Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
La rentrée est là, alors Purecharts passe en revue trois albums phares du moment : "Short n' Sweet" de Sabrina Carpenter, numéro un en France, "La Pieva" de Barbara Pravi qui signe son retour, et enfin le dernier cru de Nick Cave and the Bad Seeds, "Wild God". Voici nos critiques !
Crédits photo : Pochette / Lisa Boostani / Ian Allen
Sabrina Carpenter | "Short n' Sweet"
What Else ? Découverte sur Disney Channel mais révélée au public international avec son album "Emails I Can't Send" en 2022, Sabrina Carpenter a véritablement explosé cette année dans le monde entier avec l'énorme tube de l'été "Espresso", qui compte 1,2 milliard d'écoutes sur Spotify. Un titre pop, estival et redoutable mais sans grande personnalité. Alors que se cache-t-il réellement derrière ce phénomène et son nouvel album "Short n' Sweet" est-il à la hauteur ? Force est de constater que Sabrina Carpenter a mis toutes les chances de son côté en faisant appel à une armée de producteurs de renom pour cette offensive commerciale, qui est tout de même son sixième album studio ! Avec Julian Bunetta (One Direction), John Ryan (Maroon 5), Ian Kirkpatrick (Dua Lipa, Selena Gomez...) et Jack Antonoff (Taylor Swift, Lana Del Rey...), la jeune artiste multiplie les influences quitte à s'éparpiller et à tomber parfois dans le mimétisme ("Good Graces" offrant un R&B sucré très Ariana Grande). Mais, loin de son "Espresso" un peu à part, elle montre au passage une autre facette plus mature, moins lisse avec une signature vocale plus incarnée. Ainsi, l'album manque de puissance, mais Sabrina Carpenter explore d'autres pistes moins immédiates (et parfois intéressantes), comme sur le country "Slim Pickins", l'acoustique "Sharpest Tool", le petit tube pop "Juno", le vaporeux "Don't Smile" ou le R&B old school "Bed Chem". Sans oublier ses derniers hits "Taste" et "Please Please Please", aux antipodes. JG
A écouter : le tubesque "Juno", la petite bombe "Bed Chem", "Taste", le superbe final "Don't Smile" A zapper : "Lie to Girls", ZZzzzzzZZZzzz
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Barbara Pravi | "La Pieva"
Une famille en or. Après la frénésie de l'Eurovision et l'élan romanesque de son premier album, le poétique "On n'enferme pas les oiseaux", Barbara Pravi ouvre grand son coeur et ses horizons sur son deuxième disque. Bouleversée par une lettre de son grand-père évoquant l'histoire de sa famille, la chanteuse a découvert qu'elle était la descendante de "La Pieva", une conteuse tzigane qui chantait jadis ses chansons au coin du feu entre la Bosnie et la Serbie. Cet héritage, important à transmettre, est le point névralgique de ce voyage musical forcément intime, mais aussi dense et riche. Passeuse de joie, Barbara Pravi rayonne quand elle fait sautiller ses pensées sur un air de guitare flamenca (le magnifique "Les ruines"), osant parfois amener une énergie rock insoupçonnée à ses compositions sur "Bravo" (un tube !) ou "L'armure", quand bien même elle évoque ses fêlures. Des trouvailles mélodiques apportant un peu plus de couleurs à la musique toujours très incarnée de Barbara Pravi, qu'on aurait bien eu tord de vouloir cantonner à cette image de "chanteuse à voix" spécialisée dans les ballades. Cette collection met encore plus en valeur sa capacité de formidable interprète donnant la sensation de vivre d'un feu ardent chaque mot qui franchisse ses lèvres. Un don rare ! YR
A écouter : "Bravo", "La Pieva (Chez moi)", "Les ruines", le sublime "Antoine". A zapper :"Exister", titre fort mais se plaçant dans la peau d'un personnage, et donc en décalage avec le ton du projet.
Nick Cave and the Bad Seeds | "Wild God"
Revivre. « Quand ça vous touche, ça vous touche. Ça vous élève. Ça vous émeut ». Voilà comment Nick Cave décrit sa 18ème et nouvelle livraison avec son emblématique groupe The Bad Seeds. Une renaissance opérée comme une ode vitale à la joie. Cinq ans après un "Ghosteen" tragique marqué par la perte de son fils Andrew, le rockeur australien retrouve le chemin vers la lumière. Celui-ci se nomme "Wild God" et l'artiste estime l'avoir écrit à une période où il se sentait davantage « heureux ». A ce titre, la magnifique introduction poétique "Song of the Lake" sonne comme un véritable cri du coeur de la part d'un artiste qui nous file les frissons avec une voix toujours sur le fil. Au cours de ces 44 minutes, ce "Dieu sauvage" nous emmène dans un voyage enchanté où l'on croise des lacs, des forêts, des grenouilles ou des chevaux couleur cannelle. S'il paraît de prime à bord lumineux, "Wild God" est pourtant aussi un disque de deuil, puisque Nick Cave a également fait face à la mort de sa mère, de son fils aîné et de son ancienne compagne ces dernières années. Un triple drame qu'il exorcise dans cet album exutoire, où les orchestrations de "Frogs" ou "Long Dark Night" touchent au sublime. « Je me suis réveillé ce matin avec le blues dans ma tête, j'avais l'impression que quelqu'un de ma famille était mort » chante-t-il sur le bien nommé "Joy", prière déchirante où il évoque le fantôme d'Andrew, tandis qu'il conclut "O Wow O Wow (How Wonderful She Is)" avec un message vocal laissé par son ex-compagne disparue, Anita. Gospel, rock, lyrique, folk, touches électroniques... Il y a un peu de tout dans ce "Wild God" aussi grandiloquent qu'intime, permettant à Nick Cave d'exorciser sa peine car « l'heure est à la joie ». Un disque puissant, et peut-être l'un des plus importants de sa carrière. TB
A écouter : les déchirants "Song Of The Lake", "Final Rescue Attempt", "Joy" et "Frogs" A zapper : "Conversion", moins marquant.