Coronavirus : Aloïse Sauvage témoigne de l'impact sur les artistes en développement

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
La crise sanitaire du Covid-19 s'est transformée en crise économique pour le secteur culturel. L'impact sur l'industrie de la musique, et notamment les jeunes artistes en développement, est réel. "Financièrement, c'est compliqué" témoigne la chanteuse Aloïse Sauvage.
Crédits photo : Abaca
Aloïse Sauvage est l'une des révélations de l'année. Nommée aux dernières Victoires de la Musique, la chanteuse, circassienne et comédienne vue dans "120 battements par minute" devait emmener sa fougue contagieuse aux quatre coins de la France cet été lors d'une tournée-marathon lancée pour soutenir la sortie de son premier album, l'excellent "Dévorantes". « Je veux que ce soit fort mais ça peut passer par quelque chose qui t'emporte physiquement. Et j'ai aussi envie de faire danser les gens. En studio, j'étais super contente de toucher ce rêve du bout des doigts, et je me disais : "Aloïse, tu vas pouvoir faire la musique que tu écoutes mais avec tes mots et ton écriture" » confiait-elle en interview pour Pure Charts. Hélas pour elle, le timing n'a pas joué en sa faveur. L'explosion des cas d'infectés au coronavirus (Covid-19) a bouleversé le secteur culturel, qui a vu les salles de concerts et les commerces fermer. Un coup économique énorme : la crise occasionnera entre 119 et 166 millions d'euros de pertes sur l'année 2020 selon une étude menée par le SNEP, qui s'inquiète d'un « affaiblissement de la diversité culturelle et artistique ».

"Le confinement a stoppé les ventes de mon album"


Outre les tourneurs, producteurs et maisons de disques, les artistes en développement sont les premiers touchés par ce manque à gagner considérable. Dans les colonnes du Parisien, Aloïse Sauvage témoigne des conséquences réelles de cette situation alarmante sur sa jeune carrière. « Le confinement a stoppé les ventes de mon album, qui venait de sortir. Les magasins étaient fermés et les chiffres sont vraiment bas. J'attendais beaucoup de la tournée qui arrivait pour continuer à promouvoir l'album sur scène et dans les médias, mais elle n'a malheureusement pas commencé. En confinement, c'est forcément difficile de rester visible » explique l'interprète de "A l'horizontal", qui a du, comme bon nombre d'artistes, s'adapter : « J'ai fait tout ce que j'ai pu, en étant active sur les réseaux sociaux, en faisant un clip confiné, mais cela ne remplace pas le live. Tout ce que je fais, c'est pour être sur scène ».




"Financièrement, c'est compliqué"


Le premier concert de sa tournée devait avoir lieu une semaine après le début du confinement. La saison promettait d'être belle pour Aloïse Sauvage, programmée dans les plus grands festivals français comme le Printemps de Bourges, le Fnac Live ou les Vieilles Charrues. L'interprète de "Méga Down" devait même se produira à la Cigale à Paris avant de fouler la scène mythique de l'Olympia en ce mois de juin. Au total, « trente-six dates ont été annulées ou décalées ». « Ma tournée est reportée en septembre, avec la Cigale le 24, mais je ne sais même pas si cela sera possible. Avant, il y aura peut-être une date le 11 juillet à Saint-Nazaire, peut-être un festival dans l'Essonne à la rentrée, mais tout peut changer demain. Tout est flou et cela peut être angoissant » se désole-t-elle.

Sans concert, première source de revenus pour les artistes, pas de rémunération durable. « Financièrement, c'est compliqué. En tant qu'intermittente du spectacle et chanteuse en développement, je gagne très peu. Je m'en suis aperçue en remplissant ma déclaration de revenus. (Rires) Ces derniers mois, j'ai travaillé comme une dingue, mais les périodes d'enregistrement, d'entraînement et de promotion, ne sont pas comptées dans l'intermittence. Et les concerts, je gagne entre 200 et 250 euros. J'espérais justement que la tournée améliorerait les choses » confie la chanteuse de 27 ans, inquiète pour la suite.

"Je reste positive et combative"


Malgré cet horizon nuageux, Aloïse Sauvage préfère se montrer optimiste. « Il n'y a rien de grave, puisque mes proches et moi sommes en bonne santé (...) Je reste positive et combative. Le bon côté du confinement, c'est qu'il m'a permis de créer, de réfléchir sur mon métier et nos pratiques, de mieux connaître mon corps et me remettre en forme pour mieux repartir… en septembre, j'espère » analyse le talent de l'écurie Initial Artist Services. Pour l'heure, l'incertitude plane encore sur la reprise du rythme de croisière des concerts en France. L'émission "Tous ensemble pour la musique", diffusée vendredi sur France 2 à l'occasion de la Fête de la Musique, sera le premier gros événement à accueillir du public dans le respect des règles sanitaires : 2.000 spectateurs sont attendus, au lieu des 20.000 personnes que peut contenir l'Accor Arena.

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