Roselyne Bachelot répond au secteur culturel en colère : "La culture n'est pas à l'arrêt"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Plusieurs syndicats culturels s'unissent pour adresser une lettre ouverte au gouvernement et demander une meilleure visibilité concernant la reprise de leurs activités. Au "Parisien", Roselyne Bachelot répond à la colère du secteur et assure que "l'Etat sera solidement et solidairement aux côtés de chacun".
Crédits photo : Bestimage
"Déconfinons la culture !". Voilà l'appel que lancent plusieurs acteurs du secteur culturel, en grand danger depuis l'explosion de la crise sanitaire liée au coronavirus (Covid-19), il y a tout juste un an. Dans une lettre ouverte publiée dans le Parisien et adressée à Emmanuel Macron, une vingtaine de syndicats, associations ou fédérations du milieu de la culture, regroupée sous le mouvement #RebranchonsLaCulture, demande au gouvernement « un calendrier et un cadre de réouverture des lieux ». Soumis à « un stop and go répétitif et imprévisible », les lieux culturels n'ont « jamais pu bénéficier de visibilité sur [un] calendrier de reprise » contrairement à d'autres non essentiels ou des centres commerciaux qui ont pu rouvrir dès le 28 novembre dernier, peut-on lire dans la lettre ouverte : « Un an de confinement pour la culture, cela signifie concrètement que de très nombreux artistes, auteurs et créateurs ne peuvent plus pratiquer leur métier, ni vivre de leur art. L'interdépendance de leurs activités entraîne un effet domino préjudiciable pour l'ensemble des secteurs créatifs ».

Un "confinement de la culture" décrit comme un "choix politique"


Soulignant à quel point cette année a été catastrophique pour le milieu culturel (90% des pertes de revenus pour le spectacle vivant, 76% pour la musique), cette lettre tend à expliquer au chef de l'Etat que les conséquences financières et psychologiques de ces 12 derniers mois risquent de créer une « génération sacrifiée » d'artistes : « Nombre d'entre eux vont devoir renoncer à leur métier, faute de pouvoir en vivre ; et de très nombreux talents en devenir ne pourront jamais éclore. C'est une véritable urgence nationale, qui met en cause l'avenir de notre modèle culturel ». Alors que l'Angleterre a annoncé que les cinémas pourraient rouvrir le 17 mai et les salles de concerts à grande échelle le 21 juin, les acteurs du secteur culturel français demandent davantage de précisions face à « ce confinement de la culture » décrit comme « un choix politique », ainsi que la poursuite des négociations pour la réouverture des lieux culturels et « l'accélération de la mise en œuvre des aides prévues par le plan de relance ». « Nous appelons l'Etat à déconfiner la culture, dans des conditions compatibles avec le fonctionnement et le modèle économique de chacun » écrivent-ils.

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Face à ce nouveau cri d'alarme du secteur culturel, Roselyne Bachelot réagit. La ministre de la Culture, qui a récemment confirmé que les librairies et les disquaires seront désormais considérés comme des commerces essentiels en cas de troisième confinement, explique au Parisien être en train de dessiner « un cadre » avec le secteur culturel pour permettre la reprise des activités. Rappelant que les pays voisins qui « desserrent les contraintes », comme l'Espagne ou l'Italie, et rouvrent les lieux culturels peuvent le faire car « leur situation sanitaire est largement meilleure que la nôtre », la locataire de la rue de Valois assure que « la culture n'est pas à l'arrêt dans notre pays ».

« Les captations, les résidences, les tournages, et les répétitions si importantes pour préparer [et] présenter des spectacles quand les lieux culturels vont rouvrir, sont maintenus. Tout cela permet de continuer la création, de proposer des projets culturels et de faire travailler tout un écosystème » insiste Roselyne Bachelot, saluant également les mesures prises pour le click and collect, la création de la chaîne Culturebox ou encore le fait que les « parcs, jardins et médiathèques ont également été maintenus ouverts ».



La culture non essentielle ? Une "qualification administrative"


De plus, si la ministre de la Culture reconnait que les salles de cinémas, les musées ou les théâtres ne sont pas des clusters, ce qu'une récente étude a bel et bien prouvé, elle nuance et assure que le cas par cas existe : « Il y a forcément eu des personnes qui ont pu être contaminées lors de spectacles et qui se sont ensuite égaillées dans la nature ne permettant pas d'identifier de réels clusters. Ensuite, il y a eu des contaminations parmi les équipes artistiques, ce qui doit évidemment être pris en considération ». C'est pour cela que Roselyne Bachelot et son ministère réfléchissent actuellement à un système de réouverture de ces établissements culturels, marqué par la régulation de flux de personnes.



Enfin, concernant le débat sur les produits culturels décrits comme non essentiels durant le deuxième confinement, Roselyne Bachelot rétorque qu'il s'agit là d'une « qualification purement administrative ». Rappelant n'avoir jamais failli au soutien du secteur culturel via une mobilisation financière de 7 milliards d'euros pour le secteur, la ministre de la Culture assure que « l'Etat sera solidement et solidairement aux côtés de chacun, autant que de besoin ».

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