Dadju, Bad Bunny, Sigrid : 3 albums au banc d'essai
Pure Charts passe en revue trois albums qui font l'actualité musicale en ce mois de mai. Dadju se fait romantique sur l'efficace "Cullinan", Bad Bunny dynamite les vacances avec "Un Verano Sin Ti" et Sigrid confirme l'essai avec la pop fédératrice de "How To Let Go". Critiques en quelques lignes !
Crédits photo : Fifou / Eric Rojas / DR
Dadju | "Cullinan"
Brut de flamme. Dadju est devenu un artiste incontournable du paysage musical français en l'espace de deux albums, tout deux écoulés à plus de 500.000 exemplaires. Il sait donc que son troisième projet est très attendu... D'autant que pour "Cullinan", un diamant, l'artiste a dû faire face à un challenge de taille : préparer ce disque tout en sachant que des chansons seraient utilisées dans le film "Ima", une comédie romantique actuellement en salles et dans laquelle il tient le premier rôle (le sien). Facile donc pour lui de s'adapter à cette histoire afin de confectionner une collection de chansons qui lui permettent de revêtir son costume de lover, d'amant aguerri et/ou de bourreau des coeurs, tout en évoquant le succès ou son parcours, et donc de se raconter quand même ("Cursus"). Sur des sonorités globalement afro-zouk, l'interprète de "Mon soleil" reste dans sa zone de confort, tout en enrichissant ses mélodies, plus si faciles malgré les apparences ("King"), et s'offre quelques pas de côté pour se faire plaisir, pousser le curseur un peu plus loin. Collaborant avec des artistes très divers comme Gazo, Brigade, Ronisia ou Rema, il renforce alors ses productions pour se glisser sur des productions reggae ("One Time"), drill ("Picsou") ou de rumba congolaise ("Ambassadeur", déjà culte), et il s'en sort toujours avec une aisance déconcertante. Fort d'un sens du phrasé R&B, du mot qui glisse là où il faut et des ribambelles de refrains qui entrent en tête en une écoute ("Chance Moko"), malgré quelques clichés dans les paroles ("Petites attentions") et parfois une formule en pilotage automatique, Dadju marque l'essai encore et toujours (même si un autre duo avec Anitta n'aurait pas été de refus). Oh oh ah ! JG
Ça ressemble à l'album idéal pour l'été qui arrive A écouter :"King", l'énorme "Ambassadeur", l'explosif "Picsou", le tube "Toko Toko" A zapper : "Garde du coeur", répétitif, "L'officiel", moins fort, "Mauvaise déduction", "Je n'oublie pas"
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Bad Bunny | "Un Verano Sin Ti"
Un été sans fin. Un petit verre de "Moscow Mule" à la main, Bad Bunny ordonne déjà le début des vacances et des chaudes nuits d'ivresse avec "Un Verano Sin Ti", LA bande-son non officielle (mais c'est tout comme) de l'été. La superstar portoricaine dit avoir pensé son nouvel album comme "une playlist" et on lui accorde raison : dans cette 1h21 de reggaeton infusé par des sonorités trap et rock, une écriture pop et toute une palette de musiques latines et caribéennes, il y a un son pour chaque mood : la nostalgie ("Dos Mil 16"), le regret amoureux ("Yo No Soy Celoso"), la mélancolie ("Un Ratito") mais aussi la fête et ses thématiques associées (la liberté, l'argent, le sexe), intrinsèques à ce genre en constante expansion. Les auditeurs en quête de soleil se rueront sur les tubes clés en main que sont "Tarot" feat. Jhay Cortez, "Party" avec Rauw Alejandro, "Enséñame a Bailar" et les quelques excursions savoureuses dans le folklore sud-américain comme cet improbable virage mambo sur "Después de la Playa" ou le reggae "Me Fui de Vacaciones". Dans cette optique de partage, Bad Bunny prend d'ailleurs plaisir à offrir une plateforme à quelques groupes en pleine ascension comme Buscabulla, Bomba Estereo ou The Marias. Un disque un poil long mais à écouter l'esprit tranquille, les pieds dans le sable, avec le bruit des vagues et le cri des mouettes au loin. YR
Ça ressemble à la nouvelle usine à streams de l'hypercréatif Bad Bunny A écouter : Les explosifs "Tarot", "Moscow Mule" et "Party", "Yo No Soy Celoso" et "Callaita" pour chiller A zapper : "Un Verano Sin Ti", qui ne décolle jamais
Sigrid | "How To Let Go"
Don't Kill Her Vibe. Sigrid est sans conteste l'une des plus belles révélations pop de ces dernières années. Après son explosion avec "Don't Kill My Vibe" ou "Strangers" en 2017, la chanteuse norvégienne a confirmé les espoirs placés en elle sur son premier album "Sucker Punch" en 2019, soit un an et demi plus tard. Un temps d'attente plutôt long pour Sigrid, qui reprend la même stratégie pour son deuxième album "How Let Go", disponible tout juste un an après son premier single "Mirror". On aurait pu croire que, comme pour beaucoup, le cap du deuxième disque serait difficile. Que nenni ! Sur ses 12 nouvelles pistes, Sigrid fait évoluer sa pop, musicalement plus recherchée. Les singles sortis ces derniers mois, du tubesque "Burning Bridges" à l'envoûtant "It Gets Dark", donnaient le ton mais le reste n'a pas à rougir. Avec les puissants "Risk of Getting Hurt", "Thank Me Later" ou "A Driver Saved My Night", Sigrid prouve une nouvelle fois sa facilité presque déconcertante avec laquelle elle enchaîne les petits tubes pop bien ficelés et bâtis pour être écoutés en boucle, quitte à flirter avec le rock sur "Bad Life" en collaboration avec le groupe Bring Me The Horizon. Et elle n'oublie pas non plus de ralentir le tempo sur quelques ballades comme "Last to Know" ou "Grow", peut-être un peu moins fortes que le reste de ce projet parfait pour ce printemps ensoleillé. Certes, Sigrid ne réinvente - ni musicalement ni thématiquement (elle parle d'aller de l'avant et de laisser les choses derrière soi) - une pop qui voit arriver de nouveaux artistes chaque semaine. Mais elle lui donne un véritable coup de frais et souligne qu'elle est désormais prête à s'installer durablement dans le paysage. TB
Ça ressemble à un deuxième album pop d'une artiste partie pour durer A écouter : les tubes en puissance que sont "Burning Bridges", "Risk of Getting Hurt", "Thank Me Later" et "Bad Life" A zapper : "Grow" et "High Note", une fin d'album plus faiblarde