dimanche 03 mars 2013 10:00

Après "The Voice", Chris Keller se confie : "J'ai très mal vécu la notoriété avec G-Squad"

Vous l'avez peut-être reconnu dans "The Voice : la plus belle voix", Chris Keller, ancien membre du boys band G-Squad, a tenté sa chance dans le télé-crochet mais n'a pas séduit les coachs. Avec le sourire et beaucoup de recul, le chanteur a accepté de revenir sur les coulisses de son audition, l'aventure G-Squad, la notoriété, ses relations pas toujours évidentes avec les autres membres et ses projets musicaux.
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Bonjour Chris. Pourquoi avoir tenté l'aventure "The Voice" ?
En fait, on m'a proposé de faire plusieurs fois des télé-réalités, des télé-crochets, comme "Secret Story", la "Star Ac" et une autre je crois, mais ça me convenait pas car je trouvais ça pas très représentatif de l'artiste, y'avait toujours un truc qui me dérangeait. J'ai des amis qui ont fait "The Voice" l'année dernière, des supers chanteurs qui ont aussi été recalés, et du coup de ce que j'en avais entendu… Je dois dire que pour l'avoir vécue, c'est vraiment une super expérience par rapport à la production qui gère l'émission. J'étais super étonné.

Pourquoi ?
Je pensais que ce serait beaucoup plus business, et pas du tout ! La prod est aux petits oignons. Je n'avais jamais vu ça. Et j'ai la fierté d'être arrivé jusque-là, car il y a quatre castings différents, si on compte le premier casting qui est sur bande, on envoie une démo avec des titres originaux. Et ça les gens ne le savent pas. Le directeur de casting à qui on envoie les bandes est sur plein de projets différents, j'avais déjà envoyé pour Mozart l'Opéra Rock et il me connaissait de G-Squad. Donc à la base j'ai envoyé ma bande pour autre chose, la comédie musicale Robin des Bois, et ils m'ont appelé en août dernier pour participer à l'émission. Donc quand on arrive sur le premier prime, il n'y a que des bons chanteurs. Je suis fan des chanteurs, des voix. Et puis j'ai rencontré un coach vocal formidable. Ça m'a fait plaisir de voir autant de talents en France.

Avant le prime de "The Voice", il y a quatre castings différents
Comment tu as vécu ton audition, et donc ton élimination ?
C'est dur parce que ça bouscule un peu l'égo. Mais c'est bien parce que j'ai compris que dans l'échec on comprend pourquoi on devient premier. Et l'ambiance aussi. Quand on est dans les loges, là il y a un concert de soul, à côté les nanas jouent à la guitare. J'ai vécu une super expérience. Après il y a un principe de jeu, il y a une stratégie de chacun des coachs dans les équipes qui est toute simple : s'ils ont déjà un chanteur dans une catégorie, en l'occurrence la mienne dans le registre à voix, plutôt pop-jazz, ils ne vont pas en prendre un autre. Quand on arrive le quatrième jour sur cinq, c'est d'autant plus difficile… Donc mon choix de chanson était ridicule.

En même temps, tu ne pouvais pas le savoir…
Non je ne pouvais pas le savoir mais je pouvais me dire en toute logique... Quand l'émission s'appelle "The Voice", comme j'ai réagi moi, on essaie d'envoyer une chanson de performer. Mais en fait, c'est pas ça qu'il faut faire. Il faut aller dans l'émotion, j'ai la chance de pouvoir faire à peu près ce que je veux avec ma voix de tête, donc j'aurais dû faire ça. Je regrette pas du tout, ça a été un moment super intense, avec un super orchestre, et en plus j'suis content de ma prestation. Mais on est tributaire de plein de choses : le jour du prime auquel on passe, la personne après qui on passe parce que c'est tellement rapide que les coachs sont encore dans l'émotion de celui d'avant, et c'est ce qu'il s'est passé avec moi. Mais je comprends car j'ai déjà été juré dans "Disney Channel Talent", et c'est un exercice qui est pas évident. Si je suis amené à refaire "The Voice" l'année prochaine, je ne sais pas si ce sera possible, je serai beaucoup plus prévoyant. Mais le principal c'est que je suis content de ma prestation, je pense pas que j'aurais pu faire mieux.

