En moins d'une génération, Titeuf est devenu un personnage populaire dont les aventures se destinent aussi bien aux enfants qu'aux adultes. Dans la continuité de son uvre, c'est désormais un film qui sera prochainement dans les salles de cinéma français, devancé de quelques jours par sa bande originale chantée par quelques artistes de renom tels que Jean Jacques Goldman ou encore Johnny Hallyday.
Vingt ans après la création de son personnage Titeuf, ZEP en propose un long-métrage qui fera son apparition dans les salles obscures le 6 avril. Après la bande-dessinée et le dessin-animé, c'est donc sur grand écran, et en musique, que ZEP dévoile l'univers de celui qu'il appelle sans complexe son « bébé ». La bande originale de ce film (en bacs le 21 mars), occupant une place de premier ordre, est l'occasion pour des artistes francophones et internationaux populaires de se retrouver. Nous sommes allés à la rencontre de ZEP pour savoir comment la collaboration avec Johnny Hallyday, Jean Jacques Goldman, James Blunt et Grégoire, parmi d'autres, s'était déroulée.
Rencontre avec ZEP
Quand j'écris les paroles de Titeuf, ce sont aussi les miennes qui sont véhiculées.
Titeuf, c'est vingt ans, un personnage, une BD, un dessin animé, et maintenant un film. Vous participez pleinement à chaque projet en prenant les directives. C'est une envie ou plutôt la peur de déléguer qui vous gouverne ? ZEP : J'aime bien travailler par moi-même. Je suis tout de même très entouré. Pour la musique notamment, je me suis entouré d'excellents artistes très présents tout le long du film. Après, je te dirais surtout que Titeuf, c'est mon personnage. C'est en quelque sorte mon bébé. Son existence tient du miracle selon moi. Je l'ai crée et personne ne sait véritablement pourquoi il rencontre un tel succès. On pourrait tirer de nombreuses théories, bien sûr. Pour moi, la manière de travailler sur ce personnage, c'est de l'ordre de l'intime. Quand j'écris les paroles de Titeuf, où ne serait-ce que ses émotions, ce sont aussi les miennes qui sont véhiculées au travers de ce personnage. En partant de cette idée, lorsque l'on m'a proposé ce film, j'ai tout de suite dit oui, à la seule condition que je sois aux commandes du projet. Pour la musique, c'est exactement la même chose. Je ne suis pas un vrai musicien, donc je ne peux pas la faire dans son intégralité. J'ai quand même pris les choses en main et demandé par moi-même qu'on me propose la musique de Titeuf. J'ai donc besoin de m'entourer de personnes en lesquelles j'ai confiance et qui connaissent Titeuf.
Titeuf continuera pourtant bien d'exister au delà de vous.
Non, ce n'est pas possible. Il est lié à moi. C'est ma part d'enfance et pas celle de quelqu'un d'autre. C'est aussi pour cette raison que je ne peux pas industrialiser Titeuf : je ne peux pas expliquer qui est Titeuf à d'autres personnes pour qu'ils le fassent vivre par eux-mêmes.
Pouviez-vous imaginer un film sur Titeuf sans musique ?
Ce qui est sûr, c'est que je ne l'imaginais pas sans musique. C'est inhérent à son univers. J'avais envie qu'il y ait du spectacle, du space opéra, des montres, des cow-boy. L'univers de Titeuf est tout simple : c'est sa chambre, sa classe et sa cour d'école. C'est toute la partie imaginaire du personnage qui permet de développer un projet cinématographique.
J'avais déjà écrit des chansons mais jamais pour des artistes comme Souchon et Cabrel.
Et cet imaginaire a été mis en musique par Jean Jacques Goldman, notamment. C'est parce qu'il est l'un de vos amis qu'il était évident de travailler avec lui ?
C'est quelqu'un avec qui j'ai une relation amicale et à qui je fais confiance. Je dirais également que Jean-Jacques est de bon conseil car il ne va pas essayer de tirer quelque chose vers le haut pour servir ses intérêts. Je me suis simplement adressé à lui pour lui demander s'il connaissait quelqu'un pour faire ma musique. A ce moment-là, je ne pensais même pas faire appel à lui et à son équipe. Spontanément, Jean-Jacques Goldman a souhaité travailler sur cette musique. Il m'a véritablement proposer ses services en expliquant qu'il ferait du sur-mesure. C'était également beaucoup plus simple pour moi d'aller voir la production en présentant mon projet sachant qu'il était soutenu par Jean-Jacques Goldman. C'était une très grande expérience pour moi. J'avais déjà écrit des chansons mais jamais pour des artistes comme Souchon et Cabrel. C'est inouï !
