Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Le Hellfest fait polémique après les propos de Ben Barbaud sur la venue d'artistes accusés de violences conjugales ou sexuelles. Face aux critiques, le directeur du festival, dont l'édition 2023 débute à Clisson, se justifie dans une nouvelle interview.
Crédits photo : Bestimage
Une interview qui met le feu aux poudres. Dans un entretien accordé à Ouest-France, Ben Barbaud, le directeur du Hellfest, se confie sur l'édition 2023 du festival qui a lieu du 15 au 18 juin avec Kiss, Def Leppard ou Slipknot à l'affiche. Interrogé sur la présence d'artistes accusés de violences conjugales comme Motley Crue ou As I Lay Dying à l'affiche, Ben Barbaud donne son avis franc : « Je n'ai pas vu, moi, personnellement, tel ou tel artiste frapper son épouse, donc je m'arrête à ça. Je me méfie des allégations, sinon on risque de devoir annuler la moitié des artistes ! Je n'ai qu'une boussole pour ne pas programmer quelqu'un: qu'il soit interdit de se produire par la justice ». Le directeur du plus gros festival de musiques extrêmes ne veut pas que le festival « devienne le porte-étendard d'une cause » : « Ce n'est pas à moi de juger si c'est bien ou pas d'aller voir tel artiste ou tel autre, je ne rentre pas dans ce jeu, trop dangereux pour la liberté d'expression. Mon métier, c'est producteur de spectacles ».
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"Je ne suis ni juge ni procureur"
Des propos qui ont suscité le scandale sur les réseaux sociaux, d'autant plus vifs que Ben Barbaud indique que le concert donné l'an dernier par Guérilla Poubelle, un groupe accusé d'agressions sexuelles, « a fait le plein ». Alors que certains appellent au boycott du Hellfest, le patron du festival précise sa pensée dans une autre interview accordée à l'AFP. « Notre ligne de programmation artistique est basée sur la demande qu'on nous fait ou pas d'un artiste. Ils font partie de groupes mondialement connus qui attirent les foules. Je suis bien conscient que certains voudraient qu'on ne les programme pas » commente-t-il, en évoquant aussi la venue de Johnny Depp avec son groupe Hollywood Vampires, après le procès médiatisé de l'acteur contre Amber Heard : « Mais je ne suis ni juge, ni procureur. Je ne souhaite pas créer une sorte de seconde sentence. Tommy Lee a été condamné il y a plus de 30 ans ».
Ben Barbaud a aussi été questionné sur la possible venue de Rammstein. Alors que de nombreuses victimes témoignent d'agressions sexuelles par le chanteur Till Lindemann, le Hellfest pourrait-il accueillir le groupe allemand à l'avenir ? « Il y a une vigilance à avoir. On parle de comportements durant les concerts » annonce-t-il, précisant qu'il n'a rien constaté de problématique lorsque Rammstein est venu jouer au Hellfest en 2016 : « Si le groupe venait à nous contacter pour l'an prochain, ce qui n'est pas le cas, si des plaintes ont été déposées, si une enquête est en cours, avec des indices concordants, on n'ira pas. C'est me donner trop d'importance et de compétences d'attendre que je sois procureur et juge ». L'homme rappelle toutefois la création en 2022 du Hellwatch, une brigade pour prévenir des violences sexuelles et sexistes sur le site du festival à Clisson.
"Je n'ai pas dit que je m'en foutais"
Et s'il assume l'augmentation du prix du pass 4 jours de 40 euros (« Le prix n'est pas accessible pour tous, je le regrette. Mais on ne dépasse pas les 500 euros contrairement à d'autres festivals à l'étranger »), Ben Barbaud répond aussi aux critiques sur la consommation de 300.000 litres de fioul durant l'édition 2022 : « J'ai été trop transparent en disant ça. Mais je n'ai pas dit que je m'en foutais. J'ai dit que, concernant l'énergie, il est difficile pour le moment d'avoir des solutions techniques. Mais, j'insiste, nous savons que des industriels, constructeurs de groupes électrogènes, travaillent pour nous trouver des moyens pour, je l'espère, à l'avenir, organiser des évènements avec une énergie plus propre. (...) Il y a 15 ans, le Hellfest ne faisait pas de tri sélectif. Aujourd'hui, on en est à 70%. Je ne fais pas du "green-washing", on sait que tout n'est pas parfait au Hellfest ». Une édition s'ouvre sur une odeur de soufre...