Patrick Bruel, Christine and the Queens, Mentissa : 3 albums au banc d'essai

Purecharts passe en revue trois albums phares du moment. Patrick Bruel revient en grâce avec "Encore une fois", Christine and the Queens nous laisse sur le bord de la route avec "Redcar les adorables étoiles" et Mentissa nous embarque dans le tourbillon de sa "Vingtaine". Critiques, en quelques lignes !
Crédits photo : Montage Purecharts / Fred de Pontacharra / Pierre-Ange Carlotti

Patrick Bruel | "Encore une fois"


Patriiiiiick ! A 63 ans, Patrick Bruel a pris son temps avant de proposer son nouvel album "Encore une fois", né durant la crise sanitaire. Sur ce 11ème disque studio, l'artiste multi-générationnel s'entoure d'une belle équipe composée de Nino Vella et Sébastien Rousselet du duo Rouquine, Hoshi, Mark Weld (Jenifer), Paul Ecole (Calogero), Félix Gray, Skalpovich (Black M) ou encore Mosimann, tout en signant six chansons. Réussissant à proposer un équilibre idéal dans ses sonorités, allant de la variété à la pop en passant par des sonorités orientales, urbaines ou électro, sans jamais basculer dans l'outrance, même si le disque traîne un peu en longueur (17 pistes), le chanteur se livre tout le long avec authenticité. Sur ses failles d'abord ("Je l'ai fait cent fois"), et c'est rare, mais aussi ses origines algériennes ("Je reviens", qui rappelle ses plus belles ballades "J'te l'dis quand même" et "J'te mentirais"), tandis qu'il rend hommage à sa mère ("L'instit") et se fait même le tonton de la nouvelle génération. Avec son timbre unique, qui a accompagné nos vies, à la fois gorgé de nostalgie mais aussi d'espoir, Patrick Bruel s'adresse aux jeunes ("La chance de pas..."), pose son regard sur notre société et alerte sur ses dérives ("On en parle"), se fait plus humaniste ("Ce monde-là", taillé pour le live), sans oublier de proposer des titres que les radios vont passer en boucle ("Encore une fois", "Danse pour moi"). L'album, un peu sage dans l'ensemble, manque sans doute de titres puissants qui compteront à l'avenir, mais reste solide dans le genre. JG

Ça ressemble à un bel album de variétés, au sens noble
A écouter : le tube "Je reviens", la superbe ballade "Je l'ai fait cent fois", les fédérateurs "Encore une fois" et "J'avance"
A zapper : "Lettre à la con", aux paroles scolaires, "Pouce", pas aidé par sa production


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Christine and the Queens (Redcar) | "Redcar les étoiles adorables"


Ça ne tient pas debout. C'est peu dire qu'on a suivi avec admiration la carrière de Christine and the Queens. Après la claque "Chaleur humaine" et le suave "Chris", on attendait beaucoup de "Redcar les adorables étoiles", nouvel alter-ego de l'artiste qui se genre désormais au masculin, vêtu d'un costard, d'un gant rouge et fan des années 80. Hélas, si le projet est clairement conçu pour être audiovisuel, le fait d'avoir l'audio sans le visuel gâche l'expérience. Ne reste alors qu'à écouter un album finalement dans l'ère du temps, avec le revival 80's, mais terriblement faible musicalement parlant. "Redcar les adorables étoiles" ressemble à une collection de maquettes non finies, avec des prises vocales remplies d'écho jusqu'à l'overdose et des idées mélodiques qui tournent rapidement en rond. Pour être clair : l'album se révèle expérimental et Redcar s'est fait plaisir. Quitte à laisser très souvent l'auditeur sur le bord de la route. Car si "Redcar les adorables étoiles" est un véritable projet cathartique pour le chanteur qui a perdu sa mère, il reste extrêmement excluant. Preuve en est avec des titres face auxquels on reste totalement hermétique comme l'embarrassant "Tu sais ce qu'il me faut" (et ses "la la la la") ou "Combien de temps" d'une durée excessive de huit minutes. Il en est de même de ses paroles trop cryptiques malgré la bonne idée d'un univers chevaleresque en toile de fond. Si certains titres plus réussis se démarquent de l'ensemble ("Looking for love", "My birdman"), c'est finalement, comme avec "La marcheuse" sur "Chris", quand il revient aux sonorités pop de son premier album avec "Rien dire" que Redcar/Christine and the Queens nous touche simplement. Comme avant. TB

Ça ressemble à un projet ambitieux mais trop excluant et élitiste
A écouter : "Rien dire", dont la simplicité touche en plein coeur, "My birdman", "Looking for love"
A zapper : "Tu sais ce qu'il me faut", insupportable, "Combien de temps", "Les étoiles"




Mentissa | "La vingtaine"


Et bam, dans la poitrine. Prendre son temps a été très bénéfique à Mentissa. Beaucoup voyaient la jeune artiste belge remporter la saison 10 de "The Voice", et c'est sans doute une chance pour elle de ne pas avoir été sous la pression d'une victoire. Conseillée et épaulée par Vianney, avec lequel elle a noué une complicité sincère durant l'émission, la chanteuse à la voix puissante a soigné la confection de son premier album, dont elle signe plusieurs textes. "La vingtaine", qui ouvre et donne son nom au projet, trouve le ton pertinent pour décrire les tourments d'une jeune femme entrant dans l'âge adulte, avec ce que ça comporte d'incertitudes et d'exaltation. C'est là tout ce qui fait la beauté de ce premier effort : des mots simples mais justes au service d'une remarquable interprète qui tient à raconter son histoire. C'est étrange de le souligner mais la diction de Mentissa est impeccable, et participe grandement à nous embarquer dans ces morceaux, et ses morceaux de vie. "Et bam", tube surprise à retardement, décrit avec force comme son envie de se battre pour ses rêves, tout comme la superbe ballade au piano "Paris-Bruxelles". On mettra peut-être de côté les titres d'amour ou de rupture assez conventionnels ("Mamma Mia", "Exceptionnel"), moins intéressants sur le fond, pour se concentrer sur les chansons où Mentissa parvient à toucher à l'universel, lorsqu'elle couche sur papier ses complexes : "Le bruit du silence" ou surtout "Balance", qui viennent du coeur, sont à enseigner à tous les enfants mal dans leur peau. Quelle chance d'assister à la naissance d'une grande artiste ! YR



Ça ressemble à l'éclosion d'une interprète exceptionnelle
A écouter : Les bouleversants "Et bam" et "Balance", l'enivrant et pop "Prends-moi la tête"
A zapper : "Mamma Mia", un peu trop en force

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