Stromae

Crédits photo : ABACA
Trois ans, c'est le temps qui nous sépare de la sortie en bacs du premier album "Cheese" de Stromae. Le chanteur belge avait su toucher le public en plein cœur avec le tube "Alors on danse", imposant un style singulier et festif sur fond de satyre sociale. Ce qui a fait la force de Stromae, auteur-compositeur bruxellois de 28 ans, à savoir des mots simples et méticuleusement choisis pour faire réagir le public sur un melting-pot de sonorités électroniques, on le retrouve une fois encore sur "Racine carrée". Mais l'artiste ne se répète pas pour autant sur ce deuxième effort et offre un prolongement de ce qu'il avait déjà proposé, apportant une finesse supplémentaire dans le sens de ses textes, et plus de pêche dans le rythme.

Comme premiers extraits, Stromae a choisi "Papaoutai" et "Formidable", jouant sur deux tableaux totalement différents. Taillé pour les radios, dansant mais profondément triste, le titre "Papaoutai" avait tout d'un tube. Il l'est devenu ! Quant à "Formidable", morceau plus épuré faisant la part belle à une poignante interprétation du chanteur, peu auraient parié dessus. Pourtant, il n'a cessé de grimper dans le Top Singles jusqu'à séduire les internautes puisque son clip buzz, tourné dans la capitale belge et laissant apparaître un Stromae saoulé par la vie, a été vu 20 millions de fois en trois mois. Cette opposition entre "Formidable" et "Papaoutai" caractérise parfaitement l'album "Racine carrée", dont chacune des pistes nous transporte dans un univers différent, le tout lié par une voix qui sait se faire rauque, tantôt enjouée et profonde.

Ecoutez notre chronique audio de l'album "Racine carrée" de Stromae :



Parmi les pépites qui retiennent l'attention, il y a cet hommage à Cesária Évora, qui nous quittait il y a bientôt deux ans. Rhum et danse sont au programme de la chanson "Ave cesaria" sur des rythmes cap-verdiens qui apportent un temps de repos après le très intense "Bâtard", dans lequel les stéréotypes sont mis à mal. On aime manger des "Moules frites" avec Paulo, sans mayonnaise, mais "Carmen" se montre redoutablement efficace avec son sample du célèbre aria de Georges Bizet. Huitième plage de "Racine carrée" où Stromae fait les comptes, "Carmen" ne critique pas directement Twitter mais le comportement des humains et les rapports d'altérité. Douche froide avec "Sommeil", qui ne manquera pas d'interpeller non plus ! Avant de terminer avec un morceau qui ne manquera pas de diviser, "Avf", avec la présence des voix de Maître Gims et OrelSan, énième témoignage du chanteur de vouloir ancrer ses chansons dans son temps...