Pour bien débuter lannée, Charts in France vous propose un dossier spécial où seront présentés des thèmes qui apparaissent de manière récurrente dans les uvres de vos artistes préférés. On commence sur les chapeaux de roue avec la thématique de "guerre et paix" : ce sont deux concepts qui s'opposent mais souvent mis en parallèle dans les clips et des textes des chansons, et parfois même sur scène. De Rihanna à James Blunt, sans oublier Sheryl Crow, Axelle Red et Jean Ferrat, nous vous en proposons un éventail représentatif.
Beaucoup dartistes ont parlé de la guerre et se sont même tout simplement réunis pour chanter et célébrer la paix. Toutefois, tous ne lévoquent pas de la même manière. Si certains lutilisent comme une image, sans que son sens premier soit compris, d'autres affirment des convictions de manière plus directe. Certains même en font leur combat le temps dune chanson, dun clip ou même sur scène.
Cest avec les mots de Tina Arena que nous entamons cet éventail qui, loin dêtre complet, se veut être une illustration de ce quon peut voir ici et là chez les artistes. Cette chanson, cest "Je mappelle Bagdad". Aussi surprenant que cela puisse paraître, la chanteuse australienne a souhaité nous faire part de son désarroi du conflit armé en Irak qui a repris en 2003. Choquée par les images qu'elle a vues à la télévision, lartiste est en quête de mots pour donner un sens à son émotion, ce quelle trouve à travers ce titre : « On m'appelait la cité pleine de grâce / Dieu comme le temps passe / On m'appelait capitale de lumière / Dieu que tout se perd / Je m'appelle Bagdad, et je suis tombée sous le feu des blindés ».
Regardez le clip "Je m'appelle Bagdad" de Tina Arena (2005) :
Cest sans doute lun de ses meilleurs titres, qui ne marque cependant pas les esprits pour ce quil évoque : le conflit irakien. De même pour Pauline, qui souvenons-nous, chantait tous les maux du monde en 2008 sur le titre "Allo le monde" : « est-ce que tout va bien ? ». « Quen est-il de la paix sereine » sexclame-t-elle sur des images de guerre qui défilent au rythme des notes jouées au piano. Mais là encore, le titre ne marque pas pour cet aspect qui est relayé au second plan. Acte manqué aussi pour Mylène Farmer qui publiait en 1987 le clip "Tristana". Sur fond de révolution bolchevique, elle chante son amour pour un communiste. Des images dépoque présentent les révolutionnaires à lorigine de la guerre civile meurtrière qui sétait produite en 1917. Très intéressante thématique qui là encore est relayée au second plan puisquaucun point de vue nest réellement défendu. Au niveau des images, Rihanna excelle aussi. En 2009, elle publie le clip "Hard" dans lequel elle apparaît en guerrière sexy, mitraillette à la main, parcourant un sol jonché de mines prêtes à exploser. Quel en est le sens, si ce nest que pour laspect esthétique ? Loin de critiquer ces uvres, remarquons quelles sont caractéristiques de cette volonté des artistes dévoquer la guerre, de la présenter sous une forme particulièrement terrible, sans pour autant que limage ou les mots ne fassent électrochocs. Cest ce quon appelle un acte manqué !
En revanche, dautres (et heureusement) y sont arrivés ! A commencer par la reine de la « provoc » : Madonna. Elle évoque elle aussi la guerre en Irak en 2003, mais dune manière beaucoup plus trash. En publiant le single "American Life", elle lance un appel à ses compatriotes américains tout en exprimant son opinion face à la politique de Georges Bush, à qui elle nhésite pas à envoyer une grenade dans son fameux clip quelle même avait censuré.
Visionnez le clip "American Life" de Madonna (2003) :
Elle nest pas la seule à sêtre opposée à la guerre en Irak. La chanteuse Sheryl Crow avait déclaré cette même année « Je ne crois pas en votre guerre, M. Bush », ce qui a le mérite dêtre clair. Elle avait déjà évoqué ses opinions au sujet de la guerre de manière plus général, et ce, à plusieurs reprises. Cest dailleurs sur son deuxième opus éponyme paru en 1996 quon retrouve plusieurs titres évoquant la guerre et la paix, dénonçant à cette occasion la dangerosité de la bombe atomique. Cest ce que lon appelle à proprement parler une artiste engagée. Cest aussi le cas du groupe U2, et de Bono en particulier. Les irlandais se sont illustrés à maintes reprises en dénonçant les dangers de la guerre et en critiquant des décisions politiques pas toujours adaptées aux situations de crise. Avant de se prononcer sur la politique internationale, U2 soccupait déjà de rappeler les dégâts de la politique intérieure, notamment du fameux « samedi rouge » de 1972 avec le titre "Sunday Bloody Sunday", paru en 1983. Pour preuve de son engagement, Bono fut en lice pour recevoir le « Prix Nobel de la Paix » en 2003 et 2005. Plus proche géographiquement, le Kosovo. Cest dans ce pays que le chanteur britannique James Blunt fut envoyé alors quil était engagé dans larmée. Marqué à vie par les atrocités de la guerre, il quitte le front pour se consacrer à sa carrière de musicien en 2002. Son premier opus "Back To Beldam", paru en 2005, contient le célèbre morceau "No Bravery". Cest avec cette chanson quil raconte son expérience de la guerre, l'accompagnant dune vidéo conçue sous forme dun journal.
