Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Composé de Renée, Stella et Jorja, FLO est le groupe féminin qui affole la planète R&B depuis quelques années. Alors qu'elles viennent de sortir leur premier et superbe album "Access All Areas", les trois artistes britanniques se confient à Purecharts sur leurs débuts, leur vision de l'industrie, leurs rêves et les artistes français avec qui elles rêvent de collaborer. Interview !
Comment vous êtes-vous rencontrées toutes les trois ? Renée : Alors, Stella et moi on est allées en primaire et au collège au même moment, mais elle était une année avant moi. Donc on était copines mais pas vraiment amies non plus. On a ensuite rencontré Jorja sur les réseaux sociaux. On voulait toutes les trois percer dans la musique et notre ancien manager était, à ce moment-là, à la recherche et au développement chez Island Records. Ils cherchaient à monter un groupe féminin, donc ils voyaient beaucoup de talents et on y est allées ! On a eu beaucoup de réunions, on a été mises dans plusieurs combinaisons différentes. Par exemple, j'étais avec deux filles pendant un jour, et Jorja et Stella ont été réunies avec deux autres filles un autre jour, juste pour essayer de voir qui irait bien dans ce groupe. Et à un moment, ça a été Jorja, Stella et moi.
Et ça a donné quoi ? Renée : Ça a été le feu tout de suite ! (Rires) Et nous voilà toutes les trois devant toi, cinq and plus tard.
C'était un rêve de faire partie d'un girls band ou vous rêviez surtout d'un projet solo ? Renée : Pour moi, ce n'était pas forcément un de mes buts d'être dans un groupe, ce que je voulais c'est surtout de faire de la musique. Donc quand l'opportunité s'est présentée, je me suis dit qu'en fait c'était une très bonne idée, et j'ai eu envie de prendre part à cette aventure de fou.
Stella : Pareil que Renée, je n'avais pas envisagé d'être dans un groupe, mais au final je pense que c'était la meilleure chose possible pour nous trois. C'est génial d'évoluer dans cette industrie tellement flippante avec deux personnes qui vivent la même chose que toi. Et ça a vraiment bien marché entre nous !
Si je voulais percer, c'était forcément dans un groupe
Jorja : De mon côté, j'avais très envie de faire partie d'un girls band parce que j'avais compris que si je voulais percer, ce serait forcément au travers d'un groupe. Aujourd'hui, il y a vraiment beaucoup d'artistes solo, et c'est difficile de se démarquer, tout le monde s'en fout un peu. Et comme il n'y avait aucun groupe féminin dans le paysage musical actuel... En plus, j'ai fait partie d'un autre groupe avant d'être dans FLO. Quand j'ai eu cette opportunité, je me suis dit : "Wow". En fait, j'avais l'impression que l'autre groupe dans lequel j'étais ne me portait pas vers le haut, que ça ne me permettait pas de me développer en tant qu'artiste, donc j'ai sauté sur cette super opportunité et j'ai quitté le navire. (Rires)
Justement, ça a été facile entre vous de former un groupe plutôt que d'être trois personnes dans un groupe ? Renée : Franchement, on a eu de la chance. Déjà, on s'entend vraiment très bien. On a envie d'aller dans la même direction, on a envie des mêmes choses artistiquement parlant. Je crois qu'on a eu aussi une éducation similaire, donc on arrive vraiment à se lier les unes aux autres, on a beaucoup de goûts en commun. Ce sont des choses super importantes pour qu'il y ait une bonne cohésion dans le groupe.
Stella : Oui, quand on entend des choses horribles sur certains groupes, en fait c'est super rare que les membres s'aiment bien ! Et encore plus dans les groupes de filles. On s'aime et on travaille bien ensemble. On sait qu'on est chanceuses.
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C'est quoi vos plus gros points communs et vos plus grandes différences ? Renée :(Elle réfléchit) Déjà, on partage le même amour pour la musique. Et surtout pour le R&B. On aime les mêmes artistes. Et je dirais que notre plus grande différence, ce sont nos goûts en termes de mecs. (Rires) On a vraiment toutes des goûts très différents, et je pense que ça aide réellement quand on y pense !
Jorja : C'est intéressant... Tu trouves qu'on a des goûts différents là-dessus ? C'est quoi ton genre ?
Renée : Moi je n'ai pas vraiment de genre précis...
Stella : Je n'ai pas trop de style précis non plus mais tu as plus un genre que moi je pense. Et Jorja a clairement un type de mecs !
Jorja : Oui, moi je sais quel est mon genre de mecs ! Mais on en parlera plus tard entre nous... (Elles éclatent de rire)
On veut que les choses se fassent naturellement, ne rien forcer
J'ai déclenché un débat on dirait ! Parlons un peu de vos idoles... Parmi elles, il y a les Destiny's Child. Vous avez rencontré Beyoncé, Michelle et Kelly ? Stella : On a rencontré Kelly. Une sur trois ! (Rires) Elle est tellement gentille, si humble. A chaque fois qu'on l'a rencontrée, on a pu discuter avec elle comme une personne normale, elle nous a donné des conseils. Une fois, on était en studio et elle est venue comme ça ! On était super surprises qu'elle vienne nous voir.
