Le président tchétchène Ramzan Kadyrov. Crédits photo : Abaca
C'est un type de censure d'un genre nouveau. La Tchétchénie annonce l'interdiction des musiques jugées «
trop rapides ou trop lentes » sur son territoire. Comme le rapporte l'agence de presse russe Tass, la décision vient d'être prise, notamment de la part du ministre de la Culture tchétchène Musa Dadayev. Celle-ci a annoncé sa décision de limiter «
toutes les compositions musicales, vocales et chorégraphiques » à un tempo compris entre 80 et 116 BPM (battements par minutes). Les musiques en dessous ou au-delà de ce seuil seront donc proscrites dans la république constitutive de la fédération de Russie. Cette interdiction vise à ce que les nouvelles créations musicales tchétchènes s'alignent sur «
la mentalité et le rythme musical tchétchènes » dans le but de transmettre «
au peuple et à nos enfants l'avenir de l'héritage culturel du peuple tchétchène », complète Musa Dadayev.
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Un tempo précis à respecter
A travers cette décision improbable, le chef de la République Ramzan Kadyrov, très proche de Vladimir Poutine, souhaite surtout viser la musique électronique, particulièrement prisée par une grande partie de la communauté homosexuelle de Tchétchénie, victime d'une énorme répression depuis 2017. Des centaines de tchétchènes homosexuels ont été arrêtés et torturés depuis sept ans. Une plainte pour «
génocide » a même été déposée devant la Cour pénale internationale, tandis que l'ONU qualifie cela d'«
actes de persécution et de violence d'une ampleur sans précédent ». Cette règle entre 80 et 116 BPM correspond aux tempos de la musique traditionnelle tchétchène. Les chansons de plus de 116 BPM sont plutôt liées à la musique occidentale, contre laquelle lutte le gouvernement de Tchétchénie. «
Il est inadmissible d'emprunter la culture musicale à d'autres peuples » ajoute Musa Dadayev.
Les artistes tchétchènes ont jusqu'au 1er juin pour se conformer à cette nouvelle règle gouvernementale. Si les nouvelles musiques ne répondent pas à ces critères, et sont donc trop lentes ou trop rapides, les artistes pourront se voir le droit d'être interdits de jouer lesdits morceaux sur scène, comme le précise le Moscow Times. Nos confrères de
BFMTV ont pris quelques exemples : "La Marseille" ne passe pas avec les nouvelles règles tchétchènes (123 BPM, trop rapide), mais les tubes
"Djadja" d'Aya Nakamura et
"Dancing Queen" d'ABBA seraient acceptés, étant à 98 et 101 BPM.