Les festivals reportés à l'automne : est-ce bien raisonnable ?

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Coachella, Primavera Sound, VYV Festival... Au lieu d'annoncer une annulation, ces festivals français et internationaux ont préféré reporter leurs éditions estivales entre la fin août et mi-octobre. Mais pourront-ils tout de même avoir lieu ?
Crédits photo : Lionel Urman / Bestimage
« Nous voulons y croire ». Cette phrase des organisateurs du VYV Festival sonne comme une note d'espoir, une lueur au bout du tunnel. Au lieu d'annuler son édition 2020, le festival dijonais a préféré décaler son week-end du 13 et 14 juin au 5 et 6 septembre, « en espérant néanmoins que l'actualité sanitaire nous le permette ». Les organisateurs y croient dur comme fer. Mais au vu de la crise sanitaire actuelle, peut-on espérer voir des festivals s'organiser entre la fin août et le mois d'octobre ? Très peu probable répond Gérard Pont, patron du Printemps de Bourges et des Francofolies, à 20 Minutes : « Ce serait irresponsable de planifier un festival à des dates que, finalement, nous ne pourrions pas tenir. Et les festivaliers nous en voudraient, à juste titre, de les mettre en danger sur le plan sanitaire. Les Francofolies, comme beaucoup de festivals d'été, c'est un rendez-vous, un état d'esprit, une ambiance. Si on n'a pas ça, ça ne marche pas ».

Un embouteillage à la rentrée ?


Le Tour de France est bien décalé à la rentrée, alors pourquoi pas les festivals ? Certains, à l'international, ont déjà pris les devants comme Coachella, qui se jouera en octobre, ou encore le Primavera Sound Festival à Barcelone, finalement décalé au dernier week-end d'août. Mais ce décalage massif pourrait créer « un énorme embouteillage » des événements et de leurs têtes d'affiche selon Emmanuel Négrier, qui confie dans les colonnes du Monde : « Entre le 16 mars et fin août était programmée bien plus de la moitié des festivals français ». Un temps pensé pour être lui aussi décalé au mois de septembre, le festival We Love Green est purement et simplement annulé. « [Le festival] était déjà en partie en production, en construction. Nous sommes donc très impactés » indique sa directrice Marie Sabot, qui incite les festivaliers à ne pas se faire rembourser ses billets pour aider We Love Green à « surmonter la tempête ».

"La situation devient intenable"


Se pose également la question des têtes d'affiches. Parmi les festivals toujours maintenus fin août, La Route du Rock doit accueillir les pionniers de l'électro Kraftwerk tandis que Rock en Seine s'est offert Rage Against the Machine. Ces groupes se risqueront-ils à venir jouer sur les scènes françaises ? Pour Arnaud Meersseman, à la tête de AEG (Rock en Seine), la question est de mise : « Est-ce qu'on aura l'accord des autorités pour des grands rassemblements en plein air en juillet et au-delà ? (...) Les gens vont-ils dépenser 80 à 100 euros pour un festival ? Et puis il y a les artistes américains, qui construisent leur tournée européenne en bloc de six semaines : vont-ils venir alors que leur nombre de dates s'est déjà réduit avec les premières annulations ? Sans nos têtes d'affiches, la situation devient intenable ».

"Il faut que tout le monde soit solidaire"


En Belgique, au Canada ou au Danemark, l'interdiction des manifestations est effective jusqu'au 31 août. Dans l'optique où certains festivals pourraient être maintenus, il y a un risque que les têtes d'affiches ne fassent pas le déplacement, par peur ou précaution. Pour Paul Langeois, directeur du fesitval Beauregard déjà annulé, interrogé par Ouest-France, la question ne se pose même pas : « Pas un seul groupe international ne tournera en France cet été et même certaines tournées d’automne semblent compromises. On annule leurs contrats. Mais il faut que tout le monde soit solidaire. Une bonne partie des groupes programmés devrait jouer l’an prochain. En 2021, on absorbera deux ans de charges pour une seule recette ».

Cette situation pourrait mettre certains festivals en péril financier, entre des millions d'euros de pertes et un bras de fer avec les assureurs. Il y a donc fort à parier que les activités des festivals et autres salles de concerts ne reprennent pas avant la fin de l'été, voire même la fin de l'année. « Il faudra que certains artistes acceptent de ne pas réclamer leurs cachets pour des dates annulées, que des festivals promettent des reprogrammations pour leur donner de la visibilité, que les salles travaillent beaucoup » explique un organisateur de tournée joint par 20 Minutes. Prochain rendez-vous 2021 ? Sting a déjà assuré qu'il sera de retour l'année prochaine au Main Square Festival, tout comme Pearl Jam pour la prochaine édition du Lollapalooza Paris.

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