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Tove Lo en interview : "Tal est la Rihanna française"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Avec son toxique "Stay High (Habits)", Tove Lo a réussi à vampiriser la planète. Après un EP chargé de faire les présentations, la chanteuse suédoise dégaine aujourd'hui dans les bacs son premier album "Queen of the Clouds". L'occasion d'évoquer avec elle ses premiers pas dans la musique, son ascension fulgurante, le tournage chaotique de son clip mais aussi... Tal !
Crédits photo : Johannes Helje
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

Quel est ton premier souvenir avec la musique ?
Oh... (Elle réfléchit) Je ne viens pas d'une famille très branchée musique, tu sais. Mais je me souviens que mes parents aimaient bien mettre des morceaux de musique classique pendant les fêtes de Noël. Je devais avoir 7 ou 8 ans quand je me suis réellement intéressée à ça... J'étais dingue d'une chanson de Lisa Ekdahl. Je me rappelle d'une phrase en particulier, si je la traduis ça donne... « ouvre ta fenêtre, ouvre ta porte ». Oui, voilà. Je n'arrêtais pas de la répéter en boucle. C'était insupportable. (rires)

J'étais une ado rebelle
Tu écoutais quoi, adolescente ? De la musique classique ?
Ah non ! (sourire) Ça n'a jamais été un centre d'intérêt pour moi. Le premier disque que j'ai acheté, c'était le "MTV Unplugged" de Nirvana. Puis je suis tombée amoureuse de Hole, K's Choice et tous ces groupes de grunge. Ce n'est que bien plus tard que je me suis tournée vers des artistes pop comme Robyn. Au début, je me saoulais avec des grosses guitares et des paroles très sombres. Ce qui explique pas mal de choses, peut-être !

Donc tu étais une adolescente rebelle ?
Oh oui. Le package complet : les cheveux rose, le piercing dans le nez... Ma famille n'était pas très ravie. (Rires) Ma mère est plutôt cool, elle était là « Humpf... Bon, ok » mais mon père... Mon père est très conservateur. Parfois, il essayait de m'empêcher d'aller à l'école. Il hurlait : « Il est hors de question que tu sortes comme ça », et moi je répliquais « C'est ma vie, tu n'as pas à décider pour moi »... Ça fusait partout dans la maison ! Mais ça va, je n'étais pas une enfant si terrible.

Crédits photo : Fredrik Etoall
Je n'ai aucune limite, aucune censure
Comment tu en es venue à faire de la musique ?
Au lycée, je me suis orientée dans un établissement spécialisé à Stockholm. Il n'y avait pas de classique dans la formation, c'était plutôt pop-rock, blues, jazz, assez contemporain. Icona Pop, Robyn, Erik Hassle, le groupe NONONO... Beaucoup d'artistes suédois y sont passés. Tout le monde s'en foutait un peu des cours, on était comme des hippies, à faire de la musique dans les couloirs ! C'est là que j'ai réellement su que je voulais écrire et chanter. C'est un peu plus tard, vers mes 21 ans, que j'ai composé ma première chanson. Je suis entrée en contact avec un éditeur et j'ai pris la plume... pour d'autres. C'est un peu étrange finalement, car les choses se sont débloquées très vite à partir du moment où j'ai publié mon propre travail, pour moi.

C'est différent, d'écrire pour soi et pour les autres ?
Oui parce qu'il y a comme un cahier des charges à respecter. Moi, dans mes musiques, je n'ai aucune limite, je dis tout ce que je pense sans me censurer, il peut y avoir des insultes qui volent... Tu ne peux pas te permettre ça quand tu te glisses dans l'univers de quelqu'un d'autre. Mais c'est un beau challenge.

Et tu composes d'ailleurs pour des artistes français, puisque tu as donné ta chanson "Jealousy" à Tal...
C'est vrai ! Son équipe est complètement tombée amoureuse du titre et ils ont fait des pieds et des mains pour l'obtenir. Elle est très populaire ici, non ? On m'a dit qu'elle était « la Rihanna française », elle est géniale, donc j'étais là « Ok, d'accord, oui, elle peut l'avoir, aucun problème ! » (Rires). Ils ont enregistré une version en français - tu imagines mon hystérie - mais ils ont finalement opté pour l'originale afin de montrer qu'elle pouvait s'ouvrir à un public international. J'adorerais la rencontrer !

Écoutez "Jealousy" de Tal :



Une "Tove Lo song", ça ressemble à quoi alors ?
Sur ma page Facebook, j'appelle ça de la « dirty pop ». C'est brut, rugueux, à vif et honnête. Les percussions et la voix vous sautent au visage. Je fais rarement plus de deux prises en studio, car je ne veux pas que ce soit parfait. Je cherche la brèche, la fêlure, le petit tressautement dans la voix. Il n'y a pas de filtre. C'est ça l'idée. Je ne voulais pas faire de la pop raffinée, bien produite et aseptisée, comme il y en a partout.

