Bonjour RoBERT, dans quel état d'esprit te sens-tu à quelques jours de la parution de ton nouvel album "Sourde et aveugle", le 17 novembre prochain en bacs (Thierry Cadet, Rédacteur en Chef adjoint) ?
RoBERT : C'est affreux (rires) ! C'est à dire que je ne devrais pas m'en faire puisque de toutes façons je sais que mon album ne passera nulle part, sur aucune radio, ça j'en ai l'habitude (sourire) ! Non, c'est pour mes fans que j'angoisse, vont-ils aimer ce nouvel album ? Vont-ils comprendre ma démarche ? C'est l'horreur, abominable (rires) ! Je suis convaincu de les décevoir, je suis décomposée.
Quelle est cette démarche dont tu parles justement ?
C'est un album beaucoup plus positif que ce que j'ai pu faire auparavant. Tu sais, je reviens de loin, l'année dernière j'ai eu un grave accident, j'ai failli mourir.
Que t'est-il arrivée ?
Mon ventre s'est littéralement ouvert en deux : j'ai eu les intestins et le côlon retournés et perforés. C'est précisément au moment où j'ai écrit "Tout est calme". J'étais sur l'île Maurice et je me suis mise à vomir du noir... je me suis dit : Tiens c'est rigolo ça comme couleur ! (rires). Je ne devrais plus être là. Enfin tout ça m'a permis de prendre conscience que j'avais moins peur de mourir. Ce sont les vivants qui morflent, pas les morts. J'ai beaucoup pensé à la maman de Guillaume Depardieu le mois dernier, car je suis moi-même maman de trois enfants...
Comment justifies-tu le titre de cet opus, "Sourde et aveugle" ?
En fait c'est le terme le plus approprié que j'ai trouvé pour définir le métier dans lequel j'évolue. Au moment de l'album "Six pieds sous terre", j'étais vraiment mal, mais j'ai trouvé la technique pour continuer alors que déjà bon nombre de mes amis artistes avaient déjà arrêté. Je crois que si j'ai fais mon petit bonhomme de chemin, c'est parce que je suis restée sourde et aveugle à tout ce que j'ai pu voir et entendre. Sinon je te jure qu'il y a de quoi devenir fou (rires) ! Tiens, un exemple, après le Café de la Danse, quand j'ai voulu faire l'Olympia, on m'a dit : Mais tu es folle ! L'Olympia est une bien trop grande salle, tu vas perdre de l'argent, tu ne passes pas en radio, personne ne va venir etc. ; et bien il y a deux ans, nous avons rempli la salle bien au delà de nos espérances, alors j'ai bien fait d'avoir été sourde (rires) ! Sinon, je ne serai jamais montée sur cette scène (sourire). J'ai même eu un projet de concert en duos avec quelques artistes tels que Pascal Obispo, Mélissa Mars, Etienne Daho, Michel Laroque, Muriel Robin, qui devait avoir lieu après cet Olympia... et puis finalement c'est tombé à l'eau pour un problème d'assurance.
Pascal Obispo ? Mais on est à mille lieu de ton univers !
Oui je sais, mais j'ai rencontré Pascal lorsque j'étais signée chez Sony. Il est entré dans ce label un an après moi, et nous avons sympathisé. Je me souviens qu'il voulait toujours m'emmener en boite (rires) !
Ce projet pourrait-il un jour se décliner sur un album ? Un "Tribute To RoBERT" ?
(sourire) Je n'en sais rien, pourquoi pas... Ce n'est pas moi qui gère ça, c'est Mathieu (ndlr : Mathieu Saladin, compagnon, compositeur, et producteur de RoBERT)...
Que penses-tu de la place que tu tiens aujourd'hui dans les médias ?
Quelle place (rires) ?! Je n'en ai aucune, on ne me voit nulle part.
En souffres-tu ? Pourquoi ne passes-tu pas d'avantage en radio selon toi ? France Inter, RTL ou Europe 1, des radios dites plus "adultes" ne t'ont jamais programmée ?
Sur France Inter il y a un véto car quelqu'un qui travaille là-bas ne peut pas me blairer, mais je m'en fous. Il y a FIP qui me joue quelques fois...
Penses-tu que l'expansion d'Internet puisse t'apporter un nouveau souffle médiatique ?
