Medi en interview

En janvier, Medi publiait l'album "You Got Me (Moving)", déjà promu par un premier single original intitulé "How Would You Do It". Difficile en revanche de dire qu'il s'agit de son premier opus car l'artiste en avait déjà publié un cinq ans plus tôt sous le nom de "Medi & The Medicine Show". Derrière un groupe, se cachait en réalité les véritables talents d'un artiste. Proche de Charlie Winston, Medi est un chanteur dont le cœur bat entre Paris, Londres et Los Angeles, ces villes dans lesquelles il a crée son univers. Rencontre avec un artiste entier et sincère.


On se rencontre aujourd’hui dans le Café Justine. C’est un lieu important pour toi puisque c’est là, en quelque sorte, que tout a commencé. (Jonathan Hamard, journaliste)
Medi : Ça fait cinq ans que j’habite à Paris. Dès mon arrivée, j’ai repéré des studios qui sont à deux rues d’ici. C’est un endroit chaleureux où je me sens bien. Il y a beaucoup de groupes qui s'y retrouvent pour jouer de la musique. J’y ai rencontré un ingénieur du son qui s’appelle François Chevalier. C’est lui qui m’a fait venir au Café Justine car c’était la cantine de tout ce petit comité d’artistes. J’ai fait beaucoup d’autres rencontres ici, et, par la suite, des concerts avec des amis. Aujourd’hui, j’organise tous les mois le "Justine Show". C’est un rendez-vous qu’on se donne avec mes amis musiciens. Je propose également une sélection d'artistes pour qu’ils puissent se produire ici : j’ai carte blanche pour faire découvrir des personnes qui ont besoin d’un petit coup de pouce. Ce sont des musiciens qui vivent dans le coin, et même des amis qui viennent du Canada.

Tony Berg a été là pour m’épauler comme un professeur instruit son élève.
Tes repères sont à Paris, mais ce n’est pas en France que tu as enregistré ton premier album solo. C’est aux États-Unis, aux studios de Tony Berg. Comment cette idée est-elle venue alors que tu sembles plutôt bien installé ici ?
Pour être tout à fait honnête, c’est une idée de mon label Atmosphériques. Le patron de la maison de disques, Marc Thonon, m’a proposé cette idée qui m’a d’emblée séduite. C’est quelqu’un qui est passionné de musique. Il a bien sûr des préoccupations financières et la gestion d’une entreprise à régler, mais il n’oublie jamais sa passion première qui est la musique. Il a une connaissance des studios, de la musique et du son qui est très pointue. Après avoir appris à me connaître, il m’a proposé cet enregistrement en Californie. Il aurait très bien pu penser à San Francisco, mais il m'a confié que ma musique lui rappelait cette région d’Amérique. Il connaissait Tony Berg depuis longtemps sans jamais avoir vraiment travaillé avec. Je lui ai fait confiance en acceptant son projet. C’est donc à Los Angeles que nous sommes allés. C’est d’ailleurs une ville qui me plait beaucoup et qui me convient tout à fait selon mon manger qui me le disait il y a encore quelques jours.

Qu’est ce que cette collaboration t'a apporté à toi, personnellement, et à ton album ?
Beaucoup en réalité. J’arrivais dans une période de ma vie ou j’avais mené tous mes projets à bien, et sur tous les fronts. Pour le coup, j’ai mené un seul et même projet pendant plusieurs mois. Tony Berg a été là pour m’épauler comme un professeur instruit son élève. C’est lui qui m’a guidé en m’expliquant là où je faisais des erreurs, là où je me plantais totalement. Il a été un vrai chef d’orchestre sur ce projet. Sa connaissance du métier, des techniques et des instruments, ont indéniablement fait de moi un meilleur musicien. Je n’ai pas de connaissances en matière de technique des outils : je ne sais pas quel micro il va falloir utiliser pour tel ou tel morceau. Ce genre de choses, Tony Berg le sait. On a utilisé sa table de mixage qu’il avait acheté il y a vingt-cinq ans. Sur cette table ont été enregistrés des morceaux de John Lennon. Je n’aurais jamais pu retrouver ce son ailleurs. J’ai appris tant de choses avec lui, notamment que l’instinct peut se révéler être un outil lui aussi. C’est quelque chose qui me va bien car j’ai toujours fonctionné à l’instinct. Nous avons eu une réelle complicité artistique Tony et moi.

Regardez le clip "How Would You Do It" :


Comment présenterais-tu ce premier album ? Qu’est ce qui selon toi le distingue de tout ce que tu as pu produire par le passé ?
Cet album, je le considère justement comme la somme de toutes les musiques par lesquelles je suis passé ces dix dernières années. Je suis quelqu’un de très éclectique : j’écoute beaucoup de choses différentes. Mes premiers amours sont Stevie Wonder et Marvin Gaye… tout ce qui est motown. Après, je me suis plutôt intéressé à la pop des années 90. Je me suis d’ailleurs installé à Londres où j’ai pu m’imprégner de toute cette musique là. J’ai aussi écouté par mal de musiques plus rock… Après être passé par toutes ces périodes là, j’ai essayé de faire la somme de toutes les couleurs qui composent mon univers aujourd’hui. J’espère avoir réussi. En tout cas, il n’est pas fait pour être classé parmi un genre : on ne sait pas trop si c’est un disque de soul, de rock, de ballades pop… C’est une pièce que j’ai voulu unique.