J'imagine que c'était aussi un moyen pour toi de ne pas être jugé sur ton visage que l'on reconnaît et donc vis-à-vis de tes expériences passées, comme G-Squad?
Bien sûr, c'est pour ça que ça m'a intéressé, c'est parce qu'on ne me voit pas. Que les gens ne soient pas influencés, ni en bien ni en mal.

Dans "The Voice", on est tributaire de plein de choses
Et les coachs t'ont reconnu ?
Je sais pas, dans le sens où c'est très rapide. Ils se sont tous retournés à la fin, ils m'ont tous complimenté, sauf Garou qui n'a rien dit. Que ce soit Jenifer, Florent Pagny ou Louis Bertignac, ils m'ont tous félicité sur ma prestation, mais sur l'instant présent ça ne les a pas touchés et en plus je pense qu'ils n'avaient pas besoin de moi dans leurs équipes. J'aurais eu beaucoup plus de chance si j'étais passé le premier jour.

Tu t'es dit que c'était l'occasion de revenir et de recommencer quelque chose ?
Déjà aujourd'hui, le monde des artistes est en pleine mutation. Évidemment, il y a des critiques, il y en a qui disent qu'on essaie de se raccrocher aux branches, ce qui n'est pas mon cas. Après si j'ai l'opportunité dans un truc qui me plaît bien de pouvoir vivre de ma passion, qui est la musique, et de pouvoir refaire des tournées... Parce que c'est ça qui m'intéresse. La notoriété, pour l'avoir vécue, c'est pas ce que je recherche.

Pour quelle raison ?
Parce que c'est pas du tout une fin en soi en fait. C'est sans doute compliqué pour ceux qui veulent la vivre de me voir dire ça. Je leur dis pas de pas le faire, je leur dis « Expérimentez le truc et vous verrez ! », y'en a peut être qui vont y trouver leur compte et ce sera très bien. Moi sincèrement c'était rigolo la première année, et à la moitié de la deuxième année j'ai vite trouvé ça gonflant. Je suis quelqu'un de libre dans ma tête. C'est pour ça que je fais plein de choses dans ma vie, j'ai plein d'activités, je reviens d'un tournage où j'étais cadreur et sound designer. Mais bon maintenant, quand on est amené à faire des tournées, à vivre de sa musique et à vendre des disques, il y a une contrepartie qui est la notoriété. J'ai pas très bien vécu ça la notoriété.

J'ai pas très bien vécu la notoriété
A ce point ?
On ne peut plus faire ce qu'on veut. C'est une prison dorée, moi je suis pas fait pour ça. Mais le contre-poids, c'est qu'on vit de sa passion, on vit bien en plus. On est avec ses potes, on travaille avec des musiciens, on est dans un "bus tour", on voit plein de gens. C'est vraiment un kiff.

A la base, toi tu voulais juste devenir chanteur ?
Je me souviens très bien que quand j'étais plus jeune, bien avant les G-Squad, je voulais faire de la musique, je voulais en vivre. J'étais dans une usine en CFA, j'avais une carrière tout tracée en tant que mouliste. Et ce qui m'a vraiment convaincu c'est que dans l'atelier, tous les mecs qui étaient là c'était pas ce qu'ils voulaient faire. Et la plupart avait envie de travailler dans l'artistique : peintre, chanteur, danseur...

Donc là ça a été le vrai déclic.
Oui, j'ai eu la chance de pouvoir choisir mon chemin, et si j'avais écouté tous les gens qui m'ont dit « Tu y arriveras jamais », j'aurais rien fait, et je regrette pas du tout G-Squad. Ça m'a permis d'avoir l'argent pour pouvoir m'acheter tout le matériel pour devenir sound designer, d'intégrer des équipes de tournage. Ça m'a apporté que du bon. Le seul bémol, c'était cette notoriété. Il y a des codes en fait qu'il faut comprendre. C'est un métier qui est dangereux, au sens propre du terme. La foule c'est dangereux. J'ai failli mourir une fois, à m’accrocher à un collier qui voulait pas se défaire et j'ai failli m'étouffer. On prend une certaine distance avec le public, c'est un des premiers codes qu'on intègre. A un moment donné, c'est fanatique. Elles veulent un bout de peau, une mèche de cheveux.

