Taylor Swift, Arctic Monkeys, Foé : 3 albums au banc d'essai
Purecharts passe en revue trois albums phares du moment. Taylor Swift signe un retour aussi délicat qu'ambitieux avec "Midnights", Arctic Monkeys se la joue crooner soporifique avec "The Car", alors que Foé nous touche en plein coeur avec "Paradis d'or". Critiques, en quelques lignes !
Crédits photo : Beth Garrabrant / Zackery Michael / Lise Cléo
Taylor Swift | "Midnights"
Confessions nocturnes. Chaque album de Taylor Swift est un évènement et "Midnights" ne déroge pas à la règle. Après la superbe double parenthèse folk "Folklore" et "Evermore", on se demandait quelle carte jouerait la superstar la plus mystérieuse et adulée de son temps. Au vu de son titre et des premières déclarations de "Taytay", on aurait pu s'attendre à un album plus intimiste. Que nenni ! La chanteuse retrouve l'efficacité pop d'un "1989", même si les morceaux sont plus dans la retenue, grâce à l'aide de son désormais indissociable producteur Jack Antonoff. Alors que la petite aiguille atteint le 12, "Midnights" commence très fort avec son trio introductif "Lavender Haze", "Maroon" et "Anti-Hero", trois tubes en puissance qu'on se réécoute déjà en boucle. Si la suite n'atteint jamais le niveau de cette sainte-trinité, le nouvel album de Taylor Swift recèle de pépites savoureuses : "You're on Your Own, Kid", "Bejeweled" ou le redoutable "Karma" (et ses paroles déjà cultes « Karma is my boyfriend, Karma is a god ») sont autant de titres aussi personnels qu'universels qui nous séduisent dès les premières notes pour ne plus jamais nous lâcher. Côté textes, on fait confiance aux fans pour décrypter les paroles pleines de sens et de sous-entendus sur ses peurs, ses insécurités et ses relations. Par contre, impossible de ne pas évoquer la déception du disque : "Snow on the Beach", "duo" avec Lana Del Rey musicalement réussi mais où cette dernière fait office de simple figuration. Quant aux sept titres bonus de la "3am edition" assez dispensable, on retiendra surtout le très joli "Bigger Than The Whole Sky". Ainsi avec "Midnights", Taylor Swift propose un album pop à la fois délicat et puissant qui s'annonce déjà comme l'un des albums incontournables de l'automne. TB
Ça ressemble à un croisement entre la pop de "1989" et la douceur de "Folklore" A écouter : l'excellent "Karma", les tubes évidents "Lavender Haze" et "Anti-Hero", "Mastermind" A zapper : "Midnight Rain" et "Vigilante Shit", plus faibles.
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Arctic Monkeys | "The Car"
Panne sèche. « Ce ne sera jamais comme "R U Mine ?" ». Cette phrase du batteur Matt Helders aurait dû nous mettre la puce à l'oreille. En résumé : ne vous attendez à un blockbuster rock dans la lignée de "AM" et son tube "Do I Wanna Know ?". "The Car", septième album des rockeurs anglais Arctic Monkeys, est une véritable suite logique de "Tranquility Base Hotel + Casino" (2018). Pour le meilleur et pour le pire. Si les gros riffs rock ont été remplacés par une pop plus raffinée, baroque et inspirée des années 60 et 70, le groupe rate le coche. Là où le précédent déroutait autant qu'il surprenait par ses idées musicales plutôt réussies, "The Car" frôle la panne sèche. Alex Turner se la joue plus crooner que jamais sur 10 morceaux qui se veulent inutilement complexes. Pire, quasiment aucun titre ne ressort de ce disque homogène qui, pour le résumer simplement, est assez répétitif et ne décolle finalement jamais. On a un peu de peine pour le guitariste Jamie Cook et le batteur Matt Helders, si primordiaux par le passé, dont les interventions sont ici très limitées, mis à part un solo de guitare sur le morceau-titre. Toutefois, l'album se redécouvre plus agréablement au fil des écoutes et quelques chansons finissent par sortir du lot comme "Hello You", le plus rythmé du projet, ou le final "Perfect Sense". Si Arctic Monkeys déjoue les attentes avec ce disque chic mais non-commercial, le résultat reste trop monotone et régulier pour maintenir notre attention jusqu'au bout de ces 37 minutes. "The Car" n'est donc certainement pas le grand disque vendu par de nombreuses critiques anglaises dithyrambiques. TB
Ça ressemble à une proposition ambitieuse mais qui tourne à vide A écouter : "Hello You" ou "Perfect Sense" qui sortent du lot A zapper : "Big Ideas", "Jet Skis On The Moat" et "Mr. Schwartz"
Foé | "Paradis d'or"
Le toucher de Midas. Une musicalité élégante se dégageait de l'album "Îl" de Foé, emmené jusqu'aux Victoires en 2019 avec ses compositions incarnées. Quatre ans plus tard, l'artiste toulousain s'est débarrassé d'un certain maniérisme dans la voix pour embellir son jeu d'interprète. Et le résultat est là : splendide et passionnant, passionnel aussi, son deuxième opus "Paradis d'or" touche à cette préciosité que suggère son nom. Pianiste d'exception, Foé se révèle ici en mélodiste appliqué, qui se fait le chef d'orchestre d'une multitude d'instruments (familiers mais aussi orientaux, comme sur la chanson-titre "Paradis d'or) mise au service des chansons, toutes proposées dans un écrin, sans jamais noyer sa voix. Et quelle voix ! Avec une intensité profonde, celle-ci nous conte l'amour, tel qu'il n'arrive que dans les films de cinéma sur l'incandescent "Je brûle" ou le Radioheadesque "Une minute". Non seulement c'est très beau mais c'est aussi captivant, car l'intime devient l'universel, et le soin apporté aux arrangements (et aux transitions) élève la beauté de l'ensemble, plein de nuances, à un tout autre niveau. On est suspendu à ses lèvres en découvrant "Le temps court" - à se damner - ou "Commun", qui pourraient prétendre à devenir de nouveaux classiques de la chanson française. Foé en est déjà l'un des plus dignes représentants. Ne passez pas à côté de cette oeuvre remarquable ! YR
Ça ressemble à un coup de foudre musical A écouter : "Paradis d'or", le pop "Vida Loca", "Lemonade", "Commun", la claque "Le temps court" A zapper : "Vol 17", thématique déjà vue pour parler de rupture