Renée : Je me souviens qu'une autre fois, on l'a croisée par hasard en studio. Elle nous a demandé comment ça se passait, et on lui disait qu'on faisait quelques festivals mais que ce n'était pas super évident pour nous car il y avait beaucoup de gens, mais ils n'étaient pas forcément là pour nous car ils ne connaissaient pas notre musique. Elle nous a dit qu'une fois, les Destiny's Child s'étaient faites huer sur scène parce que les gens n'aimaient pas ce qu'elles faisaient. Elle nous a dit de savourer ces moments ensemble, de kiffer ensemble et de profiter de chaque opportunité.
Jorja : Elle nous a dit que pour cette histoire de festivals, ce sont aussi ces moments qui nous permettent de nous faire découvrir au plus grand nombre. Et que, dans le lot, on a bien dû séduire pas mal de nouveaux fans.
Vous lui avez envoyé votre album ? Stella : Ah non, on ne lui a pas envoyé ! Mais elle nous suit donc elle a sans doute vu qu'il était sorti... Peut-être qu'on devrait lui envoyer !
Jorja : Oui, après on veut aussi que les choses se fassent naturellement. On ne veut rien forcer... C'est toujours difficile pour nous l'idée d'envoyer des messages ou de se mettre en lien avec tel ou tel artiste. On a dû le faire pour avoir Chloë & Halle ou Bree Runway sur les bonus de l'album. On a dû se faire un peu violence et les contacter ! (Rires)
Renée : C'est toujours flippant pour nous. Mais on est heureuses car ça s'est fait, et ça a donné de belles choses au final.
Jorja : Complètement ! Mais on est aussi super contentes quand on rencontre Kelly par hasard en studio, d'avoir ce genre de conversations, sans attentes derrière, sans perturber la vie des uns et des autres, on respecte ça. Ce qui doit se produire se produira !
Il y a un manque de créativité dans l'industrie
Comment vous expliquez que les groupes féminins ne soient pas plus médiatisés aujourd'hui? Jorja : Je crois qu'en général dans la culture occidentale, les groupes sont quasiment inexistants. Même les boys band ! Par exemple, on a rencontré ce boys band lors de notre tournée avec Kehlani. Ils étaient quatre, Américains, et ils nous ont chanté une petite chanson, ils étaient tellement mignons, ils avaient l'air vraiment jeunes. C'était tellement rafraîchissant de les entendre, c'était super nostalgique. En fait, les nouveaux groupes qui émergent viennent surtout de la k-pop, et ils ont une éthique de travail incroyable. Après, il y a quand même un manque de créativité dans l'industrie concernant les groupes, en particulier les groupes féminins. Et je pense que si on prenait vraiment des gens passionnés, qu'ils étaient guidés par quelqu'un de passionné aussi, ça cartonnerait. On a eu beaucoup de chance de nous entendre mais quand il y a quelqu'un qui pilote réellement le navire et qui a une direction claire, ça aide vraiment.
Avant la sortie de l'album, vous avez publié deux EPs et vous vous êtes notamment fait connaître sur les réseaux sociaux. Je vous ai découvert avec "Cardboard Box" sur Twitter ! Ça vous a mis une pression en studio pour la suite ? Renée : Pas vraiment. Je ne dirais pas que c'était de la pression. On voulait absolument créer, on voulait prendre part à l'écriture et à la création musicale de notre projet, mettre en avant nos talents. Je ne sais pas si les réseaux sociaux mettent vraiment l'accent sur la musique et c'est pourtant ce quil y a de plus important. On doit se sentir heureuses, en sécurité et libres quand on crée, et il n'y a pas de corrélation entre les deux.
Stella : On a forcément envie de faire du mieux possible et de décrocher des tubes, évidemment. Mais on ne veut pas qu'on nous colle une étiquette, et ça c'est une pression. Et ce ne sont pas forcément les réseaux sociaux qui vont nous aider à créer tout ce qu'on veut accomplir. Ce ne doit pas être une priorité pour nous, surtout si on veut durer. Mais on apprécie énormément tout le soutien qu'on reçoit en ligne. Après, tant qu'on fait de la musique qu'on aime et dont on est fières... Mais il y aura toujours beaucoup d'avis sur nous ou notre musique, c'est comme ça.
Jorja : Et il faut aussi prendre du recul car avec les réseaux sociaux, tout est hyper immédiat. Mais ce qu'on a dû comprendre aussi, c'est que ce n'est pas parce qu'on sort quelque chose et que ça n'explose pas tout de suite comme on l'aurait voulu que c'est un désastre. Ce n'est pas si grave ! Il faut savoir prendre du recul. Il y a forcément des personnes qui vont aimer ce qu'on fait, et c'est ça le principal. Même s'ils ne sont que 10 ! (Rires) On va continuer à évoluer, on est là pour construire une carrière sur le long terme, évidemment qu'on a envie de faire des hits. On va faire de la très bonne musique et le public viendra avec !