J’ai essayé de faire la somme de toutes les couleurs qui composent mon univers aujourd’hui.
Qu’est ce qui différencie cet album de l'album enregistré avec The Medicine Show ?
L'expérience "The Medicine Show", c'est plus compliqué qu'un album enregistré avec un groupe. Çà n'est pas facile d’expliquer aux gens ce que j’ai voulu faire. Sur ce premier disque signé par The Medicine Show, j’habitais à Londres et j’avais moi-même enregistré presque tous les instruments. L’essentiel du travail venait de ma main, mais je n’ai pas souhaité me présenter comme le seul auteur : je ne voyais pas un disque signé « Medi » parce que je trouvais çà ringard. J’ai eu alors cette idée, qui est sans doute la pire que j’ai eu depuis mes débuts dans la musique, c’est de trouver un nom sous lequel serait répertorié ce disque. Dans "The Medicine Show", on peut tout de même lire mon nom vois-tu. Après mon retour en France, j'ai retrouvé tous mes amis qui m’ont épaulé dans mon travail sur ce premier album. Et c’est vrai qu’à ce moment, nous étions en quelque sorte un groupe bien qu’ils n’aient rien enregistré sur le disque. C’était davantage un moyen de communication autour de ce disque. Nous avons pensé faire un vrai album en tant que groupe, mais il ne s’est jamais fait. Nous nous sommes ensuite séparés sans pour autant se perdre de vue, chacun vacant à ses propres projets. Au lieu de se retourner sur le passé, nous avançons chacun de notre côté pour quelque fois se retrouver. Aujourd’hui, j’assume de jouer plusieurs instruments et signe mon album avec mon prénom.



Et pourquoi Medi c’est un nom moins ringard aujourd’hui ?
Parce que dorénavant, je me dis que certains s’appellent Ray LaMontagne et d’autres Oasis. J’ai grandi et j’assume mon nom. C’est Marc Thonon qui m’a convaincu que mon prénom n’a rien d’original et qu’il conviendra tout à fait à la couverture de mon album.

Charlie Winston, c’est quelqu’un avec qui j’ai envie de poursuivre la collaboration.
Sur ce disque, on trouve quelques collaborations intéressantes. Charlie Winston a signé l’un des textes. C’est une collaboration qui avait été entamée avec la première tournée de Charlie puisque tu avais joué pour lui sur scène. Est-il possible que tu participes à son prochain album ?
La question n’est pas de savoir si j’y participerai, mais simplement de savoir quand et comment. Il est évident que nous travaillerons conjointement sur son prochain album. Ce n’est pas encore enregistré mais en bonne voie. Nous nous connaissons depuis douze ans et nous respectons avec beaucoup d’humilité le travail de chacun de nous deux. Avant même d’être quelqu’un qui sort des disques, Charlie est un vrai musicien et un ami. Nous nous appelons régulièrement, nous avons le même management, la même maison de disques, les mêmes studios, le même tourneur… La seule chose que nous n’ayons pas en commun, ce sont nos emplois du temps. Il ne sera pas évident de nous aménager des moments pour discuter de son projet mais nous ferons en sorte d'échanger nos idées. Charlie Winston, c’est quelqu’un avec qui j’ai envie de poursuivre la collaboration.

De quelle manière penses-tu y participer ?
Pour être honnête, je ne sais pas du tout comment çà va se passer. Je sais qu’il y a beaucoup de chansons qui sont déjà prêtes. Je suis prêt à me tenir disponible pour lui et sa musique. Charlie est très influencé par nos décisions comme lui influence mes projets. C’est pour cela que dire que je fais un album solo, ou lui à l’inverse, est très réducteur car nous les produisons à plusieurs en réalité. Nous nous impliquons énormément dans les projets de nos amis.

Peut-on envisager un duo entre vous deux ?
C’est sûr que çà se fera. Nous avons déjà fait une reprise de Bob Dylan qui avait eu un bon accueil. Maintenant, nous ne faisons pas de plans définis : nous ne projetons pas de faire un duo à l’avance. S’il se fait, c’est parce que l’envie nous prendra et qu’un titre s’y prêtera. Nous avons déjà chanté ensemble sur scène dans la cadre de sa tournée qui vient de se terminer la semaine dernière.