Visionnez le clip "No Bravery" de James Blunt (2005) :
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Il ny a pas que les artistes internationaux qui sont capables dexprimer leurs opinions. Les francophones sont également nombreux à se désoler des massacres engendrés par la guerre. Citons Axelle Red par exemple. Ambassadrice de lUNICEF depuis 1997, elle se soucie plus spécifiquement du sors des enfants des pays les moins développés. Elle édite la chanson "Pas maintenant" sur lalbum "Face A/Face B" (2002). Assorti dun clip tout aussi solennel que le morceau, Axelle Red déplore la mort tragique des enfants en raison des mines restées cachées dans le sol suite aux combats armés. En 2003, elle est aux côtés de Renaud sur le titre "Manhattan-Kaboul". Ce titre, qui a séduit plus de 500 000 acheteurs, fait de lamour un triomphateur de la guerre. Cette chanson évoque une nouvelle forme de guerre qui marquera sans doute le XXIème siècle : le terrorisme. Dans le clip "Manhattan-Kaboul", les deux artistes ont inclus des images des attentats du 11 septembre 2001. Cest un joli coup de maître pour Renaud et Axelle Red qui parviennent à nous sensibiliser.
Regardez le clip "Manhattan-Kaboul" (2003) :
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Sil est bien un artiste qui sest évertué à sensibiliser la population, cest le chanteur Daniel Balavoine. En découvrant lAfrique au cours de sa première participation au Rallye de Dakar, il comprend le monde dans lequel des millions de personnes vivent. Celui qui « emmerde les anciens militants » sest à de nombreuses reprises exprimé au sujet des conflits armés. Tel un humaniste, il chante des titres comme "Vivre ou survivre" (1982), "Tous les cris les S.O.S" (1985) et "Sauver lamour" (1986) dans lesquels il dépeint la noirceur du monde, accusant la guerre et les politiciens den être les responsables. Nayant jamais mâché ses mots, il suit les traces dartistes plus anciens qui nont jamais tait leurs convictions, Michel Sardou et Jean Ferrat en tête de liste. Pour le premier, c'est la chanson "Les ricains", enregistrée au début de sa carrière en 1967, qui avait fait polémique. Alors même que le Général de Gaulle claque la porte de lOTAN en refusant de participer à la guerre au Vietnam, Michel Sardou rappelle par ce titre que ce sont les américains qui sont venus à notre secours alors que la France était devenue allemande pendant la période doccupation de 1940 à 1944. La chanson "Jaccuse", elle aussi très polémique (présente sur lalbum "La vieille" 1976), entend dénoncer les dérives de lhumanité, la guerre en premier lieu.
Tout comme Daniel Balavoine, Michel Sardou prend directement part à des débats politiques qui concernent des conflits armés, ce qui nest pas le cas de Jean Ferrat qui a toujours préféré prendre des pinceaux pour peindre de grandes uvres, comme "Nuit et Brouillard" en 1963. Rapportant les exactions de la seconde guerre mondiale, il dénonce linsalubrité des camps de concentration et la dureté de traitement envers les juifs, les « asociaux » et les politiciens qui furent persécutés pendant la période de domination nazie.
Écoutez le titre "Nuit et brouillard" de Jean Ferrat :
Tous ces exemples donnent un panel représentatif des moyens dont les artistes usent pour dénoncer la guerre. Sils ont chacun leurs mots et leurs propres images, ils se retrouvent tous sur un point : il faut sauver lhumanité. Pour l'exprimer, ils peuvent faire preuve de provocation, ou tout simplement en chanter la désolation et leurs propres convictions politiques.
Dans notre prochaine thématique, nous nous intéresserons aux incursions de la politique dans les uvres : un sujet bouillant où nous appréhenderons les convictions que les artistes développent dans leurs chansons et leurs clips.