"On était trop jeunes" : que deviennent les Poetic Lover ? On a retrouvé le groupe !

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
28 ans après le tube intemporel "Prenons notre temps", les Poetic Lover se reforment pour une tournée, et même des chansons inédites à venir. Jay, Rudy, Rhodes et Dré se confient sur leur séparation, leurs envies avec Poetic, et l'arrivée de nouvelles chansons.
DR
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Pourquoi avez-vous décidé de vous reformer
Jay : Il n'y avait pas de retour de prévu mais il faut savoir qu'on ne s'est jamais lâché, on est des potes d'enfance donc nous sommes fatalement une famille. On a continué à faire des concerts en Afrique, dans tous les pays francophones. Un jour, on a été invités à l'avant-première de "Black Panther", on est arrivé sur scène et il y a eu un véritable déferlement d'amour. Les gens étaient tellement heureux de nous revoir réunis tous les quatre. Ça a été incroyable. On s'est regardé et on s'est dit : "Wow" ! On a compris qu'on avait quelque chose à faire. Ça s'est reproduit plusieurs fois. On avait un sentiment de culpabilité, de honte, un truc de se dire qu'on est des privilégiés. On se devait de rebâtir le groupe pour leur rendre cet amour.

Rudy : On s'est aperçus qu'on a eu la chance de faire partie de la bande-son des 20 ans de ces gens et qu'ils ne nous avaient jamais oublié. A un moment, on a juste pris conscience que c'était une chance. Des gens nous disent aussi qu'ils ne se reconnaissent pas forcément dans la musique d'aujourd'hui. C'est générationnel car mes parents disaient la même chose ! C'est cyclique. Ton tour arrive, passe et il revient.

On s'est séparés, on a grandi, on a mûri
Ces longues années de pause ont été importantes et nécessaires pour vous ?
Jay : Importantes pas forcément mais oui c'est le cours de la vie. On a vécu ce qu'on avait à vivre. On s'est séparés, on a grandi, on a mûri. On a fait le trajet de vie ! Je pense que si on est réunis aujourd'hui c'est pas pour rien. On croit au destin ! C'est vrai que c'est cyclique mais tous les artistes n'ont pas cette chance de pouvoir repartir en tournée en 2025. La musique, c'est un métier difficile. Quand des fans te disent : "On s'est construit sur vos chansons, on s'est mariés sur vos chansons, on a fait des bébés sur vos chansons", ça fait quelque chose. Là, on va retrouver les gens au Casino de Paris le 20 avril. La date s'est remplie à une vitesse folle. Tout cet amour revient et on est plus qu'heureux.

Vous aviez aussi un sentiment d'inachevé ?
Rhodes : Au moment où on arrête, on ne se perd pas de vue, on prend des nouvelles, on suit ce que chacun fait. Il fallait qu'on respire, qu'on prenne un bol d'air... Souffler. On est revenu de nous-mêmes.

Rudy : Oui, en fait, on a eu la chance, et la malchance, de réussir très jeunes. On n'était pas prêts pour le succès. C'est quelque chose à laquelle il faut avoir une forme de préparation, d'éducation presque. On vient d'un milieu modeste, nos parents sont arrivés en France avec rien, ils ont fait de leur mieux. On n'est jamais préparé au succès, à la notoriété, à l'argent, à l'attention constante des gens. On était trop jeunes et ça nous est peut-être montés à la tête pour être honnête. C'est ce qui fait que le groupe a implosé. Et on n'est pas les seuls à avoir vécu ça. On a vécu la vraie vie depuis donc aujourd'hui on se rend un peu plus compte des choses. Et là, le destin nous réunit qu'on le veuille ou non.



Qu’avez-vous fait chacun durant ces dernières années ?
Jay : J'ai eu beaucoup de chance de travailler avec des gens très différents, de grands artistes. Je suis actuellement sur "Notre-Dame de Paris" à l'international. J'ai monté un groupe, les Soul Men, on a fait une tournée incroyable. J'ai une pensée pour Érick Bamy qui nous a quittés... J'ai aussi fait un titre avec Tina Arena. J'ai eu un parcours vraiment top, ça m'a beaucoup enrichi. Mais le vrai Jay, c'est avec Poetic, c'est ma vraie famille, c'est là que je me sens vraiment vivre.

