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Starliners en interview

Starliners, ce sont quatre garçons dans le vent qui ne revendiquent qu'une chose, ne pas être un groupe de rock. Autant adeptes des sons électro que pop, ils débarquent avec un premier single intitulé "I Love You (mais encore)", devançant un premier album fabriqué à partir des clichés des jeunes de leur âge. Le passage de l'adolescence à l'âge adulte, c'est ce qu'ils nous racontent dans cet entretien.


Si l’on retraçait votre histoire, on tomberait dans le stéréotype, sans a priori, du groupe d’adolescents qui a commencé dans une cave avant de monter sur scène pour quelques concerts, et ensuite s'est fait connaître du grand public. (Jonathan Hamard)
Hugo Chesnel : Complètement ! Tony et moi jouions dans un groupe, et les autres dans d’autres. En fait, nous étions tous déjà dans la musique, mais dans des formations différentes. C’est après le lycée qu’on s’est retrouvé ensemble. Nous avions les mêmes goûts, les mêmes envies, et notamment celle de sortir un album.

Ce n’est pas commun ! Chacun dans un groupe pour finalement en créer un en vous rassemblant. Vous étiez dans la même classe ?
En fait, on a toujours voulu jouer ensemble. On se connait depuis assez longtemps mais nos groupes respectifs avaient des couleurs différentes. Sur le moment, ce n’était pas possible. C’est après le BAC, en quittant le lycée, que l’on a voulu commencer à jouer ensemble.

Votre parcours n’est pas sans faire penser à celui de Hangar ou de BB Brunes. Les groupes rock sont très tendances en ce moment.
Oui, mais il suffit d’écouter les albums pour se rendre compte qu’on ne fait pas la même chose. C’est vrai qu’on a le même âge : la comparaison est facile. Mais ce sont des musiques assez différentes. Peut-être aussi la même façon d’approcher la scène. Nos identités sont bien distinctes et différenciées.

Vous vous inscrivez néanmoins dans cette tendance. Vous êtes en quelque sorte dans leur sillage. Certains pourraient même s’exclamer : « ce sont les BB Brunes de chez AZ ! »
On ne l’a encore jamais entendu aussi clairement. Ça me ferait sourire qu’on pense ça. On est pote, mais on n’a pas du tout les mêmes influences. On a joué en première partie de ce groupe début 2007. Il commençait à rencontrer le succès et nous étions encore un tout petit groupe. On n'a pas été inspiré par eux. En fait, on n’a même jamais été inspiré par la scène française. Nous avons tous, même avant de nous connaitre, été influencés par la scène internationale. On écoute des groupes anglo-saxons, et même américains. Ils ont une approche sonore et visuelle de leur musique. Très peu de groupes français ont cette manière de concevoir la leur. Ils créent des univers musicaux très forts. On est davantage dans ce registre-là.

Concrètement, qu’est-ce que tu appelles un univers musical fort ?
Je te donnerai volontiers l’exemple de Gorillaz. Ce sont des musiciens qui travaillent avec des collectifs d’artistes, d’infographistes pour des pochettes, pour la scénographie, et tout ce qui en découle. Toute la partie Web qui est fascinante. Ils tentent toujours des concepts novateurs en essayant de repousser les limites. Un peu comme les Daft Punk il y a dix ans. Pour nous, ils sont vraiment un modèle d’innovation. A l’époque, je me souviens qu’ils avaient créé une "Daft Card". J’avais 12 ans, j’avais acheté leur album "Discovery". A l’intérieur, il y avait une carte qui permettait d’accéder à des contenus inédits sur Internet. Tu pouvais trouver des remixes, des photos. Personne n’a pu en profiter vraiment. Ça n’a pas vraiment marché. Ils avaient juste dix ans d’avance. Les Daft Punk voyaient déjà il y a dix ans le déclin du marché et ont tenté des choses pour le sauver.

Ils ne font pas de rock, et ils sont français. On sent d’ailleurs une légère inspiration de ce genre de groupe dans votre musique.
C’est pour cela que ceux qui nous comparent à BB Brunes n’ont pas écouté notre musique. Nous, on revendique nos influences électro. On s’est inspiré de Daft Punk. On préfère laisser les gens. En fait, on s’en fout complètement.

En France, on a peur de mélanger humilité et ambition.
Je parlais de votre parcours. Il est essentiellement fait de premières parties. Je pense à Superbus. Ils soignent la présentation de leur musique, que ce soit par le look, les covers, les concerts, et les clips.
Eux, pour le coup, ils ont un vrai univers visuel marqué. En plus, Jen est vraiment douée pour ça. Humainement, ce sont vraiment des gens géniaux. Eux aussi, et c’est peut-être pour cette raison qu’on s’entend bien, ont des inspirations sont anglo-saxonnes. Ce sont des artistes qui ont compris que le show et l’image sont des choses qui sont très importantes à notre époque. Je crois que beaucoup d’artistes français ont peur de ça. En France, on a peur de mélanger humilité et ambition. Il y a des artistes qui refusent de faire certaines choses pour soi-disant rester humble. Mais non, le show, ça fait partie du métier. On a l’ambition de faire des choses novatrices.

Cette frilosité des artistes français, c’est peut-être tout simplement une envie de coller à la demande du public français. Peut-être qu’il ne veut pas de ce show, tout simplement.
Oui, mais les mentalités commencent à évoluer. Par exemple, et même si ce n’est pas des artistes que j’affectionne particulièrement, les Black Eyed Peas feront très bientôt trois Stade de France. Il y a des gens qui ont envie de se déplacer pour les voir. Il y a des gens qui ont encore envie de rêver. Il ne faut pas me dire qu’il existe en France un seul public et qu’il est chauvin.



