lundi 24 janvier 2011 21:00

Anaïs Delva en interview

Cette semaine, le premier single de la nouvelle comédie musicale de Kamel Ouali "Dracula : l'amour plus fort que la mort" est rendu disponible en bacs. C'est Anaïs Delva qui interprète "1, 2, 3", une chanson écrite par Jennifer Ayache (Superbus). C'est elle qui incarnera le personnage de Lucie à partir du 30 septembre 2011 au Palais des Sports de Paris. Elle a bien voulu nous raconter le parcours qui l'a menée jusqu'à Kamel Ouali pour ce prochain spectacle musical qui, selon elle, ne ressemble à rien de ce qu'on a déjà pu voir sur scène.


Au détriment de toute la documentation sur toi qu’on a pu me donner avant que je te rencontre, j’ai cherché à voir tout ce qui pouvait se dire sur toi. J’ai trouvé une biographie écrite par toi-même et abondamment relayée sur des forums. Tu as donc des fans. J’ai appris également que tu es une habituée des comédies musicales… (Jonathan Hamard, journaliste)
Anaïs Delva : Oui, sur Internet, tu as dû trouver énormément de choses sur moi qui doivent dater ! Effectivement, on parle déjà beaucoup de moi, et notamment pour ma précédente participation à la comédie musicale "Roméo et Juliette", et puis à "Cendrillon" l’année dernière. Je n’étais que doublure du rôle de Juliette Capulet sur la première. Ça m’a pris pas mal de temps entre décembre de l’année 2009 et le mois d’avril 2010. Pour "Cendrillon", j’étais là encore remplaçante. Et puis maintenant, je suis titulaire du rôle de Lucie pour "Dracula".

Le retour de "Roméo et Juliette" a été compliqué.
J’espère pour toi que "Dracula" aura plus de succès que ces deux comédies musicales.
Le retour de "Roméo et Juliette" a été compliqué. Ce n’est pas facile de revenir dix ans après avec un spectacle qui a été dépoussiéré, mais pas suffisamment. Le spectacle n’a pas eu le succès que les gens attendaient. Par contre, pour "Cendrillon", c’est un carton. Je suis partie en tournée pour jouer devant des salles combles. Au Théâtre Mogador, c’était plein à craquer. L’année prochaine, ils repartent sur les routes. Je pense donc qu’il faut bien la différencier du destin de "Roméo et Juliette".

Tu es donc titulaire pour la première fois d’un rôle, d’autant plus que c’est toi qui présente le premier single de "Dracula" : "1, 2, 3". Le public va découvrir cette comédie musicale avec toi. C’est beaucoup de poids sur tes épaules.
Oui. Je suis très contente aujourd’hui. Je t’avoue que lorsque Kamel m’a appelée pour m’annoncer qu’il avait arrêté son choix sur le single "1, 2, 3", j’ai senti que j’allais être soumise à une forte pression. C’est moi qui allait lancer toute cette machine. J’ai eu peur dans un premier temps, mais tout se passe tellement bien. Les conditions sont tellement bonnes que finalement, je me sens à l’aise. Kamel officie sur son cinquième spectacle : il a donc l’habitude et sait où il doit aller. Quant à la chanson "1, 2, 3", elle a quand même été signée par Jennifer Ayache des Superbus. Ce que je veux dire par là, c’est que toutes les conditions sont faites pour que ce lancement se déroule bien.

La maison de disques a contacté Jennifer Ayache pour lui proposer de participer au projet.
C'est ce personnage et cette chanson qui t'ont donné l'envie de participer au projet ?
Quand on a commencé à travailler sur l’album, la maison de disques a contacté Jennifer Ayache pour lui proposer de participer au projet. Elle a tout de suite accepté en précisant qu’elle appréciait particulièrement le personnage de Lucie. Quand on connait ses chansons et sa carrière, on s’aperçoit effectivement que Lucie est un personnage qui correspond bien à Jennifer. A ce moment là, j’étais encore en audition. J’ai entendu la chanson pour la première fois en faisant des essais studios. Je n'avais donc pas encore été choisie.

