Brexit : les artistes sont en colère car ils devront obtenir un visa pour jouer en Europe

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Selon The Independant, le gouvernement britannique a "rejeté l'offre" de demande de visas de travail gratuits pour permettre aux artistes de voyager et de tourner en Europe. Malgré une pétition signée plus de 240.000 fois, une source assure que le pays veut mettre "fin à la liberté de mouvement". Néanmoins, le gouvernement britannique a nié cette information.
Crédits photo : Bestimage
2021 commence sur une mauvaise note. Alors que le Royaume-Uni a quitté officiellement l'Union européenne le 1er janvier dernier, les artistes britanniques sont montés au créneau. En effet, pour pouvoir tourner en Europe à l'avenir, les chanteurs ou groupes, ainsi que leurs techniciens, n'auront pas le droit à des visas de travail gratuits, ce qui engendrerait des coûts supplémentaires. Une pétition, signée plus de 240.000 fois, a été lancée pour demander au gouvernement de leur « négocier un permis de travail ». « En tant qu'artiste freelance, moi et beaucoup d'autres dans mon cas voyagent en Europe d'innombrables fois par an pour des tournées ou des événements, et cela va devenir impossible à cause des coûts et du temps, si nous ne pouvons pas voyager sans visa gratuit » a écrit Tim Burgess du groupe The Charlatans, à l'origine de cette pétition. Sauf que la proposition aurait été refusée par le gouvernement britannique.

Le Royaume-Uni nie cette information


Selon le quotidien The Independant, le Royaume-Uni a donc « rejeté l'offre » des visas gratuits pour les musiciens britanniques afin de voyager dans les pays européens. « Une proposition standard pour exempter les artistes d'énormes coûts financiers et d'une bureaucratie pendant 90 jours a été refusé » précise le quotidien anglais, qui cite une source proche des négociations : « C'est généralement dans nos accords avec les pays tiers que les visas [de travail] ne sont pas requis pour les musiciens. Nous avons essayé de les inclure mais le Royaume-Uni a dit non ».

Néanmoins, comme le rapporte un porte-parole au NME, le gouvernement britannique a nié cette information : « Cette histoire est une spéculation incorrecte et trompeuse de la part de sources anonymes de l'Union Européenne. Le Royaume-Uni a fait pression pour un accord plus ambitieux avec l'Union Européenne sur les déplacements des voyageurs d'affaires, qui aurait couvert les musiciens, mais nos propositions ont été rejetées par l'Union Européenne ». De son côté, la source de The Independant donne une toute autre version : « Le Royaume-Uni a refusé cet accord parce qu'ils veulent mettre fin à la liberté de mouvement. Il est faux de dire qu'ils ont demandé quelque chose de plus ambitieux ».

"Nous faisons du bruit pour vivre. Nous n'allons pas rester silencieux"


Une mauvaise nouvelle qui a évidemment mis en rage de nombreux artistes. Sur les réseaux sociaux, Thom Yorke (Radiohead), le groupe Shame ou encore Lily Allen ont exprimé leur colère, tandis que Geoff Barrow, membre du groupe Portishead, partage le hashtag #BorisKilledMusic (Boris a tué la musique). Alors que l'association Musician's Union se dit « énervée et alarmée », Horace Trubridge, le secrétaire général de l'organisation, s'est aussi expliqué dans un communiqué : « Alors que l'industrie musicale britannique a été dévastée par la Covid-19 et avec aucune finalité en vue en raison du trou noir entourant les concerts, les tournées et les festivals annulés, la nouvelle, si elle est vraie, que nos représentants ont choisi de refuser une telle offre est incroyable ».

De son côté, Greg Parmley le PDG de LIVE, demande au gouvernement « de clarifier d’urgence ce qui a été proposé par l’Union Européenne pour permettre des tournées sans visa d’artistes et d’intermittents du spectacle britanniques ». Même au sein du Parlement, la décision divise. La députée travailliste Alison McGovern s'insurge : « Les fans ne leur pardonneront jamais. La musique est un énorme export pour le Royaume-Uni, jouer et faire des tournées sont désormais l'un des principaux moyens pour les artistes de se faire de l'argent. Donc pourquoi les conservateurs rendent délibérément la chose plus difficile pour les musiciens d'avoir le plus d'opportunité en Europe ? ».



Enfin, Tim Burgess, à l'origine de la pétition, n'a pas caché non plus sa colère. Dans une tribune partagée par The Independant, le chanteur se dit « trahi » par cette décision : « Les gros artistes qui se produisent dans des stades seront les plus a même de survivre, mais tous ceux en dessous de ce niveau vont être durement touchés (...) Cela va au-delà des permis de travail, de permis de conduire, de suivi sanitaire et les choses les plus évidentes - chaque T-shirt ou objet de merchandising devra être compté pour des raisons de taxes. C'est beaucoup de choses à compter à chaque passage frontalier ». Ainsi, le leader des Charlatans demande une nouvelle fois au gouvernement britannique des précisions plus claires : « Qu'ont-ils vraiment demandé ? Comment un accord a-t-il pu être fait ? Nous faisons du bruit pour vivre. Nous n'allons pas rester silencieux ».

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