C'est un métier qui est dangereux, j'ai failli mourir
Avec du recul, est-ce que ça vaut le coup ?
Oui mais c'est le revers de la médaille. Après y'en a qui adorent ça, qui aiment être interpellés au cinéma... Moi non. J'pense que si c'est pas cette année ou si c'est l'année prochaine, si je suis amené à ce que mon album sorte et que ça fonctionne, parce que je suis quelqu'un qui croit en ses rêves... Pour l'avoir vécu, je sais que ça peut fonctionner. Quand on pense que Michael Jordan a été viré de son équipe à l'université... Il n'y a pas de règles. L'important c'est d'être heureux sur le chemin que tu as. Après on a des déceptions, des victoires, c'est la vie.

Et donc après G-Squad, ça a été difficile ?
Mais bien sûr. Et puis il y a de nombreux articles qui parlent de moi en tant que ex G-Squad, mais en tirant toujours vers le bas, genre "le pauvre". C'est ça que j'ai du mal à comprendre. Dans "The Voice", j'ai pris comme une revanche, et je le dis vraiment sans aucune amertume, sur les gens qui pensent que dans les boys band c'était des mecs qui chantaient pas, que c'était que du fake. Ma revanche a été prise dès le premier casting.

Souvenez-vous de "Aucune fille au monde" de G-Squad :



Et c'est une revanche à prendre auprès du public aussi...
Le public encore, il ne sait pas, enfin il peut se douter que dans certains groupes il y avait des mecs qui chantaient pas mais pour le métier c'était important. La plupart des interviews que je donne c'est « Comment tu as pu vivre après G-Squad ? » car pour les gens passer à la télé, être médiatisé c'est exister. S'ils savaient... C'est tellement superficiel. Moi je suis beaucoup plus heureux maintenant que pendant le groupe. Si on arrive à être heureux après, c'est qu'on a fait un grand pas dans la vie.

Pour les gens passer à la télé, être médiatisé c'est exister
Raconte-moi un peu comment tu en es arrivé à faire G-Squad.
En fait, j'ai fait partie d'un premier boys band, bien avant G-Squad et ça a été un échec total. On avait signé, on avait enregistré dans un studio immense, je me suis dit « C'est parti ». Mais deux mois après, tout s'est arrêté, c'est jamais sorti. Mais j'ai pu rencontrer des personnes à ce moment-là qui m'ont permis de faire G-Squad.

Mais pourquoi avoir voulu faire partie d'un boys band ?
J'ai pas autant réfléchi que ça. J'ai juste entendu une annonce qui disait « On cherche des jeunes pour faire groupe de garçons genre New Kids On The Block », c'était la référence à l'époque, les boys band n'existaient pas en France. On connaissait un peu Take That. J'ai envoyé une candidature, je me suis dit "Pourquoi pas ?", mais sans me projeter plus que ça. Moi je voulais faire de la musique, entrer dans une école de musique pour faire des musiques de films. Je me suis dit « Si je fais ce truc là et que je gagne un peu d'argent, ça me paiera les études ».

Donc c'était plus comme un tremplin ?
Oui mais je me posais pas la question. Quand on a la naïveté d'un enfant dans ce qu'on fait, on a plus de chance de réussir, car on n'est pas freiné par nos peurs. On a enregistré deux albums avec des gros producteurs qui sont jamais sortis. Après j'ai fait mon service militaire et un jour on m'a appelé, car je dansais plutôt bien, pour un Dance Machine. Et là j'ai rencontré la personne qui a fait que j'ai fait G-Squad.

Tu as passé un casting ?
Oui j'ai passé un casting, j'ai été pris tout de suite dans le sens où... les autres... J'étais le meilleur chanteur du groupe en fait. Je suis devenu le chanteur-leader.

Ça te gênait d'être le leader du groupe ?
J'ai toujours été leader dans tout ce que j'ai fait, même à l'armée. J'aime bien maitriser un peu le truc.

J'ai fait partie d'un premier boys band
De toute façon, c'était logique, les autres ne chantaient pas beaucoup...
(Gêné) Ça sert à rien de dire ça... Mais oui je t'apprends rien, les autres chantaient pas. Et donc du coup c'était évidemment un avantage, et par rapport aux autres membres du groupes et par rapport aux autres groupes, d'avoir un vrai chanteur. C'est pour ça que ça m'a saoulé quand j'ai entendu à un 20h, un présentateur dire : « Phénomène du moment : les boys band, ou les chanteurs qui ne savent pas chanter » et là on voit ma tronche. De faire "The Voice", c'était une revanche.

