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The Offspring en interview : "C'est en France que nous faisons nos meilleurs concerts"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
The Offspring signe un retour électrique avec son nouvel album "Supercharged". A l'occasion de son passage à Rock en Seine fin août, le chanteur du groupe Dexter Holland nous a accordé une interview sur le retour en force du punk-rock, les 30 ans de l'album culte "Smash" et leur volonté de continuer coûte que coûte.
Crédits photo : Daveed Benito
Propos recueillis par Théau Berthelot.

Votre précédent album "Let The Bad Times Roll" a atteint le top 10 des ventes dans une dizaine de pays. Ce joli succès vous a-t-il conforté dans l'idée de continuer l'aventure ?
Oui, carrément ! Avant "Let The Bad Times Roll", nous n'avions plus sorti d'albums depuis neuf ans. C'était en quelque sorte un accident. On a été très occupés, je suis retourné à l'école [il a obtenu un doctorat en biologie moléculaire, ndlr]... C'est une longue histoire, mais après tout ce temps, on s'est dit que cette fois-ci, on ferait les choses bien plus rapidement ! C'est ça qui est amusant quand on est dans un groupe : je suis toujours inspiré pour faire des chansons et des albums, c'est toujours génial.

C'est amusant d'expérimenter
Quel a été le déclic de ce nouvel album ?
Ça commence toujours par une observation de ce qui m'entoure. Je m'aperçois que les gens sont très égocentriques, ou qu'ils ne pensent qu'à eux, et ça m'a inspiré quelques chansons comme "Looking Out For #1". J'adore mes enfants, donc j'écris "Make It All Right"... L'inspiration vient de différents endroits et bien avant que tu t'en aperçoives, tu te retrouves avec trois-quatre idées et tu es sur le bon chemin. En règle générale, je suis toujours en train d'écrire, je peux être sous la douche et une idée me vient en tête. C'est ce qui m'est arrivé en Australie avec "Looking Out For #1". Je vais chercher dans mon dictaphone pour te montrer [il cherche et ne trouve que des extraits sonores pour des interviews, ndlr]. Enfin bref, tu vois l'idée (sourire).

Il s'appelle "Supercharged". Peut-on en déduire que c'est votre album le plus électrique ?
Je voulais que ce soit notre album le plus énergique. Je pense que le mot le plus juste serait "direct". Parfois, c'est amusant d'expérimenter des sonorités. Nous avons pas mal fait ça au fil des ans, sur des chansons comme "Dirty Magic" ou "Gone Away". Cette fois-ci, je voulais vraiment un album qui soit le plus direct possible. C'est pour cela qu'on l'a appelé "Supercharged", c'était le bon titre pour décrire l'album. Quand nous avons fini d'enregistrer toutes les chansons, nous n'avions pas de nom pour l'album. Parfois, on choisit simplement le titre d'une chanson pour nommer l'album, mais pas cette fois-ci !



Aujourd'hui, les gens sont très égocentriques
Le disque est marqué par l'arrivée d'un nouveau batteur, Brandon Pertzborn. Qu'a-t-il apporté musicalement à l'album ?
Dans un groupe comme le notre, la batterie est très importante ! Elle doit porter notre énergie. Ce n'est pas facile de jouer rapidement et d'avoir l'énergie pour proposer un rythme qui soit précis. Brandon a amené ça, et il peut vraiment jouer des rythmes très différents. Ce n'est pas seulement... (il tape un rythme de batterie classique sur la table) Il y a de ça, mais pas tout le temps, il faut savoir varier de tempo. Chaque batteur a son propre style et sa propre personnalité, ils ont leur différence. Mais j'aime beaucoup l'énergie brute qu'a amenée Brandon sur certaines chansons.

L'album commence sur la chanson "Looking Out For #1". Pour le groupe, c'est toujours un but aujourd'hui ?
Je ne sais pas... En fait, je trouve ça assez amusant parce que, peu importe ce que je fais, être sur Internet ou en train de conduire, les gens sont toujours très égoïstes. Je sens qu'il y a ça chez beaucoup de gens, ce côté "hors de mon chemin", au lieu d'avoir des gens très accueillants. Quand les gens sont sur Internet, ils ont l'impression qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent. Ils peuvent dire "fuck you" mais ils le tapent sur un clavier d'ordinateur, ils ne le disent pas à une personne en face d'eux. Il y a ce côté très autocentré des gens, c'est ce dont parle la chanson, de ce fait de vouloir être toujours numéro un.