Déjà là, tu savais que c’était Jennifer Ayache qui avait écrit ce titre ? C’est quelqu’un dont tu connaissais la carrière et que tu appréciais ?
Oui, dès que j’ai commencé les auditions, j’avais été informée que Jennifer avait écrit ce titre. J’aime bien son univers et certaines de ses chansons. Si on reconnait bien que c’est elle qui a écrit le titre "1, 2, 3", c’est qu’elle a son univers. Elle a fait un très bon travail qui correspond tout à fait au personnage de Lucie.

Regardez le premier clip de la comédie musicale "Dracula", "1, 2 ,3" :


Comment le projet t’a-t-il été présenté ?
Le projet était déjà présenté dans le brief d’audition. Il y avait un brief pour chacun des personnages. En passant l’audition, je savais que c’était pour "Dracula" et que je me présentais pour Lucie car je connaissais le personnage. J’avais lu le livre et je connaissais les films. En lisant la description du personnage, j’avais d’emblée pensé à Lucie. On la décrivait comme excentrique, pleine de vie, jeune femme 20/25 ans… C’était de toute façon le rôle que j’avais en vue.

Je suis quelqu’un qui déborde d’énergie.
C’est un personnage qui est aussi représentatif de ta personnalité ?
Il y a de grosses différences et de grosses similarités. Je suis quelqu’un qui déborde d’énergie dans la vie. Je ne supporte pas de rester inactive. L’énergie qu’elle dégage, ce côté pêchu, un petit peu électron libre, c’est tout à fait moi. En revanche, son côté manipulateur et bourgeois ne me correspond pas du tout. En même temps, on ne vit pas à la même époque. La comparaison s’arrête donc là.

Lucie sera très proche du livre de Bram Stoker.
Si l’on reprend le fil de la chronologie : tu passais tes auditions, on t’annonce que tu es prise et tu rencontres ensuite Kamel.
Quand on m’a dit que je ferais Lucie, je savais où je mettais les pieds car pendant les auditions, on passe également des scènes de comédie. Même si le projet est encore en phase de création, on avait déjà les grands axes. Je savais où allait mon personnage. Même si ma Lucie sera très proche du livre de Bram Stoker, le personnage s’inspire également beaucoup du film de Coppola qui est déjà très différent de celui du roman. En y réfléchissant bien, je dirais même que Lucie sera entre les deux : très torturée et romantique d’un côté ; délurée et manipulatrice comme dans le film.

Tu as beaucoup travaillé sur les diverses versions de "Dracula". Tu l’as fait par toi-même ou c’était une recommandation ?
Avant les auditions, je connaissais déjà le film de Coppola. Je l’ai revu plusieurs fois en commençant les auditions. C’est tout à fait normal d’avoir fait ce travail car il faut s’imprégner du personnage pour savoir pourquoi et pour qui on auditionne. J’ai aussi lu le livre plusieurs fois. Il m’accompagne partout : je l’ai même dans mon sac aujourd’hui. Toutefois, le roman n’est qu’une base car Kamel s’en sert comme inspiration : il invente beaucoup de choses qui n’ont rien à voir avec l’histoire originale. C’est surtout avec lui que je parle pour savoir où il veut aller.



Toi qui connais bien les diverses versions de "Dracula". Pourrais-tu me dire ce que le spectacle de Kamel apportera de nouveau ?
Il invente plein de personnages qui n’existent pas et qui sortent de sa tête. Pour ce spectacle, Kamel revient à ses premiers amours qui sont la danse et la chorégraphie. Du coup, le personnage principal, Dracula, ne chantera pas et ne parlera pas. Il s’exprimera seulement par la danse. C’est un gros pari pour Kamel et un gros travail pour son interprète Golan Yosef. Autour de lui, il fallait faire avancer l’intrigue avec d’autres personnages qui parlent et qui chantent. Pour cela, Kamel a crée a un trio de vampires composé de Satine, Mina et Sorci, qui vivent aux côtés de Dracula. On a un autre personnage inventé par Kamel qui est un ange. Il faudra que le public sache se détacher de l’histoire originale car c’est une adaptation libre.