"The Voice" n'a pas marché mais si on te proposait de faire un autre télé-crochet, tu accepterais ?
Si ça correspond à mes critères, pourquoi pas. Quand je vois "Nouvelle Star" avec Maurane, les critiques sont plutôt justifiées, ça tient la route. Je le ferai pas, parce qu'en plus tous les contrats qu'on peut signer lors de ces émissions peuvent bloquer des choses. Mais d'avoir déjà connu ça, ça m'a aidé car tout contrat est négociable, je l'ai appris avec le temps.

Donc tu as négocié ton contrat pour "The Voice" ?
Bien sûr, avec mon avocat, car l'émission te propose aussi des avocats mais je préférais avoir le mien. J'ai eu des exigences assez pointues, ils ont accepté. Il faut essayer... Aujourd'hui, j'ai plus peur de rien, j'ai fait un boys band.

Dans G-Squad, les autres ne chantaient pas
Et puis ta participation à "The Voice" pourrait aussi t'ouvrir des portes.
Je sais pas, on verra. Je sais très bien que plein de gens auront l'attitude que j'ai eue quand j'ai entendu des chanteurs passer dans "The Voice" et me dire « Pourquoi ils se sont pas retournés ? Le mec chante super bien ! ». Le niveau est super élevé. Je le prends pas comme un échec, parce que j'ai vécu G-Squad.

Mais forcément quand tu sais que tu vas faire "The Voice" et que tu prépares ton album en ce moment, avec un single qui va sortir, tu te dis que ça va aider...
Aujourd'hui, le talent d'un artiste c'est de savoir bien s'entourer, c'est même plus important que le talent lui-même. Moi je suis pas du tout pour surfer sur la vague d'un truc, Sidney, ma collaboratrice, est beaucoup plus stratège que moi. C'est elle qui a pris les contacts, même pour l'interview d'aujourd'hui. Je suis quelqu'un de très bordélique dans ma tête. Tant mieux s'il se passe quelque chose, mais je veux pas perdre d'énergie pour quelque chose qui peut-être n'arrivera pas. Après un truc, je passe toujours à autre chose. C'est ce qui fait qu'après G-Squad, j'ai pas eu de problèmes, en tout cas de problèmes psychologiques par rapport à une notoriété que j'aurais perdue, une envie de reconnaissance.

Mais tu as forcément vécu des moments compliqués, non ?
Oui bien sûr c'est déstabilisant, ça dépend où tu places tes priorités. Si c'est absolument d'être connu et d'avoir besoin de reconnaissance, parce que tu ne te reconnais pas toi-même, tu peux partir en dépression. Ma priorité c'était d'être heureux. Tout ce qui arrive après pour moi c'était du bonus.

J'avais tout mais je n'étais pas heureux
Tu pensais déjà à l'après quand tu étais dans le groupe ?
Pas autant. Je m'en suis rendu compte, un jour, ça a été déclic. On était à Tahiti, on faisait des dates là-bas, j'étais sur un jet-ski, en face de moi y'avait une carte postale, aucun problème d'argent, j'y étais avec ma nana. Quand tu faisais la liste, tout était parfait, mais pourtant j'étais pas heureux. J'étais pas comblé. On peut avoir les meilleures choses de la vie, si on s'aime pas soi, à l'intérieur de soi-même... Je me suis dit « Ce qui te rendra heureux, c'est pas ce qu'il y a à l'extérieur ». C'est pour ça que j'ai si bien vécu la suite de G-Squad parce que pour moi l'extérieur, au-delà du fait que financièrement c'était plus compliqué et que j'étais plus avec des musiciens en train de faire une tournée, je me suis demandé « Qu'est-ce qui te rend heureux dans la vie ? ». J'ai développé d'autres choses, le bricolage, la peinture, mais pas par dépit.

Donc tu n'as pas eu, comme c'est souvent le cas, un passage à vide ?
Si évidemment. Mais c'est très gratifiant les passages à vide, je les repousse pas. Se dire « Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? ».

Et ça s'est arrêté comment ? D'un coup ?
Non pas d'un coup, ça s'est éfiloché, tranquillement. On a continué à faire des dates... Mais je le savais avant le groupe que ça n'allait pas durer. Je m'attendais pas du tout à ce qu'il y ait une carrière à la Genesis ou Téléphone. J'étais très clair avec moi-même là-dessus.