Je voulais que ce soit notre album le plus énergique
Dans la chanson, vous dites : « We used to believe, in the hope and the dream, then they hit you with their lies » ("On avait l'habitude de croire en l'espoir et dans les rêves, et puis ils vous frappent avec leurs mensonges"). À quoi faites-vous référence ?
Je sais... (Il rigole) J'essaie d'écrire des chansons pour que leur sens ne soit pas si clair. J'aime bien laisser l'interprétation ouverte aux gens. Ça pourrait être un homme ou la société... Il y a toujours quelqu'un ou quelque chose qui va vous tirer par le bas.

La chanson "Come to Brazil" est un petit clin d'oeil à ce que les fans brésiliens demandent tout le temps...
On a reçu tellement de messages "Venez au Brésil" sur les réseaux sociaux ! Même quand on ne parle pas de concerts. C'est l'anniversaire de Noodles [le guitariste, ndlr] ? "Venez au Brésil". Peu importe, ils disent toujours ça ! On trouvait ça drôle d'écrire une chanson là-dessus et de clamer à quel point nous aimons venir jouer au Brésil. En plus, nous avons rajouté des sons que les Brésiliens vont aimer. Je suis très curieux de savoir s'ils vont aimer la chanson.

On aura le droit à un "Come to France" sur le prochain album ?
(Rires) Peut-être ! Quand on viendra jouer ici, on chantera plutôt "Come to France", on adaptera peut-être les paroles selon les pays...



Quand on viendra ici, on chantera "Come to France"
C'est d'ailleurs un titre à la rythmique quasi trash metal, tandis que d'autres dans l'album sont plus rock, ou assez pop ("Make It All Right"). Il y a toujours chez vous cette envie de diversifier les sons ?
C'est peut-être parce que je m'ennuie assez vite. Je ne sais pas si c'est délibéré, mais je me dis souvent : "On a une chanson qui sonne comme ça, essayons dans un autre style pour la suivante...". Vous savez, certains de mes groupes préférés ont beaucoup de chansons qui se ressemblent : je pense aux Ramones... Moi, j'aime que nos chansons diffèrent.

"Truth In Fiction" évoque le deepfake et les fake news. Pourquoi être allé sur ce terrain-là ?
L'intelligence artificielle est devenu un mot tellement à la mode. Les gens ne parlent plus que de ça mais ils ne savent pas trop ce qu'il en est vraiment. Certains pensent que ce sera la fin du monde, d'autres disent que c'est exagéré et que ce ne sera pas aussi mauvais. Les gens trouvent ça effrayant, ça peut l'être comme avec les deepfakes. Ça c'est assez flippant, car au final tu n'es jamais vraiment sûr : est-ce que c'est vraiment Tom Cruise ou... ? (Rires) Je trouvais ça intéressant d'en parler sur une chanson, et c'est aussi une idée fascinante. Ça va plus loin que de simplement dire si c'est, ou non, la vérité.

J'aime que nos chansons ne se ressemblent pas
Justement, quel est votre point de vue sur l'intelligence artificielle ? Sting en parle comme quelque chose de très mauvais, alors que les Pet Shop Boys disent que ça pourrait être un outil pour améliorer les choses...
De toute façon, c'est bien parti pour rester ! (Rires) J'espère me tromper, on le saura dans quelques années, mais je pense que c'est quelque chose qui peut être utilisé d'une bonne et d'une mauvaise façon. Il faudra juste savoir comment bien la manipuler...

Le riff de "The Fall Guy" m'a beaucoup fait penser à celui de votre tube "The Kids Aren't Alright", c'était voulu ?
Quand je parle de "Supercharged" et de la façon dont j'ai voulu qu'il sonne comme très direct, ça ne me dérange pas si parfois, ça ressemble à d'anciennes chanson de The Offspring. Donc oui, on se permet de le faire parfois !