Je pense que c’est le fait d'avoir grandi à Nice qui m’a fait tomber dans le milieu anglo-saxon.
Tu as vécu en Angleterre, tu travailles avec des américains et des britanniques, et ton univers sonne très "british". C’est la raison qui explique le fait que tu aies choisi la langue de Shakespeare plutôt que la langue française ?
Je pense que c’est le fait d'avoir grandi à Nice qui m’a fait tomber dans le milieu anglo-saxon. J’ai commencé à jouer dans des bars du vieux Nice. Ce sont essentiellement des touristes qui les fréquentent, si bien que pour remplir les salles, je devais savoir parler leur langue et leur inspirer quelque chose qu’ils connaissaient et qui les aurait inspirés. J’ai donc commencé par chanter et jouer des morceaux qui caractérisent leur culture. Je suis vite tombé amoureux de la musique anglo-saxonne. J’aime aussi leur langue qui est beaucoup plus directe que la notre. Nous allons utiliser pas mal de tournures pour expliquer quelque chose de simple alors que la langue anglaise est faite de manière à ce que tout soit dit en une seule et même phrase. C’est cet aspect immédiat de la langue anglaise qui va de pair avec mon côté instinctif. Quand j’écris une chanson, c’est un automatisme de choisir la langue anglaise pour m'exprimer. Le fait d’avoir enregistré l’album à Los Angeles a également contribué au choix de la langue. C’est ce qui me permettra de le publier dans plusieurs pays puisque mon travail a été très apprécié dans l’entourage de Tony Berg apparemment.

Serais-tu d’accord à dire que les américains et les anglais sont beaucoup plus droits et professionnels dans leurs projets que les français ? On dit qu’ils sont plus carrés que chez nous.
C’est sûr qu’ils ne sont pas là pour rigoler. Tony Berg m’interdisait de fumer le soir pour que je puisse parfaitement chanter le lendemain. Il y a tellement de disques qui se font là-bas qu’ils n’ont pas le temps de trainer. Ils sont là pour bosser à 8 heures le matin et ne reportent jamais au lendemain ce qui devait être fait le jour-même. C’est un fait qui est très appréciable mais qui ne veut pas dire que je suis allé en Amérique parce qu’il n’y a pas de musiciens compétents en France.

Mais c’est un risque que tu prends en tout cas…
Oui, sauf que cette réflexion aurait pu être valable il y a cinq ans, quand que je commençais ma carrière. Aujourd’hui, je me suis fait une place dans le paysage musical français. Je ne suis plus le petit "frenchy" qui chante en anglais. Au fil des années, les questions autour des mes choix artistiques s’estompent. Je ne joue pas « l’américain » : j’ai des musiciens français qui jouent avec moi et qui sont tout à fait capables de produire les mêmes musiques que les américains avec qui j’ai travaillé.

Sauf que beaucoup vont te découvrir avec cet album. Il sera le premier dans leur esprit…
Peut-être, mais je me rends compte que les médias se souviennent de moi et connaissent mon parcours. On connait ma sphère de travail et ma collaboration avec Charlie. Je n’ai plus besoin de m’expliquer ou de me justifier sur les personnes avec qui je travaille. Je me moque de savoir si les gens se soucient de savoir si je suis authentique ou sincère puisque j’ai fait mes preuves en participant au projet de Charlie Winston. Et puis, je pense aussi que les français sont beaucoup plus ouverts à voir les artistes français triompher dans les pays anglophones. Je peux te citer l’exemple du duo The Do. Ils cartonnent mais ne chantent pas en français et s’exportent. Quand tu écoutes la radio, tu remarques que les artistes français sont de plus en plus nombreux à chanter en anglais sans que çà ne dérange quiconque.



Dans ce cas, pourrais-tu aussi collaborer avec des artistes français dans un avenir plus ou moins proche ?
Oui, carrément. Il y a beaucoup d’artistes qui me plaisent énormément. Je peux te citer Guch, Cœur de Pirate, ou encore Émilie Simon, avec qui j’ai pas mal collaboré d’ailleurs. Je ne dirais pas oui à n’importe qui, c’est sûr, mais tout dépend de l’artiste et de son univers : je n’ai pas l’esprit communautaire.

Avant de savoir écrire des chansons, il faut savoir d’où l’on vient.
Je voulais terminer en te demandant ton avis. Quand on lit tout ce qui est écrit sur toi, tu es comparé à d’autres artistes. On ne t’identifie pas pour ta musique mais pour ceux à qui tu pourrais ressembler. Ça ne te dérange pas ?
Non. Je pense qu’il faut plus qu’un album pour imposer son style. Quand tu débutes, tu es systématiquement comparé aux autres parce que tu débarques avec quelque chose qu’on ne connait pas encore forcément. A partir de là, çà ne me dérange pas, sauf si on me compare à Annie Cordy. Si tu me reposais la question dans quinze ans, je ne réagirais peut-être pas de la même manière non plus. Personne n’a rien inventé. Quand tu écoutes les premiers albums des Beetles, il y a beaucoup de reprises de leurs idoles. Avant de savoir écrire des chansons, il faut savoir d’où l’on vient. Je considère donc ce premier album aussi comme une espèce d’introduction.

Retrouvez l'actualité de Medi sur son MySpace.
Écoutez et/ou téléchargez l'album de Medi, "You Got Me (Moving)" en cliquant sur ce lien.
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