D'où le nom de l'EP, "Truth Serum"...
Voilà. La musique me tient tellement à coeur que ça en est parfois douloureux. J'ai envie que transparaisse ce désespoir maladif dans mes morceaux. « C'est bien, c'est une bonne chanson » est le pire compliment qu'on me puisse me faire. Je veux que l'on ressente des choses, avec ses tripes.

Le tournage du clip ? Un enfer !
Ce qui nous amène à ton tube planétaire : "Stay High (Habits)". La chanson a un destin assez particulier puisque c'est en fait son remix qui cartonne. Comment es-tu entrée en contact avec Hippie Sabotage ?
Grâce au hasard ! Je ne les ai jamais rencontrés non plus, ce qui est décidément une bien mauvaise habitude. (Rires) Un jour, un ami m'envoie une vidéo de surf en me disant « Hey, ce n'est pas ta chanson ? ». J'étais scotchée. C'était brillant ! J'ai commencé à fouiller sur internet pour découvrir qui l'avait remixée et je les ai contactés sur Twitter pour leur demander si je pouvais inclure cette version sur mon EP. Je n'avais pas l'intention de la sortir en single, mais au Royaume-Uni, les programmateurs l'ont joué, la sauce a pris, les clubbers camés ont trouvé ça génial et voilà ! Tu rigoles mais c'est vrai ! Sans la partie rupture amoureuse, il ne reste que la drogue et la fête dans cette chanson. (Rires)

Devenir célèbre grâce à un remix, ce n'est pas trop frustrant dans un certain sens ?
Non parce que beaucoup de portes se sont ouvertes, pour eux comme pour moi. En concert, je joue ma version car ça me semble plus correct vis-à-vis du public, mais Hippie Sabotage a parfaitement su conserver l'ADN du morceau. J'adore le remix.




Derrière la mélodie entrainante, le texte est très sombre. Le contraste est d'autant plus saisissant dans le clip. Qui en a eu l'idée ?
Moi ! (Sourire) Avec Motellet, l'équipe de réalisation, on voulait que le spectateur sombre petit à petit dans ce tourment émotionnel... Sur le papier, c'était fun à tourner : trois de mes amis, filles et garçons, m'ont roulé des pelles pendant trois jours et on s'est torpillé à la vodka. Mais dans les faits, c'était la galère ! Les proprios du bar étaient au courant qu'on tournait un clip, bien sûr, mais pas les clients. Avec ma caméra accrochée à ma taille, les projecteurs braqués sur moi, j'étais l'attraction de la soirée. Comme tu peux l'imaginer, tout le monde me harcelait de questions : « Qu'est ce qu'il se passe ? A quoi ça sert ? ». J’ai dû jouer des coudes, les repousser, mais en même temps, j'étais tellement ivre... C'était intense ! Donc la scène où je pleure dans les toilettes n'a pas été très difficile à tourner car j'étais en pleine crise de nerfs. (Rires)

Ton premier album, "Queen of the Clouds", est donc enfin dans les bacs. Un disque que tu as découpé en trois actes : le sexe, l'amour et la douleur. Pourquoi ce choix ?
C'est une façon de dérouler une histoire. C'est un cycle qui se répète...

Ce n'est pas très optimiste !
Ça en dit long sur l'état déplorable de ma vie amoureuse, en effet. Mais le point positif c'est que tu en reviens toujours au sexe, qui est de loin la partie la plus intéressante ! (Rires) Plus sérieusement, j'aime ce concept du fil rouge. Il permet de mieux faire ressortir les émotions liées aux chansons, de comprendre l'état d'esprit dans lequel j'étais en écrivant "Not on Drugs" ou "Timebomb", et donc de s'imprégner du texte. C'est très important pour moi, qu'on ne se contente pas d'écouter juste un morceau mais qu'on en déchiffre le sens.

On l'a bien senti, la musique est une affaire très personnelle pour toi. Tu te verrais chanter en duo ?
C'est toujours captivant d'échanger avec un autre artiste car chacun possède sa propre vision du monde. J'ai un single qui vient de sortir avec Alesso, "Heroes", mais lui a géré la production et moi le texte et la partition vocale. C'est plus une collaboration qu'un duo ! Je rêve de travailler avec Lorde sinon. Et Mikky Ekko. Sa voix est à tomber par terre...

Toute l'actualité de Tove Lo sur son site internet et sa page Facebook.

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