Fabien Cahen en interview

Fabien Cahen a passé six années au sein du groupe rock Cox. Deux albums plus tard, il revient en solo avec le sien d'opus, "Les marchands de loups", dont le deuxième extrait "Et nous" débarque en radio. Nous avons réalisé une interview et découvert un garçon d'une extrême gentillesse, sincère, disponible, et très lucide.
Charts in France (Thierry Cadet, rédacteur) : Bonjour Fabien, en quelques mots comment definirais-tu cet album "Les marchands de loups" ?
Fabien Cahen : Intime. Parce que je l'ai commencé dans un coin de ma chambre avec ma guitare. Alors même si ensuite on arrange les morceaux, qu'ils passent entre plusieurs mains, qu'on en fait des ballades, de la pop ou du rock; chose que j'aime assez peu faire d'ailleurs, mettre un nom sur ma musique, la classer... les chansons n'en restent pas moins intimes.

Es-tu satisfait de son accueil depuis sa sortie ?
C'est une drôle de questions ça... bon accueil oui, après c'est sûr que ça pourrait être mieux encore. Tu sais, je crois aussi que pour beaucoup je suis un chanteur de rock qui a retourné sa veste parce qu'il fait de la variété, donc de la merde. C'est dommage. Ma musique est pop/rock et je n'ai jamais revendiqué être exclusivement un chanteur de rock.

En ce qui concerne l'accueil public, tu sais que tu as beaucoup de fans sur le Net ?
Je n'ai pas encore Internet... (sourire) j'ai peur de devenir dépendant et je fuis toutes formes de dépendance... Je sais qu'une fan a créé un espace MySpace, une autre un site, mais c'est tout. Cela dit, mon chef de projet me parle constamment d'Internet, il va venir chez moi prochainement pour me l'installer... (rires)

Ne penses-tu pas souffrir aussi d'être pour beaucoup, l'ex-mec de... (ndlr : Fabien et Zazie ont vécu une longue histoire d'amour qui a donné naissance à leur fille, Lola) ?
Oui aussi. C'est vrai que ma vie, mon histoire avec une chanteuse célèbre a pas mal été relatée dans les médias, mais bon... Cette vie, elle m'appartient. Ce sont des sentiments qui m'appartiennent, qui nous appartiennent.

Pour en revenir aux influences de ta musique, tu n'as jamais caché avoir été fan de Jean-Jacques Goldman à tes débuts, tout ça me paraît donc assez cohérent avec ton univers aujourd'hui justement...
Oui, mais il faut bien me coller une étiquette ! (sourire) J'ai beaucoup écouté Goldman à ses débuts, puis ensuite AC/DC, James Browm. Ma mère était fan de Verdi, Chopin, La Callas; mon père c'était plus Nougaro, Ferrat, Eddy Mitchell. J'ai été bercé par tout ça aussi. Par la suite, j'ai découvert le rock dans les années 80, puis Deftones, The Strokes, Blur un groupe que j'aime beaucoup, Anthony Johnson. J'écoute du blues aussi... mais je n'ai, par contre, jamais eu d'influence anglo-saxonne, genre The Beatles, The Rolling Stones.

Et chez les français ?
J'aime bien mon pote Benjamin Biolay, Raphaël, Grand Corps Malade...

Grand Corps Malade ?
Oui. Je l'ai vu récemment sur scène et j'ai dû quitter la salle tellement l'émotion me montait... Il est très fort. Ce mec, il casse les clichés : il est blanc, et ils parlent aux petits rebeus avec beaucoup de passifisme, même s'il dénonce des choses et qu'il a des revendications, c'est normal. Mais ça change parce que c'est dit sans agressivité et le message, qui existe dans chacun de ses morceaux, passe tout aussi bien, sinon mieux. Les choses évoluent.

Zazie ?
Je ne suis pas fan de Zazie, non... par contre je suis très charmé par la femme, très admiratif.

Que penses-tu de son dernier album, "Totem" ?
Je n'adhères pas à tout, mais elle le sait. Tu sais, je l'ai pas mal vécu de l'intérieur, je l'ai écouté avant les autres. C'est à moi qu'elle faisait souvent lire les textes en premier, ou écouter les maquettes. Nous sommes restés très complices.

Le duo avec Zazie, "La passion", a été enregistré avant ou après la rupture ?
Après. La séparation s'est faite très intelligemment.

Accepterais-tu qu'il voit le jour sous la forme d'un single ?
Carrément.

Elle est pas belle la vie ?
Si elle est belle la vie, et pour toi ? (sourire)

Ca va bien, merci ! Est-ce la photo de ta fille Lola sur la pochette du single promo de "C'est beau la vie" le premier titre extrait de ton album ?
Oui, c'est elle.

Penses-tu que la passion puisse être destructive ?
Oui je le pense. Mais en même temps je pense aussi qu'il n'y a pas d'amour sans passion. Du moins au début. Après ça se transforme en choses plus douces, ou pas; mais la passion a toujours été le début des grandes histoires d'amour.

Ce qui me frappe dans tes textes, tels qu'"Après tout" ou "Et nous", c'est que connaissant ton histoire, ils me semblent fortement autobiographiques... Est-ce un exutoire ?
Un exutoire non. Mais mes textes résument la vie d'un mec d'une trentaine d'années, la mienne, avec ses joies et ses peines. Ils sont très sincères en tous cas.