Il y a également Johnny Hallyday. C'est une surprise de combiner l'univers de cet artiste avec celui de Titeuf.
La séquence dans laquelle il apparaît, c'était pour moi évident qu'elle ne marcherait que si Johnny incarnait vraiment le personnage. Dès qu'on entend sa voix, on comprend la nature du personnage. C'est lui qui amène çà : cette image de baroudeur qui a tout traversé. Çà ne pouvait se faire que si Johnny acceptait, sinon la séquence disparaissait du film.
La séquence du film a été faite avec Johnny, et pour Johnny. Et sa participation à la B.O est venue ensuite.
La séquence a été écrite dans cet esprit. C'est seulement après que j'ai écrit la chanson avant qu'une équipe la maquette. Tout était fait dans l'esprit du chant de Johnny. Je ne suis pas persuadé qu'il ait été convaincu en entendant ma maquette à moi. Une fois le travail terminé, il a fallu le contacter et attendre sa réponse en croisant les doigts. Il nous a contactés rapidement pour accepter. Ensuite, c'est pour le rencontrer que le temps fut long. A ce moment, il était en pleine tournée. C'était à l'été 2009. Il nous fallait effectivement enregistrer les chansons avant de pouvoir produire les animations dessus. La B.O a été enregistrée il y a plus d'un an et demi en réalité. C'était d'ailleurs entre deux stades pour lui, et juste avant ses problèmes de santé. Ce n'était pas évident et, même si ce fut compliqué, le calendrier tombait bien au final.
Visionnez la vidéo de l'enregistrement en studio de la B.O de "Titeuf" :
L'ensemble des titres a été enregistré en 2009 ?
Non, pas exactement. Ce sont toutes les chansons sur lesquelles il y a de l'animation. La chanson des filles, celle du striptease, de Johnny... Elles nécessitaient d'être enregistrées en amont, tandis que les reste des morceaux, qui ne figure que sur l'album, n'avaient pas besoin d'être prêtes avant. C'est le cas de celle de James Blunt.
James Blunt sur "Titeuf", c'est presque surréaliste. L'alliance entre les deux univers, celui de Titeuf et du chanteur, c'est pour le moins original. J'ajouterais que c'est peut-être inespéré pour ce projet.
Du moment où nous avions déjà Johnny Hallyday, Jean-Jacques, Francis Cabrel, Alain Souchon et Bénabar, c'était beaucoup plus facile d'avoir d'autres artistes. C'est sûr que la maison de disques était davantage prête à nous en proposer. De plus, les timings nous ont été profitables, ce qui n'est pas le cas pour tous les projets, surtout dans la musique.
Que tous les artistes acceptent de chanter sur ce disque, c'était simplement génial.
A l'écoute de la chanson de James Blunt, ce qui est également vrai pour celle avec Alain Souchon, on remarque qu'elles ressemblent beaucoup à celles que ces deux artistes peuvent produire par eux-mêmes. Pourquoi cette volonté de leur proposer des titres qui leur correspondent plutôt que des morceaux plus originaux ?
Pour Blunt, les musiciens ont écrit une chanson pour lui, à la "James Blunt" si je puis dire. C'est une belle mélodie qu'ils avaient déjà mais qu'ils ont amélioré pour qu'elle corresponde à son univers. En ce qui concerne la chanson de Souchon, je l'avais écrite bien avant de lui proposer. C'est une chanson "titeufienne" car elle fait appel à des problématiques propres à mon personnage. Avant même que le film existe, des personnes m'avaient dit que ce titre leur faisait penser à Souchon. C'était donc une évidence qu'il la chante. Cet artiste a un côté enfant qui correspondait tout à fait à l'univers de Titeuf. Il était tout désigné.
Quels artistes étaient pour vous indispensables à cette B.O ?
Tous, chacun leur manière. Ils évoquent tous un aspect du film et du personnage. Ils sont essentiels. Que tous les artistes acceptent de chanter sur ce disque, c'était simplement génial.