"Tous les jours fuck le RN" : le rap français se révolte contre l'extrême droite avec "No Pasaran"

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« Aux grands maux les grands moyens ! ». Objet de vives critiques ces dernières semaines pour, à de rares exceptions près, son silence assourdissant concernant le climat politique actuel, la scène rap française se réveille sous l'impulsion de DJ Kore et Ramdane Touhami. Inspirés par "11′30 contre les lois racistes", diatribe collective lancée en 1997 pour dénoncer le projet de loi Debré sur l'immigration, les deux producteurs ont rassemblé en quelques jours 20 rappeurs « de toutes les générations et toutes les scènes » sur un même titre : "No Pasaran", dont le nom signifie "Ils ne passeront pas" en espagnol, en écho au slogan lors du soulèvement contre Franco dans les années 30. Un brûlot de 9 minutes et 42 secondes qui dénonce la montée de l'extrême droite en France. « Après la catastrophique dissolution de l'assemblée voulue par Macron, le triste constat de voir le RN arriver en tête chez les jeunes aux européennes et son terrifiant score au premier tour des législatives, DJ Kore et Ramdane Touhami ont fait l'impossible en activant toutes leurs connexions pour mobiliser la jeunesse contre les fachos et éviter un deuxième tour apocalyptique » indique un texte partagé sur YouTube, qui résume l'initiative en cette formule : « Le meilleur du rap contre le pire de la politique ».

"On vote contre les porcs, Jordan t'es mort"

Sur ce morceau incendiaire, Sofiane, Zola, Kerchak, RK, Soso Maness, Zed, UZI, ASHE 22, Nahir, ISK, Mac Tyer, Alkpote, Cokein, Akhenaton, Pit Baccardi, Seth Gueko, Demi Portion, Decimo, Relo et Costa se transmettent le micro pour enchaîner les punchlines incisives à l'encontre de Marine Le Pen, Jordan Bardella et leurs sympathisants. « J'ai participé à ce morceau et c'est très important pour moi, car j'ai grandi dans l'héritage d'un rap français très pointu, engagé et qui m'a beaucoup inspiré. (...) La culture a son mot à dire et a vocation à s'exprimer sur cette typologie de sujets. Je suis de la génération où le rap ne se dissocie pas du message » explique au Parisien Fianso, le premier à prendre la parole sur ce titre au goût de soufre. « Secousses et tremblements, fuck le Rassemblement » scande-t-il le poing levé, avant d'asséner « Ma gueule, on vote contre les porcs / Jordan, t'es mort », en référence à un match du champion de MMA Cédric Doumbé.

"C'est la baston contre les fachos"

Sur une instru ténébreuse, Zola, Kerchak, Soso Maness ou ISK prennent le relais pour scander « tous les jours fuck le RN », « l'histoire se répète » ou « Les racistes d'hier et d'aujourd'hui seront les députés d'demain ». « Les enregistrements ont commencé mardi dernier. C'est pour ça que je suis cuit : on a fait ça jour et nuit » confie Kore dans les pages de Libération, alerté par le manque de mobilisation générale : « On vit une époque paradoxale parce qu'on a un flux d'informations et en même temps personne n'est réellement informé. Alors je me suis dit qu'il fallait qu'on revienne à l'essence du rap, à savoir : faire passer un message ». L'artiste, qui s'apprête à faire renaître le projet Raï'n'B Fever, dénonce « des discours complètement décomplexés qui accusent les arabes de tout et n'importe quoi » : « Ça a pris des proportions débiles, on s'est dit qu'on ne pouvait pas rester les bras croisés ». « C'est la baston contre les fachos, l'idée ce n'est pas de leur faire des câlins » résume Ramdane Touhami.

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Avec ce projet coup-de-poing, le collectif espère secouer les consciences, en particulier celles de la jeunesse, tout en oeuvrant pour la bonne cause. L'intégralité des recettes du single "No Pasaran" sera d'ailleurs reversée à la Fondation Abbé Pierre pour lutter contre le mal-logement : « Merci à tous les artistes et à leurs équipes pour leur généreuse participation à ce projet historique. Faites tourner ! ». Le single sera « bientôt disponible » sur toutes les plateformes de streaming.