Je ne pense pas. On ne s'arrête que sur les choses qu'on aime. Même si je pense que plus tu y es exposé, mieux c'est effectivement. On verra bien. En tout cas je suis assez active au niveau de MySpace, j'y passe pas mal de temps, ne serait-ce que pour y découvrir des artistes.
N'est-ce pas trop difficile d'être sur un petit label, de te produire ?
Oh la la non ! C'était bien pire avant (rires) ! Aujourd'hui au moins je suis libre. Mes fans sont ma maison de disques, ce sont avec eux que je communique, et on se comprend beaucoup mieux qu'avec n'importe quelle major. Ils sont mon petit monde à moi, on est content de se voir. C'est par exemple l'un de mes fans internautes qui me crée actuellement mon prochain costume de scène...
Tu as un parcours assez atypique, tu changes de structure à presque chaque album...
Mais je n'y peux rien (rires) ! Lorsque j'étais chez Tréma, c'était déjà pas mirobolant, on voit ce que ça a donné... (rires), le label a été racheté par Universal, j'ai eu très peur ! Je ne voulais pas y aller, Valérie Zeitoun et Pascal Nègre, je les connais bien, m'ont rendu ma liberté. Pour ce nouvel album, Mathieu m'a encore demandé : On envoie aux majors ?, pour une éventuelle signature. J'ai dit non. Je ne veux pas savoir ce qu'ils en pensent, je veux être indépendante. Alors c'est sûr que c'est plus difficile parce que je n'ai pas de colonnes Morris ou d'affichettes dans le métro, mais je m'en passe. Je fais ce que je veux et je couche avec mon producteur à moindre frais (rires) !
L'éternelle comparaison, souvent trop facile, avec Mylène Farmer ne t'agace-t-elle pas ?
Ecoute, je vais te dire une chose, je ne sais même pas ce que fait Mylène Farmer. Il y a quelques jours, je suis allée sur Internet pour regarder son clip "Dégénération" parce que je lisais ici et là qu'elle battait des records de ventes, et bien je ne trouve pas que ce morceau ressemble à ce que je fais...
"Dégénération" c'est un ovni dans la carrière de Mylène Farmer, mais le reste, les thèmes surtout : la mort, le lugubre, la mélancolie, le côté gothique...
Ah c'est drôle, on m'a récemment dit que j'avais quelque chose de gothique. Je me suis dit : C'est quoi le gothique ?, et je me suis renseignée. C'est vrai qu'il y a quelque chose. Cela dit, Mylène Farmer, même si je ne connais pas ce qu'elle fait artistiquement, a souvent eu des propos très gentils à mon égard, m'a invité sur des émissions, et n'a pas hésité à parler de moi de temps en temps. Pour en revenir à mon univers, je n'arrive pas à le définir. C'est à dire que je n'ai pas de direction artistique spéciale, je fonctionne à l'instinct. J'écris mes textes très rapidement, je ne les choisis pas, je les prends comme ils viennent.
Quels sont tes influences musicales ?
Dr Dre et Eminem. J'aime beaucoup Arno aussi.
Qui est Austyn avec qui tu partages le duo "Le jardin des roses" sur ton nouvel album ?
Austyn c'est justement un chanteur que j'ai rencontré via MySpace. J'ai aimé son univers, sa voix et je lui ai écrit.
Il y a quelque chose de très proche d'Arno dans sa voix justement, et votre clip n'est pas sans rappeler celui de Nick Cave et Kylie Minogue, "Where The Wild Roses Grow"...
Oui c'est vrai. Mais je n'ai pas rencontré Austyn par défaut. J'ai vraiment été séduite artistiquement. Il est même question que notre duo soit le premier extrait de son album à paraitre l'an prochain. Austyn fera également la première partie de mon prochain concert parisien.
Découvrez un extrait du clip "Le jardin des roses" :
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Mais toi, tu proposes actuellement le clip de "Tout est calme" ?
"Tout est calme" est le premier extrait de mon album. Un clip et un single dont personne ne veut d'ailleurs (rires) ! Mais je suis habituée. Par contre "Le jardin des roses" sera uniquement exploité pour la promotion de l'album de Austyn.
Pourquoi ne pas avoir proposé de duo à Arno si tu en es fan ?
