Pass sanitaire obligatoire pour les concerts : le coup de gueule des professionnels

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
L'obligation de présenter un pass sanitaire pour aller voir des concerts divise l'opinion. En interview pour Franceinfo, le président du Syndicat des Musiques Actuelles Laurent Decès déplore une baisse des ventes de billets depuis l'instauration de cette règle : "Ça reste une obligation vaccinale déguisée".
Crédits photo : Bestimage
C'est la question épineuse du moment. L'obligation de présenter un pass sanitaire (preuve de vaccination complète ou test PCR/antigénique négatif) à l'entrée des salles de cinémas, de concerts ou des musées divise l'opinion et les professionnels du secteur culturel. Ainsi, les effets se font déjà ressentir puisque les salles de cinémas ont observé une chute de fréquentation ces dernières semaines, malgré la sortie de "Kaamelott" ou "OSS 117". Il en est de même du côté des concerts : prévu du 10 au 12 septembre prochains, le festival parisien We Love Green a été annulé pour la deuxième année consécutive. Les organisateurs pointent du doigt une situation toujours aussi incertaine pour le public comme pour les artistes invités et la « menace croissante d'un durcissement des conditions sanitaires » : « Le risque de faire une édition fortement dégradée pour un festival de cette ampleur est devenu trop important et nous avons dû nous résoudre à prendre cette douloureuse décision afin de préserver notre ambition pour 2022. Il n'y aura pas de WE LOVE GREEN 2021, on aura tout essayé ».

Le player Dailymotion est en train de se charger...


"Ce pass sanitaire reste une obligation vaccinale déguisée"


Ainsi, la rentrée pour le secteur musical et du spectacle vivant n'est pas encore certaine, bien que de nombreuses tournées soient programmées dans les mois à venir. Interrogé par Franceinfo, Laurent Decès, le président du Syndicat des Musiques Actuelles (SMA), assure que l'été a été très « mouvementé » pour les professionnels du monde des concerts et festivals. Bien que l'arrivée du pass sanitaire a permis de « maintenir des concerts avec une capacité d'accueil raisonnable », celui-ci a mis les organisateurs « dans une situation extrêmement délicate ».

En effet, depuis l'instauration du pass sanitaire, les professionnels ont observé un ralentissement des ventes de billets, notamment dans des festivals comme les Vieilles Charrues ou les Francofolies de la Rochelle, tandis que certains concerts de Tryo ont eu du mal à faire le plein. « On envoie un signal fort pour que les gens reviennent dans les concerts et on nous taxe de macronisme, de faire l'apologie du vaccin, de jouer pour le pognon » déplore le groupe, qui a reçu des « insultes » de la part des "anti-vaccins".



Les professionnels "inquiets" face à la rentrée


Pour Laurent Decès, ce fameux pass sanitaire peut-être « discriminant pour les personnes qui ne l'ont pas » et demande du « personnel supplémentaire » : « On y arrive, c'est relativement fluide, le public est compréhensif. Ce qui est plus difficile à jauger, c'est la part du public qui décide, d'entrée de jeu, de ne pas se rendre sur place. On peut quand même le voir sur les baisses d'achat de billets ». Alors qu'une quatrième vague épidémique est redoutée, le président de la SMA craint l'arrivée des tests payants à l'automne : « Pour nous, ce pass sanitaire reste une obligation vaccinale déguisée. L'État demande aux professionnels d'assumer une responsabilité qui ne leur incombe pas véritablement »

Egalement directeur du Petit Bain, Laurent Decès assure que pour sa salle parisienne, « des questions éthiques » vont commencer à se poser. En effet, si tous les spectateurs sont soumis au pass sanitaire, il en sera de même pour les salariés, ce qui veut dire « briser un secret médical » et risquer de mettre l'établissement de 450 places dans une situation encore plus difficile qu'elle ne l'est. Alors que les tournées de Benjamin Biolay, Grand Corps Malade ou Vianney auront lieu à l'automne, Laurent Decès indique que les professionnels du secteurs sont « plutôt inquiets » pour cette rentrée, en raison des « vagues de reports et d'annulations de concerts », des « grilles extrêmement remplies en fin d'année » et des nouvelles annulations des artistes internationaux, en raison de la crise sanitaire. Comme beaucoup, il espère donc que cette rentrée musicale se fera sous les meilleurs auspices et sans la crainte d'une nouvelle fermeture des établissements.

Charts in France

  • A propos de Pure Charts
  • Mentions légales
  • Publicité
  • Politique de cookies
  • Politique de protection des données
  • Gérer Utiq
  • Nous contacter