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Souvenez-vous : le 29 septembre dernier, les radios privées et indépendantes (RFM, NRJ, Europe 1, Nostalgie, Fun Radio...) se
mettaient en grève. La raison ? Un projet de loi visant à durcir les règles de diffusion de la chanson française sur les ondes. Depuis le 1er janvier 1996, les stations sont dans l'obligation de diffuser 40% de production francophone aux heures de grande écoute, dont la moitié «
provenant de nouveaux talents » selon le CSA. Or, aujourd'hui, les radios sont accusées de contourner la loi en diffusant en boucle les mêmes titres (ceux de Louane, Fréro Delavega ou Christine and the Queens, par exemple) pour remplir ces fameux quotas. En septembre, selon le ministère de la Culture, 74% de la programmation francophone de NRJ était assurée avec seulement 10 titres. Même constat chez Skyrock, avec 67% de morceaux similaires.
Un quota assoupli, mais...
Pour mettre fin à ces pratiques, le gouvernement a donc envisagé d'inclure un amendement obligeant les radios à ajouter «
deux ou trois nouveaux titres » dans leurs playlists. Or, les programmateurs estiment que l'industrie actuelle de la musique ne permet plus cette marge de manoeuvre. Les chiffres sont éloquents : entre 2003 et 2014, la proportion d'albums francophones dans les bacs a baissé de 66%. Et aujourd'hui, une partie de la production française est davantage tournée vers l'international à l'instar de
MARINA Kaye ou David Guetta, qui proposent des chansons en anglais.
Dans l'impasse, les deux parties vont peut-être trouver un terrain d'entente avec l'amendement voté hier par les députés. Celui-ci prévoit d'alléger les quota de chansons francophones à la radio, qui vont passer de 40 à 35%. Certaines radios spécialisées dans la découverte, comme Nova ou Radio Latina, bénéficieront d'un "quota allégé" à 15%. En contrepartie, les radios devront s'engager en faveur de la diversité musicale : les titres diffusés devront être plus variés et de nouveaux talents devront être mis en lumière. C'est le CSA qui devra définir précisément la teneur des conditions demandées en échange. «
C'est une solution équilibrée » estime Audrey Azoulay, l'actuelle Ministre de la Culture. Mais elle ne fait pas l'unanimité dans l'hémicycle : Annie Genevard, député des Républicains, a estimé qu'on s'attaquait à «
l'un des grands principes fondateurs qui ont permis de protéger l'expression française ».