Prix des places de concerts : pourquoi la France est loin d'être le pays le plus cher ?

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Après les tarifs exorbitants pour voir Madonna, Blackpink ou Usher, le Prodiss dévoile les résultats de son enquête sur l'augmentation du prix des places de concerts en France. Avec une surprise à la clé car nous sommes très loin d'être le pays où la hausse des prix est la plus visible !
Crédits photo : Bestimage
Mardi 20 juin, 18 heures. L'annonce que des dizaines de milliers de fans attendent depuis des mois vient de tomber : Taylor Swift donnera trois concerts à Paris et Lyon en 2024 ! Un véritable événement pour lequel un « dispositif inédit » de mise en vente a été organisé afin de gérer l'afflux et éviter les revendeurs scrupuleux. Mais la demande est tellement phénoménale qu'une file d'attente a même été mise en place rien que pour s'inscrire et espérer avoir son précieux sésame le 11 juillet prochain. Selon nos confrères du Figaro, le prix des places sera compris entre 70 et 245 euros. Un tarif important mais plutôt honnête alors que des rumeurs annonçaient des prix délirants, les plus chers pour un concert en France. Il faut dire que ces derniers mois, l'annonce de la venue de superstars internationales pour des concerts ressemblait plutôt à une course pour savoir qui vendrait ses billets les plus chers.

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Près de 14% d'augmentation en moyenne


Outre les packs Platinum et VIP, dépassant allègrement le millier d'euros, comptez jusqu'à 194 euros pour Beyoncé, 304 euros pour les Blackpink, 386 euros pour Madonna et même 441 euros pour applaudir USHER à Paris. Même chez les francophones, des places sont vendues jusqu'à 235 euros pour la tournée "Nevermore" de Mylène Farmer. Des prix défiant toute concurrence et qui ont intéressé le Prodiss. Le Syndicat national des producteurs, diffuseurs, festivals et salles de spectacle musical et de variété vient de dévoiler une étude sur la hausse des prix des concerts et des festivals en France entre 2019 et 2023, dans un contexte pré et post-Covid.

Un bilan réalisé avec PMP Strategy établi sur 18 salles françaises, des plus petites de quelques centaines de places comme La Boule Noire ou le Duc des Lombards, jusqu'aux Stade Vélodrome et Stade de France en passant par les Zénith, et sur six tournées : celles de Muse, The Weeknd, Madonna, Pink Martini, Beyoncé et Angèle. Idem pour les festivals : 16 ont été retenus en France et 20 à l'étranger, des petits Levitation (Angers) et Big Ears (Knoxville aux Etats-Unis) aux grosses machines Hellfest, Vieilles Charrues ou Rock Werchter.

Dans un contexte d'inflation à cause de la crise sanitaire et de la Guerre en Ukraine notamment, le secteur du live a été touché avec la hausse générale des cachets des artistes, des transports, du matériel, de l'énergie et des prestataires. Ainsi, l'étude révèle que le prix des places de concerts a augmenté en moyenne de 13,6% en France, peu importe la taille de la salle. Très logiquement, plus la salle est grande, plus les prix augmentent en flèche : ainsi les tarifs pour les grandes salles (comprises entre 1.500 et 6.000 places) ont grimpé de 22% pour les prix les plus bas (de 23 à 27 euros en moyenne) et 10% pour les prix les plus élevés (36 à 40 euros). Dans les stades ou arenas, on observe une explosion de 13% pour les places les moins chères et 23% pour les plus onéreuses. Ainsi, on passe d'une fourchette de 54 à 112 euros à une comprise entre 61 et 137 euros.



Madonna ou Muse pas si chers en France


Cette augmentation s'explique par un besoin de rattraper la période 2019-2022, durement impactée par la crise sanitaire, mais aussi par une programmation internationale exceptionnelle dans les stades cet été. Rien qu'en prenant l'exemple du Stade de France, Harry Styles, Metallica, Depeche Mode, Muse, Blackpink, Rammstein ou The Weeknd se sont produits ou s'y produiront d'ici la fin juillet. Justement, en observant de plus près les exemples des tournées mondiales étudiées, on peut se rendre compte que la France reste un des pays où le prix moyen d'un ticket est le moins élevé. En comparaison avec d'autres pays comme l'Espagne, le Royaume-Uni, l'Allemagne ou les Etats-Unis, c'est en France que les tarifs sont les plus bas pour les concerts de Pink Martini (35€), Madonna (45€) ou Muse (62€). Au contraire, les prix les plus chers se trouvent souvent aux USA : 114 euros pour Pink Martini, 982 euros pour Beyoncé et même 2.555 euros pour Madonna ! Seule exception ? La Suisse, pays au gros pouvoir d'achat où la moyenne des places la plus chère est pour Muse, entre 140 et 200 euros. Quant à la tournée d'Angèle, c'est logiquement en France qu'elle est la plus chère (entre 64 et 74 euros) en raison d'une fanbase très francophone. Ses tarifs « restent cependant bas » par rapport aux autres tournées, précise l'étude du Prodiss.

Quid des festivals ? Ils ont également vu le prix de leur pass journalier augmenter entre 16 et 31%. A ce jeu, ce sont les "grands festivals" avec des jauges comprises entre 15.000 et 30.000 places, comme le Cabaret Vert ou les Papillons de Nuit, qui explosent le plus : le prix moyen passe de 42 euros (2019) à 55 euros (2023). Les plus gros festivals comme les Eurockéennes, les Vieilles Charrues ou le Lollapallooza Paris ont vu leurs prix grimper en flèche de 14% avec un pass 1 jour de 79 euros en moyenne. Soit neuf euros de plus qu'en 2019 ! La situation des festivals reste néanmoins particulière puisque les équipes font attention à tous les éléments, notamment la reconstruction des lieux chaque année et les nombreux prestataires.

Côté financier, les festivals misent plutôt sur "la course aux têtes d'affiche". Celles-ci sont « indispensables pour assurer le taux de remplissage d’équilibre mais tire les prix vers le haut avec des cachets plus élevés » précise l'enquête. Le Monde nous apprenait d'ailleurs que la venue de Billie Eilish à Rock en Seine le 23 août prochain se serait négociée autour de 1,5 million d'euros. Quant à The Cure, qui coutait jusqu'alors 500.000 euros, les faire revenir en 2024 obligerait le festival à débourser 750.000 euros. Mais, comme pour les concerts, les festivals français font partie des moins chers, comparés à ceux à l'étranger. Avec 28 euros en moyenne pour les petits festivals, 55 euros pour les grands festivals (entre 15 et 30.000 places) et 79 euros pour les encore plus grands. Là aussi, on est bien loin du modèle américain avec des tarifs à 135 et 159 pour les petits et grands festivals. Ironiquement, les "très grands" festivals américains sont, en moyenne, moins chers que les "grands" avec une place médiane à 129 euros contre 159 euros. Ainsi donc, même l'augmentation du prix des places a de quoi choquer, elle reste néanmoins bien moindre que chez nos voisins européens ou américains...

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