Je suis justement bien trop fan pour décrocher mon téléphone et l'appeler.
Julien Doré l'a fait...
Ah oui ? Bon tant mieux pour lui (sourire).
Je pense personnellement que ta reprise de Johnny Hallyday, "Ma gueule" (1979), serait un excellent second single, et te permettrait d'accrocher les programmateurs radios...
Tu crois ? (rires) C'est très gentil, merci.
Ta version amène une vraie seconde lecture au morceau, tout en douceur, alors que Johnny était plus dans la force...
C'est à dire que je crois que c'est là qu'on se rend compte que le texte est très fort. J'avais précisément envie de dire ça à ce moment là, de faire passer ce message, alors je n'ai pas hésité.
Plus fan de la chanson que de l'artiste alors ?
Oui. Même si je n'ai rien contre Johnny.
Est-il au courant de l'existence de cette chanson ?
Je ne pense pas non.
Ton album sera publié en deux versions le 17 novembre prochain : un CD normal, et une version Deluxe avec quatorze instrumentaux et un remix...
Ah bon ? Je n'en savais rien. Il faut dire que c'est Mathieu qui s'occupe de ça et ce doit être une idée à lui alors, il ne m'a rien dit ! Mais en même temps s'il m'en parle avant, il va le regretter (rires) ! On dort ensemble, mais on ne partage pas la même chambre, il y a donc parfois des informations qui filtrent. Ce que je sais, c'est que cinq invitations au concert du 14 février prochain ont été dissimulées dans le nouvel album Digipack... Je vais te raconter une anecdote : un jour j'étais en pleine séance de dédicaces, et un fan est venu me tendre un très bel objet afin que je lui signe. Je lui dit : Oh ! Il est beau ce disque, qu'est ce que c'est ?. Il me répond : «Bah c'est l'édition limitée de votre album, un double CD avec un disque qui contient les clips...». Je n'en connaissais même pas l'existence (rires)...
Pour en revenir à la scène, as-tu des projets ?
Bien sûr ! Je serai notamment en concert acoustique pour la sortie de l'album au Virgin Megastor du Louvre, à Paris, le 15 novembre prochain, puis le 14 février 2009 à La Cigale, toujours à Paris. On n'exclut pas non plus de partir en tournée à travers la France.
Va-t-on retrouver l'intégralité de ce nouvel album sur scène ?
Une grande partie oui, et puis je me réserve aussi quelques reprises cocasses. La fois dernière j'avais chanté "Speeder Cochon", alors cette fois-ci je dois changer (rires) ! Mais je ne sais pas encore, peut être un titre du style "Savez-vous planter les choux ?" ou "Le petit chat est mort"...
Tu es beaucoup plus drôle que tu n'en as l'air...
Sur scène je suis beaucoup moins mystérieuse, c'est sûr. J'aime être proche de mon public.
Vis-tu à Paris ?
Oh la la non (rires) ! Je vis dans le Poitou. J'ai cinq hectares, un âne, des poules ! C'est d'ailleurs à la campagne qu'on a tourné le clip avec Austyn, et on y voit mon âne aussi !
Pour quelles raisons habites-tu retirée ?
Je suis beaucoup plus tranquille, j'aime le calme. Et puis à Paris je ne suis pas à l'aise pour faire mes courses, les gens me reconnaissent. Même avec une perruque ils me reconnaissent ! Un jour j'avais décidé de faire un concert comme ça, dans la rue, à Paris. J'avais mis une perruque, je me suis plantée sur le trottoir et j'ai commencé à chanter. Il y a eu un vrai sitting autour de moi (rires) ! La Police est arrivée, ils nous ont tous virés (rires) ! Pourtant c'est étrange, je chantais Barbara, j'étais bien planquée sous ma perruque, mais non (rires) !
Pour finir RoBERT, où et comment te vois-tu dans dix ans ?
Où ? A la campagne, toujours chez moi. Et comment ? Je crois que j'ai envie de revenir à la danse, car je suis danseuse à la base. Je pense à un spectacle autour de la danse, dans lequel je danserai uniquement. Je ne sais pas trop, c'est encore flou, mais j'y pense (sourire)...
Merci beaucoup, ce fut très agréable.
Merci à toi Thierry et à Charts in France.
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Découvrez le nouveau clip de RoBERT, "Tout est calme" :
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