Trois Cafés Gourmands répond aux critiques : "Qui sont-ils pour dire qu'on est des bouseux ?"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Le carton de Trois Cafés Gourmands fait des jaloux. Dans un portrait pour "Libération", le groupe répond aux critiques virulentes dont il fait parfois l'objet et revient sur son succès inattendu : "On nous disait qu'on ne correspondait pas".
Crédits photo : Play Two
Avec "A nos souvenirs", Trois Cafés Gourmands a donné naissance à un tube phénomène. Sorti de nulle part, ou plutôt de la Corrèze, l'hymne a mis plus d'un an avant de connaître un engouement inattendu dans les fêtes de village puis d'envahir les ondes radios. Six mois plus tard, Mylène, Sébastien et Jérémy sont en train de vivre un véritable conte de fées : le clip du morceau vient de franchir la barre symbolique des 100 millions de vues, leur album "Un air de rien" est certifié disque double de platine et la grande tournée de 60 dates dans laquelle les trois amis se sont embarqués fait un carton en billetterie. Face à la demande, de nouvelles représentations ont été ajoutées dans des Zéniths à l'automne. Trois Cafés Gourmands se produira même sur la scène mythique de l'Olympia le 2 décembre prochain. « Ce phénomène tel qu'il existe aujourd'hui, personne ne pouvait l'anticiper » admet Julien Godin, patron du label Play Two, à Libération. « Beaucoup nous disaient que ce n'était pas dans l'air du temps et très compliqué à travailler médiatiquement. Ça a démarré tambour battant et des gens de chez Deezer et Spotify nous ont même appelés en disant : "C'est quoi votre histoire ?" Le nombre d'écoutes était si élevé qu'ils ont contacté leur service antifraude pour savoir si tout était normal » raconte-t-il, expliquant que Trois Cafés Gourmands est parvenu à « briser les codes » du marché du streaming.

"Les gens en ont marre qu'on leur propose du faux"


Le succès qu'il rencontre, le groupe en est le premier surpris. Sa force ? « On est des personnes simples. On n'a pas honte de dire qu'on est des enfants d'agriculteurs et de commerçants et qu'on vient de la campagne, où nous aussi avons eu accès à la culture. Je sais bien que je n'ai pas le physique de Cindy Crawford et que j'ai cinq kilos en trop mais je ne suis pas là pour vendre mes fesses. Les gens ne sont pas dupes : ils en ont marre qu'on leur propose du faux ou de l'artificiel » tente d'analyser Mylène, la voix féminine de la bande. Et cette part d'authenticité a bouleversé la vie des interprètes du titre "Evidemment" : Jérémy et Sébastien ont tous les deux démissionner de leur travail respectif pour se consacrer pleinement à leur carrière. Ils s'accordent trois ans avant de faire un bilan : « C'est un peu une consécration de pouvoir essentiellement se consacrer à la musique (...) On ne sait pas ce qui peut arriver. Cela peut être éphémère ou cette vie peut tout simplement ne pas nous plaire ».

Si l'on se fie à l'accueil des Français, Trois Cafés Gourmands est bien parti pour durer. « Ils connaissent sur le bout des doigts des chansons qui ne sont pas passées à la radio. Ils viennent en concert parce qu'ils ont acheté et écouté entièrement le disque. Il y a au moins cinq singles potentiels à exploiter » se félicite Francis Puydebois, co-éditeur et conseiller du groupe.

Regardez le clip "Evidemment" de Trois Cafés Gourmands :



Les gilets jaunes de la musique ? "Un raccourci réducteur"


Mais la ferveur que suscite Trois Cafés Gourmands ne fait pas que des heureux. Cible de moqueries et de critiques parfois virulentes, la formation révèle s'être attirée les foudres de certains artistes qui refusent de voir leur nom apposé au sien sur l'affiche de festivals. « On sait qu'on ne fera pas certaines scènes à cause de ça. Mais qui sont-ils pour prétendre que notre musique est une musique de bouseux ? » s'indigne Mylène, choquée que l'on parle de Trois Cafés Gourmands comme des "gilets jaunes de la musique" : « On est de la province et les gilets jaunes, c'est la parole des provinciaux. On n'a pas aimé qu'on nous associe ainsi, c'est un raccourci réducteur. On est apolitique, de toute façon ». S'ils ont un temps été méprisés par les maisons de disques et les programmateurs, les trois comparses savourent leur belle revanche : « On nous disait qu'on ne correspondait pas. Mais quand tu es double disque de platine, curieusement, tu te mets à correspondre ! ».

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