Crédits photo : Pexels
L'abonnement aux plateformes de streaming musical sera-t-il bientôt plus cher pour les consommateurs ? C'est l'une des craintes des acteurs du marché de la musique enregistrée en France depuis que l'idée d'une taxe sur les plateformes de streaming a été suggérée par la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, devant le Sénat. Le 30 septembre, six députés de la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) ont approuvé cette piste en
proposant à l'Assemblée nationale un amendement inclus dans le projet de loi de finances pour 2023, visant à taxer Spotify, Deezer et autres Apple Music à hauteur de 1,5% de leurs revenus. Cette contribution financière servirait à assurer le financement du Centre national de la musique (CNM), dont le budget a explosé (120 millions d'euros de dépense depuis sa création fin 2019) pour couvrir les mesures de soutien à l'industrie durant l'épidémie de Covid-19. Une telle loi pourrait rapporter 21 millions d'euros chaque année. Problème ? Certains y voient un moyen détourné de proposer une "taxe anti-rap".
Le player Dailymotion est en train de se charger...
"Non à la taxe streaming"
Poids lourd du rap game, le rappeur Niska a publié un tweet incendiaire pour fustiger la mesure, en interpellant directement la ministre Rima Abdul-Malak sur le réseau social. «
Non à la taxe streaming. Taxe anti-rap, taxe raciste, taxe non justifiée » dénonce le
juré de "Nouvelle école". Un coup de gueule en écho à une vague d'inquiétude concernant les répercussions réelles de l'instauration d'un telle taxe. Les abonnés accuseront-ils une hausse du prix mensuel de leur abonnement ? Rien n'est moins sûr. «
Personne ne peut ainsi maîtriser les risques qu'une taxe streaming ferait peser sur la dynamique de l'abonnement, qui porte tout juste le retour à la croissance après 15 années de perte de valeur » déplore le Syndicat national de l'édition phonographique (
SNEP). Selon
Les Echos, une autre option se profile : les plateformes de streaming «
incluent dans leurs contrats une clause répercutant toute nouvelle taxe sur les redevances versées par les labels ». En clair, Spotify comme Deezer pourraient faire payer au prix fort les maisons de disques, en diminuant les royalties reversées pour contrebalancer cette perte financière.
"Ce serait une catastrophe"
Or, le rap, genre le plus populaire en France, se trouverait en première ligne, le streaming étant une source de revenus essentielle pour les artistes hip-hop. Selon
le rapport annuel du SNEP, les musiques urbaines représentent à elles seules 61% du Top 200 streaming de l'année 2021. «
Ce serait une catastrophe. (...) Le Centre national de la musique ne doit pas être une fosse aux lions » estime Bertrand Burgalat, le président du SNEP, qui note que ce sont également les enregistrements récents produits en France, «
et non les catalogues anciens ni les productions internationales », qui seraient pénalisés. Les titres de moins de 10 ans représentent en effet 80% de la consommation en streaming audio en 2021. Réticent, le syndicat n'est donc pas favorable à la création d'une nouvelle taxe, mais suggère d'autres pistes de réflexion. Afin de renflouer les caisses du Centre national de la musique (CNM), où le rap est sous-représenté, le SNEP propose plutôt «
une contribution des services vidéo gratuits dont les acteurs ne rémunèrent pas aujourd'hui la musique à sa juste valeur », à l'instar de Facebook, YouTube ou TikTok.