Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Coach Party est la révélation rock de la rentrée. Repéré par Indochine, le groupe anglais vient de sortir son premier album, l'énergique "Killjoy". Nous avons rencontré Jess et Steph, les deux musiciennes de la bande, dans les coulisses du festival Rock en Seine pour retracer leur jeune mais fructueuse carrière.
Crédits photo : Ephelide / DR
Propos recueillis par Théau Berthelot.
Vous ne pourrez pas passer à côté ! Coach Party apparaît comme l'un des groupes rock phénomènes du moment. En seulement quatre ans, le quatuor anglais a réussi à s'imposer et à séduire un public de plus en plus en large grâce à un rock abrasif et décapant. Pourtant, tout a commencé en 2019 sur la petite Île de Wight. « C'est tellement petit que tout le monde se connaît là-bas. Surtout si tu fais de la musique ! » reconnaît avec humour la guitariste Steph Norris, rencontrée dans les coulisses de Rock en Seine fin août : « Guy [Page, le batteur] et Joe [Perry, le guitariste] sont devenus amis assez vite, Guy et moi sommes devenus amis en regardant des groupes jouer, puis on a rencontré Jess [chanteuse et bassiste] comme ça... Tout s'est déroulé comme ça, c'est notre amour de la musique qui nous a réunis ». Une rencontre qui va pousser la bande à multiplier les sorties.
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"Nous devons notre carrière française à Indochine"
Entre 2020 et 2022, Coach Party publie trois EPs, "Party Food", "After Party" et "Nothing Is Real", menés par les excellents titres "Can't Talk, Won't" ou "FLAG (Feel Like A Girl)". Son énergie rock permet au groupe, paritaire avec deux hommes et deux femmes, de se démarquer sur une scène rock britannique florissante ces dernières années, avec d'innombrables noms comme Idles, Fontaines DC, Yard Act ou Shame. « Ce qui est amusant, c'est qu'en Angleterre, ce courant va un peu par vagues. La musique indé et le rock sont très populaires, puis ça meurt et la pop prend le relais. Pour le moment, j'ai l'impression qu'on est à un sommet où il y a tellement de groupes intéressants et incroyablement talentueux. C'est leur moment pour briller et avoir leur plateforme » poursuit Steph Norris.
"Jouer au Stade de France, c'est incroyable"
Le moment pour briller de Coach Party intervient... en France ! En effet, la formation arrive jusqu'aux oreilles de Nicola Sirkis qui en tombe raide dingue et leur propose de faire la première partie du concert d'Indochine au Stade de France, le 21 mai 2022. Une proposition « hallucinante » pour les rockeurs anglais, qui passent tout à coup de petits clubs de centaines de places à jouer devant 97.000 personnes. « Nous sommes très chanceuses d'avoir une solide amitié avec Nicola et Indochine. D'avoir cette opportunité de jouer au Stade de France, c'était incroyable. Nous ne serions probablement pas ici, si nous n'avions pas fait cette première partie. J'aime dire que nous devons notre carrière française à Nicola » complète la chanteuse Jess Eastwood.
"Killjoy", un premier album puissant
Il est vrai que cette imposante première partie du "Central Tour" met la lumière sur Coach Party, en France mais aussi à l'étranger : « Nicola a été d'une énorme aide pour nous. Il a un tel amour de la musique... Il n'a pas honte de mettre en avant ce qu'il aime, et c'est juste incroyable pour nous. Nous avons de la chance d'être dans cette position ». Ainsi, le groupe multiplie ainsi les articles dans la presse spécialisée et les concerts, notamment en France et toujours sous le giron d'Indochine. Mais aussi en première partie de Wet Leg et Queens of the Stone Age ! Jusqu'à avoir la fameuse étiquette de "révélation", que Jess prend avec philosophie : « C'est très valorisant et un joli compliment d'être considéré comme tel. Je pense que ça nous rend plus ambitieux, ça nous motive à aller de l'avant ». Et Steph d'ajouter : « On peut dire que ça nous a rendu plus confiantes. On se dit que si les gens pensent ça, peut-être c'est qu'on fait de bonnes chansons ».
Motivé par ce joli coup de projecteur, Coach Party vient donc de publier son premier album "Killjoy" ce vendredi. Un disque « avec beaucoup d'émotions » qui représente le parcours du groupe selon Jess Eastwood : « Ça montre vraiment notre progression. Si tu écoutes les précédents EPs, tu peux entendre la façon dont on a progressé, le son que nous avons fabriqué, la façon dont nous avons toujours été originaux. Ça nous donne un sentiment d'importance ». Si la pochette représente les quatre musiciens sous la forme de squelettes et que l'album débute sur « We're all gonna die, what's the point in life ? » (« Nous allons tous mourir, quel est le but de la vie ? »), n'y voyez pas là quelque chose de macabre : « Dans cette chanson on dit qu'on va tous mourir donc il faut profiter de la vie, être heureux de ses décisions et de ses choix, et de ne pas se reposer sur les réseaux sociaux ou toutes ces choses-là ».
Travailler vite a rendu "le projet plus complet"
Si on y entend des influences à la Stooges avec ses guitares saturées et une énergie presque punk, l'album "Killjoy" alterne entre grosses déflagrations ("What's the Point in Life", "Micro Agression") et titres plus calmes ("Born Leader", "Be That Girl"). « Je pense que c'est important d'avoir un côté très éclectique dans notre musique. Nous adorons faire de la musique très énergique et énervée mais nous aimons aussi prendre un peu de recul et faire des chansons plus "calmes", douces et émouvantes. C'est quelque chose qu'on a toujours eu dans notre musique, depuis nos tous débuts » analyse Jess Eastwood. L'énergie et la fougue de l'album s'expliquent aussi par son enregistrement rapide, qui n'a pris que six semaines : « On voulait vraiment quelque chose de frais, avoir une collection de chansons qui se complètent elles-mêmes. Nous l'avons enregistré très rapidement, on avait une fenêtre très courte. Il y avait beaucoup de pression pour le faire et le finir. Ce qui, en un sens, a marché en notre faveur puisque ça a rendu le projet plus complet, comme un véritable tout ».
Désormais disponible dans le monde entier, "Killjoy" est la carte d'introduction efficace et énergique d'un groupe parti pour durer. Et c'est désormais sur scène que Coach Party défend ses chansons. Après de nombreux festivals cet été dont une bonne poignée en France aux côtés d'Indochine (Eurockéennes, Musilac, mais aussi Cabaret Vert et Rock en Seine), les quatre Anglais donnent rendez-vous aux fans français entre le 24 octobre et le 4 novembre à Lille, Reims, Nantes, Strasbourg et au Café de la Danse à Paris. Un agenda très chargé pour la bande, qui a déjà donné plus de 100 concerts ces deux dernières années. Mais contrairement à des groupes comme Yard Act ou Fontaines DC qui ont annulé plusieurs dates pour préserver leur santé mentale, les membres de Coach Party ne se sentent pas encore surmenés : « Nous avons eu de la chance d'avoir eu ces concerts avec Indochine, car nous avons passé une bonne partie de l'été en France. Ils ont tellement été sympas avec nous que notre santé mentale n'en n'a pas pris un coup. Mais il n'y a aucune honte à annuler des concerts, si tu ne peux pas les faire, tu ne dois pas te forcer à les faire ».