Le titre "Marchands de loups" est dédié à ta fille ?
Oui, il est dédié à Lola. Il faut dire aussi que c'est elle qui a trouvé cette expression que je trouve magnifique. Un soir, elle m'a parlé des marchands de loups. C'était dans son imaginaire. Philippe Uminski en a fait quelque chose de doux, et d'énergique à la fois. C'est exactement ce que je voulais, je ne voulais pas en faire une simple comptine pure. Elle a aujourd'hui un côté Smashing Pumpkins que j'aime beaucoup.

Le "Mea Culpa" tu le fais à qui ?
(sourire) Le Mea Culpa, il est pour moi et pour elle. C'est peut-être toujours un peu con de s'excuser non ? (silence) Oh et puis non je ne crois pas, on est sur la bonne voie en tous cas...

De quoi parles-tu dans "Même si j'en crève" ?
C'est l'auteur David Salsedo, le chanteur des Silmarils, qui a vu une fuite en moi. Tu sais, dans la vie on est toujours en perpétuelle construction, puis déconstruction. C'est son ressenti à lui me concernant et c'est très juste. Autant je ne suis pas fan de tout ce qu'il a fait pour Silmarils, autant quand je lis "Même si j'en crève" ou "Partir seul" qu'il avait écrit pour Dolly, j'adhère totalement.

Ton album se clôture avec "Le premier pas", vers qui le fais-tu ?
Vers la paix.

La paix envers toi-même ?
Oui, et la paix en général.

Avec le recul, quel regard portes-tu sur le groupe Cox ?
De la nostalgie, même si je n'écoute jamais nos albums. Mais cela dit, j'ai pourtant l'impression d'avoir plus construit aujourd'hui avec mon disque solo qu'en six ans avec Cox.

Il y a peut-être la maturité qui joue aussi ?
Peut-être.

Revois-tu les autres membres du groupe ?
Je les revois un peu mais pas trop. Je veux dire par là on ne se fait jamais de bouffes; mais par contre on s'appelle.

Que pensent-ils de ton album ?
Je sais pas.

Vous ne vous êtes pas quittés en bons termes à l'époque ?
Disons qu'il fallait qu'on passe à autre chose, et puis chaque rupture est difficile; elle doit passer ensuite par un passage à vide, c'est normal.

Tu sembles pourtant très attaché aux amitiés; si on lit les remerciements dans ton livret : Mayane, Pierre Guimard, Jérôme Attal...
Oui, je trouve qu'on construit de belles choses en amitié.

Plus qu'en amour ?
Non. On peut avoir la même chose en amour. Je crois beaucoup en l'amour, maintenant. Avec les expériences, on sait ce qu'il ne faut pas reproduire.

Que penses-tu de la nomination de ton pote Pierre Guimard aux Victoires de la Musique (ndlr : "Révélation album") ?
Je trouve ça bien, mais un peu rapide pour lui. Il n'a fait que quelques concerts et un album il y a six mois. Il manque peut-être un peu d'expèrience, et ça peut être dangeureux pour lui. Je regrette de ne pas y voir à ses cotés un mec comme Ben Ricour par exemple. Mais Pierre est mon pote, on est même voisins et on se dit bonjour par nos fenêtres ! (sourire) Je suis très content pour lui évidemment.

Comment s'est passée la "Tournée des aventuriers d'un autre monde" avec Jean-Louis Aubert, Richard Kolinka, Cali, Raphaël, Daniel Darc et Alain Bashung et sur laquelle tu étais guitariste ?
Et sur laquelle j'interprétais un titre aussi. Elle a été magique et éphémère. Une semaine de répèt' et une semaine de concerts, c'est peu. Raphaël je le connais depuis bien avant qu'il signe, c'est un pote, il me faisait écouter ses premiers morceaux. Aubert je le connaissais aussi. Les autres je les ai découverts et j'en garde de très bons souvenirs.

Tu composes beaucoup pour d'autres (ndlr : Pagny, Hallyday, Sol en Cirque...), pour quel jeune artiste aimerais-tu composer ?
Mettre en musique un texte de Grand Corps Malade j'aimerai beaucoup par exemple. Ben Ricour, avec qui on a dernièrement "boeufé" jusqu'à pas d'heure... (sourire) Et puis il y a Eicher avec qui j'aimerai travailler. Je sais qu'il était en studio, mais les maisons de disques placent toujours les compositeurs du moment qui marchent... comme il y a eu Kent un moment, puis La Grande Sophie, Mickey 3D... A la limite je préfèrerai plus qu'on vienne à moi, qu'on m'apporte des textes que je mettrais en musique; même pour moi, pour mon prochain album. J'aime la poésie de Raphaël par exemple.

Et le duo idéal ?
J'aimerai beaucoup chanter avec Calogero, mais aussi Thomas Boulard de Luke, ou je vois bien un duo ovni avec Philippe Katerine ! (sourire)

Pour finir, où pourra-t-on t'applaudir sur scène prochainement ?
Je serai sur divers festivals en mai et juin prochains.

Pour en savoir plus :
www.fabien-cahen.com
www.fabiencahen.net
www.myspace.com/fabiencahen

Charts in France

  • A propos de Pure Charts
  • Mentions légales
  • Publicité
  • Politique de cookies
  • Politique de protection des données
  • Gérer Utiq
  • Nous contacter