On n'était pas prêts pour le succès
Rudy : On a tous eu des occupations différentes mais inhérentes à nos personnalités. Jay c'est notre numéro 10 ! C'est le performer. Moi je suis plus en coulisses, à faire la musique, à conceptualiser. J'ai fondé le groupe et après j'ai bossé avec beaucoup d'artistes comme M. Pokora, Willy Denzey, Leslie, Amel Bent et bien d'autres.

Rhodes : Moi je suis parti loin de la musique, j'étais plus dans la mode !

Dré : Je suis parti dans le gospel urbain. Je suis très croyant, on a été éduqués dans la foi chrétienne. Je suis retourné à ces sources-là. Dans ce milieu, il y a le gospel, le rap chrétien, le R&B chrétien. C'est ce qui m'a le plus parlé. J'ai fait un EP et pas mal de musique dans ce domaine.

Vous avez annoncé un concert au Casino de Paris, qui a affiché complet très vite, sans promotion...
Dré : On savait qu'on avait le potentiel pour le remplir, on a des gens avec nous qui savent estimer ce qui est faisable, mais quand ça se remplit à vitesse réelle, c'est là qu'on voit que ça se réalise, ça se matérialise. On est surpris par la cadence mais ça nous a fait plaisir !

Jay : Et surtout oui, on l'a fait sans promo ! On savait qu'on pouvait le remplir mais à cette vitesse non. Il y a pas mal de gens qui sont déçus ou tristes car ils n'ont pas eu leur place. Ça nous fait de la peine et en même temps c'est génial. On a ajouté des dates, avec même un Zénith à Paris le 20 décembre mais c'est vrai que c'est incroyable.



Achetez vos places pour les concerts des Poetic Lover sur Ticketmaster et la Fnac !

Comment expliquez-vous votre lien avec le public qui ne vous a pas oubliés ?
Rudy : Comme je le disais un peu avant, on a eu la chance de s'inscrire dans la bande originale de la vie des gens qui avaient 20 ans à l'époque. Et on n'oublie jamais nos 20 ans. On a une espèce de photographie sensorielle de ce qui a constitué nos 20 ans, que ce soit visuel ou auditif. Quand on est amené à recroiser ces éléments, ça fait un effet Madeleine de Proust. En ce moment, il y a une sorte de revival, comme avec les années 80 et les tournées "Stars 80". On voit Larusso partout, des festivals avec des artistes 90...

On a des chansons qui sont prêtes
Avez-vous des chansons inédites de prévues, avec même un album ?
Rudy : C'est une question intéressante. Clairement, la réponse est oui. Mais on va opérer en deux temps. On a conscience qu'on a disparu depuis 25 ans, ce serait compliqué de revenir immédiatement avec des chansons inédites. On doit d'abord célébrer nos retrouvailles avec notre public, et ça passe par ce moment de nostalgie. On veut profiter de cette occasion pour montrer de quoi on est encore capable. Si on arrive à montrer qu'on n'est pas périmé, la suite va s'opérer naturellement. Oui on a des choses qui sont prêtes à arriver !

Jay : On va surfer sur la vague pour proposer des nouveaux titres. Peut-être que ça va plaire, peut-être que non. Quand on te connait depuis des années et que tu veux proposer quelque chose d'autre, ce n'est pas évident donc ça va être le défi !

Rudy : C'est un défi pour tous les artistes : durer dans le temps. C'est difficile parfois pour le public d'accepter l'évolution des artistes. Mais pour durer, il faut évoluer à un moment... On va faire les choses petit à petit, et on aura ce virage à négocier de la bonne manière.

Charts in France

  • A propos de Pure Charts
  • Mentions légales
  • Publicité
  • Politique de cookies
  • Politique de protection des données
  • Gérer Utiq
  • Nous contacter