C’est quelque chose qui peut déranger le fait qu’il y ait tant d’invention autour de cette histoire.
Clairement. On le sait. Il y a des fans de "Dracula" : certains aiment les films et d’autres apprécient le livre. Il faut venir avec l’esprit totalement ouvert pour voir ce spectacle. Il y aura beaucoup de choses novatrices jamais vues pour une comédie musicale. Comme Dracula, Mina, qui est le personnage principal féminin, ne chantera pas non plus. On a déjà les deux personnages principaux qui ne chantent pas. Après, il y aura de la magie et même de la 3D relief. On n’a jamais vu çà sur scène pour une comédie musicale. Je pense que c’est important d’avancer avec son temps. Kamel amène indéniablement sa patte et sa créativité pour "Dracula". On aime, ou on n’aime pas, mais il propose. C’est son bébé, véritablement. Il travaille dessus jour et nuit. Notre rôle, c’est d’exécuter. Nous sommes comédiens et interprètes : il nous emmène là où il veut. Tout se passe très bien pour l’instant, l’album est quasiment terminé : il sort le 11 avril.

Kamel est connu pour être exigeant dans le travail. Tu confirmes ?
C’est un grand bosseur. Il déborde d’énergie. Il est exigeant dans ce qu’il veut, dans le résultat qu’il souhaite obtenir. Pour y arriver, il se donne et nous donne les moyens nécessaires. Il nous accorde sa confiance. Pour répondre à ta question, il est exigeant, mais positivement. Ce n’est pas un tyran. En tant que comédien, il faut avoir confiance en son metteur en scène. Je joue le personnage que lui a dans sa tête. Il faut être en étroite collaboration. Pour ma part, Kamel a su montrer au public qu’il est tout à fait capable même si lui pense que rien n’est jamais acquis.

Kamel a su montrer au public qu’il est tout à fait capable même si lui pense que rien n’est jamais acquis.
Tu es interprète. Tu exécutes comme tu dis. Tu n’as pas envie d’aller plus loin et d’être plus autonome ?
Écoute, j’ai en moi ce désir qui est assez atypique et qui étonne beaucoup car les comédies musicales ne sont pas encore entrées dans la culture en France comme dans d’autres pays. Il y a encore quelques jours, j’étais à Londres pour voir des comédies musicales. Je m’en suis mis plein les yeux : c’était génial. Mon premier amour, c’était "Starmania". Du coup, aller plus loin pour moi, ce serait tourner dans une comédie musicale à Londres. Avoir un projet personnel, monter sur scène pour faire un concert, j’adorerais. Ce ne serait pas une fin en soi pour moi. Si j’avais l’occasion de faire un album qui me correspond et qui me plaît, pourquoi pas, mais j’aimerais tout autant courir après les rôles pour jouer dans des spectacles. Après, on n’est pas cantonné dans une case, même si en France, ce n’est pas encore entré dans les mentalités. Toute cette nouvelle génération qui est sur ces spectacles, nous arrivons à montrer qu’on peut juxtaposer les activités. Sofia Essaïdi le fait très bien par exemple : elle est sur plusieurs projets à la fois et réussit ce qu’elle entreprend.

Il y a ceux qui réussissent comme tu dis, mais aussi ceux qui n’y arrivent pas. Je pense qu’en France, certains ont le sentiment que les interprètes de comédies musicales le sont parce qu’ils ne peuvent pas faire plus.
Il y a des gens pour chanter et des gens pour créer. Chacun son métier ! On est des interprètes mais c’est ce qu’on veut. Ce n’est pas toujours facile de jouer plusieurs personnages comme on peut le faire. Si tu me demandes si je suis musicienne, je te répondrais que j’en suis une bien piètre.

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