Zaz, Elton John, Lana Del Rey : 3 albums au banc d'essai

Pure Charts passe en revue trois albums phares du moment. Zaz brise sa carapace sur l'intime "Isa", Elton John s'offre une cure de jouvence avec "The Lockdown Sessions" et Lana Del Rey apaise son univers sur "Blue Banisters". Critiques, en quelques lignes !
Crédits photo : Pochettes

Zaz | "Isa"


La vie en rose. Après avoir eu envie de tout arrêter, Zaz va bien, va mieux. Et si elle est aujourd'hui si épanouie c'est qu'Isabelle Geffroy, son vrai nom, l'est aussi. Ayant entrepris un travail personnel pour mieux se connaître et exister en se dissociant de son personnage publique, l'artiste a ensuite trouvé l'amour. Alors, forcément, elle voit aujourd'hui le monde - intérieur et extérieur - différemment ! S'éloignant de ses tubes "Je veux" ou "On ira", Zaz se débarrasse des artifices et fend l'armure sur "Isa", son cinquième album, nourri de tous ces chamboulements personnels. Et cela s'entend aussi bien dans les sonorités plus intimistes et organiques, que dans sa voix, limpide et apaisée. Elle s'entoure ici des auteurs-compositeurs Barcella, Noé Preszow, Laurent Lamarca, Tibz, Ben Mazué et même Renaud Rebillaud, pour une collection de 13 chansons intimes et délicates, pleines de tendresse, parfois de mélancolie. Remplie d'espoir malgré l'état de notre planète, l'artiste, reboostée grâce à l'amour qui la comble chaque jour, chante d'emblée "Les jours heureux", évoque le conflit entre Isa et Zaz sur "A perte de rue", avant de faire une déclaration d'amour à sa belle-fille sur "Ce que tu es dans ma vie", et de s'adresser à son père sur le nostalgique et touchant "Comme tu voudras". Au passage, elle "Imagine" un monde plus doux pour les prochaines générations sur son premier single, seul titre dans la lignée de ses tubes, s'inquiète pour elles sur "Le reste", et se fait aussi politique ici et là, en évoquant notamment le sort des migrants sur "Avec son frère". Une nouvelle Zaz est née, alors ne manquez pas "Là-haut", la plus belle chanson du projet, pour le saisir véritablement. JG

Ça ressemble à l'album d'une artiste qui s'est trouvée
A écouter : le paisible "Les jours heureux", le superbe "Là-haut", le très beau "Chant des grives", "De couleurs vives", feel good à souhait
A zapper : "Exister", "Le jardin des larmes" avec Till Lindemann





Elton John | "The Lockdown Sessions"


The masked singer. Éclectique, c'est peut-être le mot qui définit le mieux le nouvel album d'Elton John. Après plus de 50 ans à bercer des générations entières avec ses chansons mythiques, et alors qu'il doit honorer sa tournée d'adieux jusqu'en 2023, l'icône de la pop britannique a toujours le feu sacré. Preuve en est avec ces "Lockdown Sessions" confectionnées, comme son titre l'indique, durant les confinements successifs de la pandémie de Covid-19. On aurait tort de prendre ce disque, qui incorpore les récentes collaborations du chanteur avec Miley Cyrus, Gorillaz ou Years & Years (mais pas Lady Gaga, snif), pour une simple compilation puisqu'on y retrouve une foule de titres inédits. Les lunettes glamour tournées vers le passé mais un pied dans l'avenir, Sir Elton sait peut-être comme personne mélanger les styles et les époques. Souvent pour le meilleur : on ne se lasse ni du tube "Cold Heart" avec Dua Lipa, formidablement bien fignolé par le duo australien PNAU, ni de l'incroyable "Finish Line" avec Stevie Wonder. Deux monstres sacrés pour le prix d'un ! Comme sur le très vintage "Stolen Car" avec Stevie Nicks, qui aurait fait hurler les foules dans les années 80. Et même si on était sceptique sur le papier, l'association avec Young Thug et Nicki Minaj sur "Always Love You" est une curieuse réussite. Hélas, parfois pour le pire : la voix d'Elton apparaît noyée d'effets numériques inutiles sur "After All" avec Charlie Puth, le duo avec Lil Nas X est au mieux anecdotique (Elton n'apparaît qu'au piano) et la chanson "Chosen Family" avec Rina Sawayama s'avère jolie, sans grandement passionner. Si la profusion des genres musicaux effleurés du doigt par Elton John, y compris du drum'n'bass (!), pourra en rebuter certains, force est de constater que le plaisir pris par l'artiste est redoutablement communicatif. YR

Ça ressemble à la démonstration qu'à 74 ans, Elton reste le feu-follet qu'on aime tant
A écouter : Cold cold heaaaart, "Orbit" avec SG Lewis, les duos avec les Stevie(s)
A zapper : "One of Me" avec Lil Nas X, cruellement décevant


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Lana Del Rey | "Blue Banisters"


Poésie indécise. Oubliez la Lana Del Rey évoquant le glamour du Hollywood des années 50. Depuis l'excellent "Norman Fucking Rockwell", la star américaine semble avoir opté pour un univers de plus en plus épuré musicalement. Un résultat qui a fait mouche au vu de l'accueil dithyrambique qui lui a été réservé, poussant l'artiste de 36 ans à accélérer la cadence. Ainsi, sept mois après le moyen "Chemtrails Over The Country Club", la chanteuse revient déjà avec un nouvel album "Blue Banisters", véritable suite logique du précédent. Les fans de cette sobriété seront ainsi ravis de retrouver sa voix mélancolique, souvent accompagnée par quelques notes de piano ou de guitare, sur un album certes agréable à écouter mais qui ne tient pas sur la longueur. Loin de l'univers pop onirique de ses débuts, Lana Del Rey se réinvente en reine des ballades, à l'instar des très beaux "Violets for Roses" ou "Arcadia" dont la douceur sied bien à la saison automnale, et se fait de plus en plus poétique dans les textes, parlant du confinement, de ses relations amoureuses complexes et même de Picasso. Malheureusement, tout comme sur "Chemtrails...", l'homogénéité des 15 titres rend l'album assez répétitif sur la longueur, tant et si bien qu'on a l'impression d'entendre peu ou prou la même formule à chaque piste. Ce qui est dommage car prises à part, chaque chanson recèle d'un joli potentiel, qui tend à s'effacer à l'écoute intégrale. Fort heureusement, le milieu de l'album réserve les meilleurs titres comme "Dealer", un duo avec Miles Kane où la voix de Lana atteint des hauteurs insoupçonnées, "Thunder" et "Wildflower Wildfifre", sur lesquels elle retrouve sa fougue. Ainsi, avec "Blue Banisters", Lana Del Rey pousse donc encore plus loin son épuration musicale, quitte à délaisser l'univers cinématographique qui a fait son succès. C'est plutôt dans cette direction qu'on aimerait toutefois l'entendre sur son prochain album. TB

Ça ressemble à une version améliorée de "Chemtrails..."
A écouter : "Thunder", "Dealer" et "Wildflower Wildfifre", l'excellent triplé en milieu de disque, "Black Bathing Suit", "Text Book"
A zapper : la reprise d'un thème d'Ennio Morricone sur une interlude totalement en décalage avec le reste du projet


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