Stromae

Crédits photo : Bestimage
Le nom de Stromae est aujourd'hui l'excellence à la belge. Le dandy, qui débarquait comme un OVNI dans le paysage musical avec "Alors on danse" il y a une décennie, est aujourd'hui une star d'envergure planétaire, capable de remplir les plus grandes salles dans toute l'Europe, en Afrique et aux Etats-Unis. Si ses hymnes électro-pop sont scandés à pleins poumons par les foules, ses premiers pas dans l'industrie étaient davantage orientés vers la culture hip-hop, et le travail d'artistes comme P. Diddy. « Au début, j'ai commencé en tant que percussionniste. J'ai vite arrêté le solfège car ça me soulait... J'ai commencé à rapper avec un de mes amis, Jean Didier. On a fait notre petit groupe, qui s'appelait Suspicion, sorti un premier clip, que j'avais co-réalisé. J'ai sorti mon premier maxi quatre titres, dont le titre était "Faut qu't'arrête le rap..." » racontait-il en interview pour Purecharts en 2010. A l'époque, Stromae avait déjà une vision assez claire de son projet. « J'ai évolué, toujours dans le rap, avec des instrus assez classiques, mais j'ai changé de style vestimentaire pour me démarquer. Je critiquais le rap en posant sur des instrus très américaines. Je trouve que ce qui arrive des Etats-Unis, c'est un peu ça : des instrus qui sonnent hyper bien, mais un fond bizarre. Des filles nues et des voitures ? Ce n'est pas que ça le hip-hop ! » s'insurgeait-il, en livrant sa plus grande crainte : « Tomber dans un cliché ».



Dès lors, Stromae a toujours cherché à sortir des sentiers battus pour que sa musique abolisse les frontières - entre les genres musicaux mais aussi géographiques, avec un melting-pot culturel qui emprunte, selon les morceaux, autant à la rumba congolaise qu'à la trap et le ragga. "Mixture elecstro", son premier long format réalisé en 2009 avec Jay Psar, fait rimer créativité et explosivité : le chanteur y réinvente des chansons populaires comme "We Will Rock You" de Queen, "Boom Boom Pow" des Black Eyed Peas, "Show Me Love" de Robin S ou "Satisfaction" de Benny Benassi qu'il mélange à des compositions perso, dont... "Alors on danse". « Il venait chez moi tous les jours, je lui faisais écouter des sons électro et il écrivait dessus » se souvient son acolyte dans une enquête du Parisien sur les débuts mouvementés du musicien né près de Bruxelles.

"On croirait un son de canard !"

Car à l'époque, son unicité, qui fera sa force, détonne et rend les professionnels frileux. Le public va-t-il vraiment adhérer à son concept musical, ses tenues à carreaux ? « Personne ne voulait le programmer et moi j'ai accepté sans l'avoir vu, avant sa première à Rennes. J'avais adoré l'idée de faire danser sur des paroles tristes. Mais ça ne faisait pas l'unanimité dans mon équipe. On me disait : "On croirait un son de canard !" » rappelle Joran Le Corre, patron du festival Panorama (Morlaix) qui fut l'un des tout premiers événements à programmer Stromae en avril 2011 : « Comme nous l'avions programmé très tôt, ça nous a coûté trois fois rien, peut-être 4.000 euros à tout casser ». Entre temps, Stromae réussira son premier coup de génie : une performance flamboyante aux Trans Musicales de Rennes, en décembre 2010, qui attire définitivement les regards sur lui. Une apparition qu'il doit presque à un coup de chance... « C'est ma fille Liz, 16 ans, qui m'avait fait découvrir ça sur Internet. Elle m'a dit : "Il faut que tu regardes ses leçons" ! J'ai trouvé ça super, j'ai aimé ses textes, sa musique. Et je lui ai proposé de faire la création du festival. Et, là, je me suis fait tacler par la profession : "Ouais, qu'est-ce qui t'arrives Jean-Louis. Tu vas faire de l'eurodance ?" » s'amuse à relater Jean-Louis Brossard, en charge du festival.

"Il avait une vision à long terme de son projet"

Son flair ne l'aura pas trahi. « À partir de là, on voyait tous les jours des concerts s'ajouter dans son calendrier de 2011 » assure Patricia Teglia, son ancienne attachée de presse. Qui a su, dès le moment où elle l'a rencontré, que Stromae serait promis à de grandes choses : « Je m'étais toujours demandé si je travaillerais un jour au commencement d'un musicien qui aurait une carrière démesurée. Quand je suis sortie de mon premier rendez-vous avec Paul, je me suis dit : "C'est lui". Il était incroyablement posé et il avait une vision à long terme de son projet. C'était fascinant ». Si le succès du single "Alors on danse" lui ouvrira de multiples portes, c'est son deuxième album "Racine carrée", il y a dix ans tout pile, qui l'inscrira définitivement dans la légende avec, à date, plus de 2 millions d'exemplaires écoulés en France et le titre de l'album le plus vendu de la décennie 2010.