Annulé, le Greenland Festival a-t-il arnaqué ses artistes ? Les organisateurs balancent

Crédits photo : Bestimage
La saison 2024 des festivals ne commence pas sous les meilleurs auspices. En raison d'énormes pluies, plusieurs festivals ont dû annuler leurs éditions comme le Jardin du Michel en Meurthe-et-Moselle (avec Jain, Grand Corps Malade et Feder) le week-end dernier ou encore les Papillons de Nuit (Manche), qui devait accueillir Ninho, Eddy de Pretto, Santa et Pierre de Maere. Alors que We Love Green a eu lieu sur un terrain boueux, un autre festival a vu sa déprogrammation être très médiatisée : le Greenland Festival. Prévu ce week-end du 31 mai au 2 juin dans les Pyrénées-Orientales, non loin d'Argelès-sur-Mer, l'événement a été annulé ce jeudi, soit moins de 24 heures avant son démarrage, après que bon nombre d'artistes ait dénoncé une « arnaque » de la part des organisateurs.



« Au regard des contrats signés avec le promoteur, nous sommes au regret de constater que les engagements ne sont pas respectés. Nous ne pouvons donc pas maintenir ces dates » a notamment expliqué l'association Wart, gérant Trinix et Zaho de Sagazan, programmés au festival, au même titre qu'Hoshi, Ninho et Superbus, qui ont eux aussi annulé leur venue via leurs sociétés de production, estimant ne pas avoir été rémunérés pour l'événement. « J'avais trop envie de jouer. Franchement les agissements du programmateur sont honteux pour le public et les artistes. On s'est fait arnaquer » se désole l'interprète de "Je partirai" tandis que sur leurs réseaux sociaux, les organisateurs du Greenland Festival parlent de « la zone de turbulence la plus significative et la plus violente » de l'histoire du festival, lancé en 2022.

Les exigences de Ninho et Hoshi pointées du doigt

Mais que s'est-il vraiment passé ? Lors d'une conférence de presse tenue ce vendredi et relayée par nos confrères de L'indépendant, les organisateurs du Greenland Festival se désolent de ne pas avoir eu des fonds de trésorerie suffisants pour finir de payer les artistes. Mais ils se défendent et pointent notamment du doigt l'équipe du rappeur Ninho, qui n'aurait pas respecté tous ses engagements. « Quand la tête d'affiche a été annoncée, la billetterie s'est bien portée, même si ça n'a pas été le buzz espéré, parce qu'il faut savoir que les artistes ne communiquent pas sur les festivals auxquels ils participent » assurent les responsables John Guillet et David Alvarez, qui parlent d'un cachet de 300.000 euros pour faire venir la superstar du rap français : « Deux semaines après l'avoir annoncé, on apprend qu'il est programmé dans notre zone d'exclusivité. On n'a rien dit. Mais tout ça a fait que quand il a fallu payer l'artiste, on n'avait pas les fonds nécessaires ». Deux semaines avant l'annulation officielle du festival, les deux hommes pensent déjà à déprogrammer Ninho : « Et avec les pressions et l'influence entre les boîtes de production parisiennes, ou même locale, le reste s'est enchaîné. (...) Notre combat maintenant, c'est de rembourser tout le monde, les festivaliers comme nos prestataires ». Ce qui représente 12.000 personnes.

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Déçus, les organisateurs s'attaquent aussi à la « liste d'exigences très longue » d'Hoshi qui aurait, selon eux, « touché 40% de son cachet » : « Si nous devions déterminer le prix du billet en fonction de ses désirs, il faudrait le faire à 100 euros ». Et John Guillet et David Alvarez de balancer que l'artiste demandait : « Une bonbonne Evian 6 litres avec robinet, 6 bières 1664 blanche, 2 yaourt Skyr nature, 1 fromage Caprice des Dieux, 1 barquette de beurre doux Président, 1 boîte de Muesli avoine chocolat bio, 1 barquette de nuggets végétaux Happyvore (sinon un pavé gourmand Epinard-Fromage 'Garden Gourmet'), quelques softs et jus de fruits variés, un petit plateau composé de gingembre, citron et banane, quelques barres de céréales au chocolat, 1 kit thé avec bouilloire thé Earl grey et thé vert miel bio, quelques capsules de café décaféiné format Nespresso, une bouteille de bon vin rouge de Bourgogne (type pommard) ». « Et, ça, ce sont les exigences d'une seule artiste. Ils en ont tous. C'est hors sol et intenable » poursuivent-ils.

"On passe pour des arnaqueurs"

Un déballage médiatique qui divise et fait sortir de ses gonds certains internautes. C'est notamment le cas de la journaliste et animatrice Emilie Mazoyer sur X : « Bande de clowns qui prennent le public et les artistes pour des c*ns. Même une soirée bière-foot, ils sont capables de foirer l'orga. Force à Hoshi, la seule dont le "menu" a été dévoilé. Pourquoi ? ». Malgré tout, les festivaliers recevront un mail « dans les plus brefs délais » pour se faire rembourser, et les organisateurs mettent désormais le cap sur 2025, même s'ils se disent déçus de traîner désormais une mauvaise réputation : « On passe pour des arnaqueurs. Mais le combat de rendre la culture accessible à tous, c'est nous qui le menons toute l'année. (...) On a voulu monter un festival différent, avec le coeur. On a cru que d'autres personnes avaient le coeur comme nous, et aujourd'hui on s'aperçoit que ce n'est pas la réalité ».