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L'IA peut être utilisé d'une bonne et d'une mauvaise façon
Depuis quelques années, le punk rock connaît un retour en flèche entre vous, Blink-182, la tournée d'adieu de Sum 41, la tournée anniversaire de Green Day... Sans parler des succès d'Olivia Rodrigo et Avril Lavigne sur un versant plus pop !
C'est incroyable ! C'est dingue quand on pense qu'il y a encore cinq ans, aucun groupe à guitares ne passait à la radio. Mais c'est fou de voir à quel point la mode est cyclique, et que les choses finissent par revenir. En ce qui nous concerne, nous n'arrêtons pas de tourner, on s'amuse, on fait de super concerts... Le fait de voir que ce genre intéresse de plus en plus de monde, c'est vraiment très gratifiant. Ça nous nous fait nous sentir importants !

Vous avez joué devant un large public au Hellfest puis à Rock en Seine. Quel est votre lien avec le public français ?
C'est ici que nous faisons nos meilleurs concerts. On a fait un énorme concert l'an dernier à Paris, à Bercy, et c'est toujours un vrai plaisir de venir jouer ici car les shows sont tellement énormes. On a joué à... Nice, il y a pas longtemps ? Parfois j'oublie le nom de la ville (rires), mais j'arrive à me souvenir du lieu, c'était un vieil amphithéâtre romain. Ah non, Nîmes c'est ça ! C'est la troisième fois que nous jouons à Rock en Seine. La dernière fois, c'était vraiment génial. Il y a vraiment un monde de dingue, c'est comme si c'était une fête géante !

Il y a 5 ans, aucun groupe de rock ne passait à la radio
Cette année, on fête les 30 ans de votre album culte "Smash". Quel regard portez-vous dessus aujourd'hui ?
J'en suis fier ! Je suis surtout content que les gens le connaissent toujours aujourd'hui. C'est un album que nous avons enregistré quasiment sans avoir d'argent et assez étonnamment, ça a commencé à prendre petit à petit. Nous étions sur un petit label, Epitaph, et nous n'avons pas fait beaucoup de promo, donc les chansons ont marché d'elles-mêmes. Elles ont en quelque sorte marché de façon organique, et c'est ce dont je suis plus fier !

Pensez-vous à faire une tournée spéciale pour ce 30ème anniversaire ?
Je sais, on devrait le faire ! On a fait un concert à Los Angeles où on a joué l'album "Smash" en entier, on va en faire un autre à Chicago, et je crois que c'est tout. On n'a pas vraiment organisé de tournée parce qu'on était trop occupés à finir ce nouvel album. Mais peut-être la prochaine fois, demandez-moi dans cinq ans (rires). Je parle de mon point de vue, mais quand tu es dans un groupe, tu veux constamment progresser et aller de l'avant. J'ai vu U2 rejouer "The Joshua Tree" car c'est un album qui me tient particulièrement à coeur. Mais je comprends cette idée, car pour certains fans, c'est lié à des moments particuliers de leurs vies.

Un milliard de personnes ont entendu notre chanson, c'est dingue !
Blink-182 vient de sortir une chanson qui dit que "c'était mieux avant", qu'il y avait plus de libertés. Vous êtes d'accord ?
Non, c'est mieux maintenant ! C'est différent, mais les choses continuent de changer. J'adore le fait qu'aujourd'hui, dans le monde de la musique, on puisse sortir une chanson et qu'elle puisse immédiatement toucher les gens dans le monde entier. Ça n'était pas possible il y a 20 ou 30 ans. C'est plus facile de parler aux fans de cette façon aujourd'hui ! Et de différentes façons ! Récemment, on nous a dit que "You're Gonna Go Far Kid" a dépassé le milliard d'écoutes sur Spotify. De se dire qu'un milliard de personnes dans le monde aient pu entendre ta chanson, c'est complètement fou !

L'ingénieur du son Ulysses Noriega dit que vous êtes "les Beatles du punk-rock". Vous confirmez ?
(Rires) Wow ! Bon, on va dire oui ! Quelqu'un doit être les Beatles du punk-rock donc pourquoi pas nous ?

Nous sommes les Beatles du punk-rock
Songez-vous à la fin de votre carrière ?
J'adore vraiment ce qu'on fait, je m'amuse toujours à faire de concerts et à enregistrer des albums. Je ne prévois pas de m'arrêter de sitôt ! Bon, on peut dire qu'on est les Rolling Stones du punk-rock, on continuera jusqu'à nos 80 ans ! (Rires)

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