avenue, et à ce que sont devenus ses «
rêves en noir et blanc ». Que le public puisse le suivre, «
Please », pour ce qu'il est et non pour l'image qu'il a été.
Crédit photos : Sandra Laplanche.