Tu savais que c'était un pur produit ?
Oui bien sûr, c'était marketing. Même si Lady Gaga c'est un produit aussi, tu sais que c'est fait pour durer. Mais ça veut pas dire que c'est pas bien. Je savais que les phénomènes de mode sont très prisés des gens. Et n'oublions pas que j'avais été dans un boys band avant donc je savais que tout était possible. Et à l'époque ils nous avaient prévenus, parce que c'était des producteurs qui marchaient en développement d'artistes. Ils avaient produit Jeanne Mas, Elsa, Michel Fugain qui étaient, eux, sur la longueur. Ils nous avaient dit « Attention les gars, on n'est pas là pour faire de la longueur ». J'étais très lucide par rapport à ça, les autres non. Y'avait que moi dans le groupe qui avait pris conscience de ça. En revanche, je savais pas que ça allait se terminer aussi tôt. On avait un troisième album qui était meilleur que le précédent, beaucoup mieux produit, plus intéressant, on avait signé les contrats, tout était fait pour que ça continue. Le seul paramètre qu'on avait pas prévu c'était que le PDG du label allait se faire virer. Là, tout est remis en question et les projets qui ne rapportent plus beaucoup d'argent, on les dégage. On a fait partie d'un pseudo licenciement économique.

Je savais pas que ça allait se terminer aussi tôt
Donc le troisième album n'est pas sorti.
Non. On a eu le premier album puis une réédition qui s'est encore mieux vendue. Et après il y a eu "Besoin de vous" qui ne s'est pas vendu du tout, mais qui s'est mieux vendu que les numéros 1 du Top aujourd'hui. Quand je lis que G-Squad était un groupe au succès éphémère, ça me fait rire. On a eu une carrière bien plus florissante et même bien plus longue que certains artistes qui sortent aujourd'hui.

Quel regard tu portes sur le phénomène des boys band qui revient, notamment avec One Direction ou The Wanted ?
Il n'y a rien de bien ou pas bien. C'est normal. Pourquoi les enfants des fans de G-Squad ne seraient pas attirés par un autre boys band aujourd'hui ?

Souvent, on se dit que c'était plus la mode dans les années 90...
Il y a bien les pattes d'eph' qui reviennent. On revoit des nanas qui portent des pantalons taille haute. C'est un cycle... Peut-être que je serais amené dans cinq ans à être juré dans une émission... On sait pas, mais moi je trouve ça très bien.

D'ailleurs Robbie Williams est revenu au sein des Take That. Tu pourrais reformer le groupe ?
On m'a déjà proposé, le tarif était super attractif.

Pour un album, une tournée ?
Une tournée d'été, mais ça s'est pas fait pour plusieurs raisons, des problèmes de sponsors... Il y a deux ans. C'était super bien payé, donc oui j'ai accepté, mais ça ne s'est pas fait.

Et la tournée des années 90, Dance Machine, on vous a proposé de la faire ?
Oui mais non... Ce que j'ai compris c'est que l'appât du gain ne fonctionne jamais. Plusieurs fois on m'a proposé des projets super bien payés mais ça ne me correspondait pas.

On m'a proposé de reformer G-Squad
Tu as des nouvelles des autres membres de G-Squad ?
Tu sais, on était ensemble un peu par la force des choses. Je connaissais Marlon parce qu'on avait fait des photos avant G-Squad pour la presse jeune. C'est le seul avec qui j'ai gardé contact, on se souhaite la bonne année, les anniversaires... Sinon les autres, non. Je sais pas trop ce qu'ils deviennent, je crois que Gérald fait de la peinture, mais je sais pas du tout ce que devient MIKA ou Andrew.

Et pourquoi ne pas avoir sorti d'album depuis, peut-être même juste après G-Squad ?
J'ai sauté sur l'occasion mais on me proposait des textes qui étaient complètement à l'image de ce que je faisais dans le groupe. Or à l'époque je suis sorti du groupe j'avais 27 ans, on n'a plus envie de dire des textes qui sont aussi légers. On a envie de chanter des textes à la Cabrel. Ce qu'on m'écrivait c'était pas du tout ce que je voulais. Donc le contrat que j'avais chez BMG stipulait que j'avais le droit de faire un contrat solo mais ils me proposaient tellement des trucs qui me convenaient pas... Et j'en suis très heureux car j'aurais fait de la merde. C'est pire de faire un album après que de n'avoir rien fait.

Ça te plaisait ce que vous chantiez dans G-Squad ?
Oui. Alors après ça me correspondait pas mais j'étais heureux, ça véhiculait quand même quelque chose de très positif, ça rendait heureux des gens. C'était pas mon univers mais ça faisait plaisir à plein de gens, j'y avais mon compte. Et puis on était dans des super hôtels, chanter dans un Bercy ou un Zénith c'est pas donné à tout le monde.