Jorja, tu as dit dans une interview que cette industrie était très difficile, surtout avec les réseaux sociaux. Comment vous gérez les critiques négatives ? Jorja : Franchement, c'est très dur. Je crois qu'on commence seulement à s'y habituer. On est tellement chanceuse d'avoir une communauté de fans incroyable où il y a une telle constante dose d'amour et de soutien que ça rend les commentaires négatifs beaucoup plus divertissants. Le pire avec les réseaux, c'est l'algorithme et la rapidité avec laquelle ça part. On ne peut jamais prédire ce qui va plaire, si quelque chose va devenir virale ou pas, mais les labels adorent s'appuyer sur les tendances et ces chiffres. Et c'est stressant car ça enlève comme une sorte de plaisir de créer de la musique et de jouer, ce qu'on aime faire. Mais bon, ça fait partie du truc !
Vos EPs jouaient avec une certaine nostalgie des années 90, là où l'album s'éloigne un peu de ça pour créer votre son à vous. C'était intentionnel ? Stella : Un peu oui, mais l'idée c'était surtout d'avancer, d'évoluer et de créer de la nouvelle musique, de tester des sons. Nous ce qu'on veut, c'est amener notre son R&B plus loin, de le pousser un peu, d'expérimenter des choses nouvelles, de montrer à nos fans qu'on travaille dur, qu'on peut faire des choses différentes. Mais, malgré tout, ce sera toujours nous ! Par contre, c'est vrai qu'on adore faire des trucs différents, juste pour voir ce que ça donne.
On doit désormais créer un son, le nôtre
Jorja : Et puis il faut aussi comprendre un truc c'est qu'on est ensemble depuis cinq ans, donc on ne veut plus faire les mêmes choses, se répéter. Au début, c'était nouveau, tout était frais, on entendait un truc, on démarrait tout de suite, c'était tout neuf. Maintenant, quand on entend une mélodie, on se dit "Ah c'est trop nostalgique", "On a déjà entendu ça" etc. Ce n'est plus aussi évident et fluide, car on se réfère aussi à ce qu'on a déjà fait. On doit désormais créer un son, le nôtre.
Dans vos chansons, vous parlez beaucoup d'amour, de sexe, d'empouvoirement. Ça vous plait d'être un modèle, une motivation pour toute une génération de jeunes femmes ? Et de jeunes hommes aussi d'ailleurs ! Stella : Ah oui absolument. C'est tellement stimulant d'avoir un artiste que tu admires et qui te fait te sentir fort dans tous ces domaines. Alors quand des gens nous disent que notre musique leur donne cette impression-là, c'est tout simplement la meilleure chose qui soit. Tout le monde devrait s'accepter comme il est, nos différences c'est ce qui fait qu'on est tous uniques. Mais oui, on adore être une source d'inspiration ! Et on va continuer en ce sens.
On aimerait collaborer avec Aya Nakamura
Vous avez sorti une version deluxe de votre album avec des collaborations. Avec quels artistes français ou francophones vous aimeriez collaborer ? Renée : Je dirais Tayc ! On nous en a parlé aujourd'hui, on a écouté ce qu'il fait et on a vraiment adoré. On a carrément téléchargé ses chansons sur notre téléphone. Et puis évidemment Aya Nakamura, elle a l'air tellement cool. Quand tu penses à un artiste français de référence aujourd'hui, c'est elle. Elle est la numéro un !
Jorja : On n'a pas encore pu rencontrer d'artistes français car à chaque fois qu'on vient, c'est assez speed, on a un planning super chargé donc on ne peut pas s'éclater et prendre le temps de rencontrer des artistes pour discuter. Mais ça viendra j'espère !
Que voulez-vous accomplir dans votre carrière ? Stella : Je veux qu'on devienne légendaires, des références pour la prochaine génération. Pour qu'ils se disent : "J'aurais adoré être là quand FLO cartonnait". Vous voyez ?
Jorja : Moi, je veux de l'argent ! (Rires) Non mais Stella a raison, on veut devenir l'artiste numéro un dans le monde. Pas qu'en termes de groupe féminin ou de musique R&B, mais vraiment dominer les charts et l'industrie. Pas seulement pour les chiffres, même si on prend ! Mais on veut tout casser.
Renée : C'est seulement le début pour nous ! On n'a pas peur de viser très haut. On a construit une belle communauté de fans, avec une belle relation, et ils respectent les limites. Enfin, certains... plus ou moins. (Elles éclatent toutes de rire) On ne sait pas ce que nous réserve le futur car plus tu es populaire, plus tu as de fans et plus ça peut t'échapper, mais on veut le meilleur. Comme on dit : "Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités".
Jorja : Et sur l'argent, je ne rigolais pas. On en veut, beaucoup. (Rires) On a envie d'avoir des maisons un peu partout, à Paris par exemple. De s'accomplir dans notre carrière et aussi dans notre vie personnelle, et ça passe aussi par là. De bien vivre, et nos proches aussi.
Stella : La prochaine fois qu'on se verra, on aura quelques maisons, dont une à Paris. On t'enverra une invitation ! (Rires)