dimanche 09 janvier 2011 16:12

Thématique : Guerre et Paix dans la musique

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Pour bien débuter l’année, Charts in France vous propose un dossier spécial où seront présentés des thèmes qui apparaissent de manière récurrente dans les œuvres de vos artistes préférés. On commence sur les chapeaux de roue avec la thématique de "guerre et paix" : ce sont deux concepts qui s'opposent mais souvent mis en parallèle dans les clips et des textes des chansons, et parfois même sur scène. De Rihanna à James Blunt, sans oublier Sheryl Crow, Axelle Red et Jean Ferrat, nous vous en proposons un éventail représentatif.


Beaucoup d’artistes ont parlé de la guerre et se sont même tout simplement réunis pour chanter et célébrer la paix. Toutefois, tous ne l’évoquent pas de la même manière. Si certains l’utilisent comme une image, sans que son sens premier soit compris, d'autres affirment des convictions de manière plus directe. Certains même en font leur combat le temps d’une chanson, d’un clip ou même sur scène.

C’est avec les mots de Tina Arena que nous entamons cet éventail qui, loin d’être complet, se veut être une illustration de ce qu’on peut voir ici et là chez les artistes. Cette chanson, c’est "Je m’appelle Bagdad". Aussi surprenant que cela puisse paraître, la chanteuse australienne a souhaité nous faire part de son désarroi du conflit armé en Irak qui a repris en 2003. Choquée par les images qu'elle a vues à la télévision, l’artiste est en quête de mots pour donner un sens à son émotion, ce qu’elle trouve à travers ce titre : « On m'appelait la cité pleine de grâce / Dieu comme le temps passe / On m'appelait capitale de lumière / Dieu que tout se perd / Je m'appelle Bagdad, et je suis tombée sous le feu des blindés… ».

Regardez le clip "Je m'appelle Bagdad" de Tina Arena (2005) :


C’est sans doute l’un de ses meilleurs titres, qui ne marque cependant pas les esprits pour ce qu’il évoque : le conflit irakien. De même pour Pauline, qui souvenons-nous, chantait tous les maux du monde en 2008 sur le titre "Allo le monde" : « est-ce que tout va bien ? ». « Qu’en est-il de la paix sereine » s’exclame-t-elle sur des images de guerre qui défilent au rythme des notes jouées au piano. Mais là encore, le titre ne marque pas pour cet aspect qui est relayé au second plan. Acte manqué aussi pour Mylène Farmer qui publiait en 1987 le clip "Tristana". Sur fond de révolution bolchevique, elle chante son amour pour un communiste. Des images d’époque présentent les révolutionnaires à l’origine de la guerre civile meurtrière qui s’était produite en 1917. Très intéressante thématique qui là encore est relayée au second plan puisqu’aucun point de vue n’est réellement défendu. Au niveau des images, Rihanna excelle aussi. En 2009, elle publie le clip "Hard" dans lequel elle apparaît en guerrière sexy, mitraillette à la main, parcourant un sol jonché de mines prêtes à exploser. Quel en est le sens, si ce n’est que pour l’aspect esthétique ? Loin de critiquer ces œuvres, remarquons qu’elles sont caractéristiques de cette volonté des artistes d’évoquer la guerre, de la présenter sous une forme particulièrement terrible, sans pour autant que l’image ou les mots ne fassent électrochocs. C’est ce qu’on appelle un acte manqué !



En revanche, d’autres (et heureusement) y sont arrivés ! A commencer par la reine de la « provoc » : Madonna. Elle évoque elle aussi la guerre en Irak en 2003, mais d’une manière beaucoup plus trash. En publiant le single "American Life", elle lance un appel à ses compatriotes américains tout en exprimant son opinion face à la politique de Georges Bush, à qui elle n’hésite pas à envoyer une grenade dans son fameux clip qu’elle même avait censuré.

Visionnez le clip "American Life" de Madonna (2003) :


Elle n’est pas la seule à s’être opposée à la guerre en Irak. La chanteuse Sheryl Crow avait déclaré cette même année « Je ne crois pas en votre guerre, M. Bush », ce qui a le mérite d’être clair. Elle avait déjà évoqué ses opinions au sujet de la guerre de manière plus général, et ce, à plusieurs reprises. C’est d’ailleurs sur son deuxième opus éponyme paru en 1996 qu’on retrouve plusieurs titres évoquant la guerre et la paix, dénonçant à cette occasion la dangerosité de la bombe atomique. C’est ce que l’on appelle à proprement parler une artiste engagée. C’est aussi le cas du groupe U2, et de Bono en particulier. Les irlandais se sont illustrés à maintes reprises en dénonçant les dangers de la guerre et en critiquant des décisions politiques pas toujours adaptées aux situations de crise. Avant de se prononcer sur la politique internationale, U2 s’occupait déjà de rappeler les dégâts de la politique intérieure, notamment du fameux « samedi rouge » de 1972 avec le titre "Sunday Bloody Sunday", paru en 1983. Pour preuve de son engagement, Bono fut en lice pour recevoir le « Prix Nobel de la Paix » en 2003 et 2005. Plus proche géographiquement, le Kosovo. C’est dans ce pays que le chanteur britannique James Blunt fut envoyé alors qu’il était engagé dans l’armée. Marqué à vie par les atrocités de la guerre, il quitte le front pour se consacrer à sa carrière de musicien en 2002. Son premier opus "Back To Beldam", paru en 2005, contient le célèbre morceau "No Bravery". C’est avec cette chanson qu’il raconte son expérience de la guerre, l'accompagnant d’une vidéo conçue sous forme d’un journal.