Justement comment on vit ça quand on a 24 ans, qu'on sort d'un CFA et qu'on remplit Bercy ?
C'est rigolo. En fait, je me suis toujours dédoublé et vu de l'extérieur, et j'ai jamais été blasé. J'ai toujours trouvé ça extraordinaire, avec des yeux d'enfants. Après tout, ce qu'on veut dans la vie c'est s'amuser.

Je n'ai gardé contact avec personne, sauf Marlon
L'entourage a été important pour toi quand G-Squad s'est arrêté ?
J'ai vite compris que mon cercle d'amis était super important, parce que le vrai bonheur c'est les blagues qu'on se raconte entre potes et qui te font te pisser de rire. Tous les boys band du monde ne remplaceront pas ça, toute la notoriété du monde ne remplacera pas ça. Quand on avait quelques jours de libres dans G-Squad, j'mettais mon K-Way que je mettais quand j'avais 12 ans avec la fermeture qui ne se ferme plus parce qu'il y a trop de sel, j'étais en Normandie en sandale sur la plage. Chris des G-Squad ! J'mettais ça et j'allais pêcher les crevettes avec mes parents.

Ça te faisait redescendre sur Terre...
Non, ça me faisait pas redescendre parce que j'étais jamais monté. Ça me gardait dans un truc de famille...

J'imagine que tu étais en décalage avec les autres membres du groupe ?
Oui ça en revanche ça me saoulait quand même pas mal, le décalage qu'il y avait entre moi et les autres. Le fait qu'ils ne prennent pas en considération la chance qu'ils avaient. Mis à part Marlon. Au-delà de la superficialité qu'il peut dégager, c'est un mec très intelligent, qui est opportuniste dans le bon sens du terme. On a fini G-Squad à deux en fait. On nous appelait pour faire des galas, on s'regardait, on s'faisait des clins d’œil. A la base, on n'était plus que trois mais MIKA avait, pareil, pété un peu les cables. MIKA n'acceptait plus de faire des dates pour des sommes...

Moins importantes ?
Pour des sommes qui étaient énormes à l'époque et qui, pour lui, paraissaient dérisoires par rapport à ce qu'on gagnait au départ. Mais moi c'était même pas pour l'argent, c'était pour aller sur scène, pour kiffer. C'était super rigolo.

Si Gérald et Andrew n'étaient pas partis, vous auriez continué encore longtemps ?
Non. La fin ne dépendait pas du groupe, c'était une fin qui était purement liée à l'argent que mettait la maison de disques sur la promotion. Tu peux avoir le meilleur boys band du monde, le meilleur album du monde, s'il est pas promu, il se passe rien. Comme on peut avoir des trucs pourris, super promus, et les gens mangent ce qu'on leur donne.

Regardez Chris Keller chanter dans "Best of comédies musicales" :


Et ton album solo alors, il met du temps à arriver...
C'est pas que je mets du temps, c'est que si tu m'avais posé la question y'a cinq ou dix ans, je t'aurais dit « Je suis en train de sortir mon album ». Je fais plein de choses et quand j'ai du temps, je travaille sur mes chansons, elles évoluent avec le temps, et ça prend le temps que ça prend. C'est pas une fin en soi. Je le fais aussi parce qu'il y a une attente, il y a des fans sur le site qui me demandent. L'album il va se faire, c'est sûr, mais je veux pas le faire pour le faire. J'ai jamais arrêté de faire de la musique. Je me suis inscrit sur une école de musique sur Internet. J'écris aussi, et ça c'est nouveau. C'est un vrai métier, ça ne s'improvise pas.

Quelle est ta couleur musicale aujourd'hui?
C'est pop. A la De Palmas, Josh Groban, Phil Collins... Je me mets pas dans une case, j'vais essayer de faire un truc qui me plaît. En revanche, j'adore tout ce qui est commercial, ce qui reste dans la tête. Après si on atteint l'osmose comme peut avoir Goldman entre le texte, le morceau et le côté catchy de la chanson... C'est magique la musique. Mon single sort très prochainement.

Si c'était à refaire ?
Je ferais exactement la même chose, sans changer une virgule.
Pour en savoir plus sur Chris Keller, visitez son site officiel et sa page Facebook officielle.

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