Visionnez le clip "No Bravery" de James Blunt (2005) :
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Il n’y a pas que les artistes internationaux qui sont capables d’exprimer leurs opinions. Les francophones sont également nombreux à se désoler des massacres engendrés par la guerre. Citons Axelle Red par exemple. Ambassadrice de l’UNICEF depuis 1997, elle se soucie plus spécifiquement du sors des enfants des pays les moins développés. Elle édite la chanson "Pas maintenant" sur l’album "Face A/Face B" (2002). Assorti d’un clip tout aussi solennel que le morceau, Axelle Red déplore la mort tragique des enfants en raison des mines restées cachées dans le sol suite aux combats armés. En 2003, elle est aux côtés de Renaud sur le titre "Manhattan-Kaboul". Ce titre, qui a séduit plus de 500 000 acheteurs, fait de l’amour un triomphateur de la guerre. Cette chanson évoque une nouvelle forme de guerre qui marquera sans doute le XXIème siècle : le terrorisme. Dans le clip "Manhattan-Kaboul", les deux artistes ont inclus des images des attentats du 11 septembre 2001. C’est un joli coup de maître pour Renaud et Axelle Red qui parviennent à nous sensibiliser.

Regardez le clip "Manhattan-Kaboul" (2003) :
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S’il est bien un artiste qui s’est évertué à sensibiliser la population, c’est le chanteur Daniel Balavoine. En découvrant l’Afrique au cours de sa première participation au Rallye de Dakar, il comprend le monde dans lequel des millions de personnes vivent. Celui qui « emmerde les anciens militants » s’est à de nombreuses reprises exprimé au sujet des conflits armés. Tel un humaniste, il chante des titres comme "Vivre ou survivre" (1982), "Tous les cris les S.O.S" (1985) et "Sauver l’amour" (1986) dans lesquels il dépeint la noirceur du monde, accusant la guerre et les politiciens d’en être les responsables. N’ayant jamais mâché ses mots, il suit les traces d’artistes plus anciens qui n’ont jamais tait leurs convictions, Michel Sardou et Jean Ferrat en tête de liste. Pour le premier, c'est la chanson "Les ricains", enregistrée au début de sa carrière en 1967, qui avait fait polémique. Alors même que le Général de Gaulle claque la porte de l’OTAN en refusant de participer à la guerre au Vietnam, Michel Sardou rappelle par ce titre que ce sont les américains qui sont venus à notre secours alors que la France était devenue allemande pendant la période d’occupation de 1940 à 1944. La chanson "J’accuse", elle aussi très polémique (présente sur l’album "La vieille" – 1976), entend dénoncer les dérives de l’humanité, la guerre en premier lieu.

Tout comme Daniel Balavoine, Michel Sardou prend directement part à des débats politiques qui concernent des conflits armés, ce qui n’est pas le cas de Jean Ferrat qui a toujours préféré prendre des pinceaux pour peindre de grandes œuvres, comme "Nuit et Brouillard" en 1963. Rapportant les exactions de la seconde guerre mondiale, il dénonce l’insalubrité des camps de concentration et la dureté de traitement envers les juifs, les « asociaux » et les politiciens qui furent persécutés pendant la période de domination nazie.

Écoutez le titre "Nuit et brouillard" de Jean Ferrat :


Tous ces exemples donnent un panel représentatif des moyens dont les artistes usent pour dénoncer la guerre. S’ils ont chacun leurs mots et leurs propres images, ils se retrouvent tous sur un point : il faut sauver l’humanité. Pour l'exprimer, ils peuvent faire preuve de provocation, ou tout simplement en chanter la désolation et leurs propres convictions politiques.

Dans notre prochaine thématique, nous nous intéresserons aux incursions de la politique dans les œuvres : un sujet bouillant où nous appréhenderons les convictions que les artistes développent dans leurs chansons et leurs clips.
Visionnez le clip "Hard" de Rihanna (2009) :

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