Il ne faut pas me dire qu’il existe en France un seul public et qu’il est chauvin.
Tu n’écoutes pas les Black Eyed Peas, mais quels artistes écoutez-vous ? Du rock ?
On écoute beaucoup de choses, mais principalement des groupes américains. Je crois qu’on a un an de retard car on découvre des choses qui sont parues en 2010. En ce moment, on est à fond sur notre album, donc on ne sait pas trop ce qui passe à la radio. On ne veut pas non plus être influencé par la tendance musicale du moment. Et puis, j’ai le sentiment que la question du rock reviendra tout le temps. On est juste un groupe de musique. On écoute plein de choses, que ce soit de l’électro ou de la pop. On a un look rock parce qu’on porte des slims, mais on ne le revendique pas. Certains verront en nous un groupe rock, d’autres un groupe pop.

Vous me parlez beaucoup de votre attirance pour les États-Unis. Vous êtes d’ailleurs allés à Los Angles pour tourner votre clip "I Love You (mais encore)".
Il y a un mois qu’on l'a tourné. On est parti pour dix jours à Los Angeles : le tournage a duré trois jours et nous avons pris sept jours de vacances. Pour notre vidéo, on ne voulait pas d’un clip carte postale. Nous avons pris comme référence le film Lost In Translation de Sofia Coppola. C’est très physique, esthétique, et pas forcément racoleur. On ne voulait pas des nanas qui se promènent en "soutif" et des collines Hollywood. Le but, c’était de faire un truc discret. On voulait que les gens s’interrogent en se demandant où le clip avait été tourné.

On n’est pas marginaux non plus.
Et bien ça a marché ! Mais il y a quand même ce cliché avec une jeune femme en petite tenue dans son lit, comme en dépression. Et puis vous qui chantez « I love you mais encore ». D’un côté, vous parlez de votre volonté d’innover, mais vous reprenez aussi des codes déjà utilisés, et je dirais même usés.
Tant mieux, c’était le but. Quand tu écouteras notre album, tu le trouveras très cliché. J’aime les clichés. Et ce clip-là, je l’aime bien parce que je trouve qu’il ne ressemble à aucun autre. Tu ne trouveras pas des meufs à poil dans la piscine ou un mec entrain de draguer. En fait, on ne la croise même pas la nana. On voulait quelque chose de très poétique, et auquel tout le monde puisse s’identifier. Il n’y a pas de scénario. Tu peux considérer ce clip comme une rencontre ou une rupture, et même les deux car la chanson évoque des deux thématiques. On voulait rendre notre chanson de la plus esthétique possible. Si tu trouves des aspects clichés dans notre clip, c’est peut-être finalement que nos inspirations sont celles d’un groupe de rock. Ce n’est pas une création d’AZ, on est tout simplement au naturel. On n’est pas marginaux non plus.

Découvrez le clip "I Love You (mais encore)" :


Vous avez rejoint AZ en 2010. Avez-vous changé vos méthodes de travail depuis que vous avez signé avec le label ?
Non, pas vraiment. On travaille toujours autant. On fait certainement des démos un peu plus propres qu’auparavant pour qu’ils nous écoutent. Dans le fond, on a toujours été rigoureux dans nos méthodes. Musicalement, ça n’a pas changé grand-chose. La seule vraie différence avec avant, c’est que désormais, on est obligé de répondre au téléphone.

Pensez-vous que c’est important d’être encadré par une équipe de professionnels ?
Je n’ai aucune idée sur la question. Tout dépend des musiciens et des formes que tu donnes à ta musique. Il y en a qui n’auront besoin que d’une toute petite équipe. Je n’ai pas assez de recul pour t’en parler. Ce que je peux te dire, c’est que notre équipe est assez cool avec nous. Pour l’instant, ça se passe bien. Ils sont d’une grande aide.

Juste avant, tu me disais que l’album était bourré de clichés. Il ne sortira qu’à la rentrée et peu de chanceux ont pu l’entendre. Comment le décririez-vous ?
C’est le passage de l’adolescence à l’âge adulte. On a commencé à l’écrire quand on avait 16 ans. On a terminé de l’écrire très récemment. On a donc mis quatre ans. Il n’y a que Tony qui était encore lycéen quand on l’a écrit. Il est un peu plus jeune. Tu découvriras sur ce disque des chansons qu’on a écrit quand on était encore au lycée. Nous sommes toujours jeunes, mais nous avons grandi. On a vécu des choses entre temps, certainement plus graves, qui sont également sur cet album. Ce disque est très fun et très instantané. La musique est très calibrée : nos morceaux font 3, 30 minutes. Quand on écoute une pièce, on aime kiffer tous les refrains, on ne veut pas s’ennuyer. On fait partie de cette génération qui consomme beaucoup de musique en permanence. Ça influe beaucoup sur notre manière d’écrire. On a grandi avec Internet. Nous avons eu tout à disposition rien qu’en cliquant. Le public veut tout tout de suite et découvrir de nouvelles choses perpétuellement. On fait partie de cette génération qui zappe tout très rapidement.

Tu vois bien ce qu’on nous sert à la radio et à la télévision, il n’y a pas d’histoire derrière.

Cet album, je ne dis pas que c’est un disque où tu zappes d’un titre à l’autre, parce que c’est le fruit de trois ans de travail. Il est véritablement construit, mais il a ce côté instantané. On l’a souhaité intemporel : on n’a pas voulu mettre des sons trop tendances. Nous avons eu une discussion avec le réalisateur de notre disque à ce sujet. Au début où nous écrivions notre album, nous utilisions des vocodeurs et des auto-tunes parce que ça nous faisait marrer. Ce sont des choses qui sont désormais beaucoup utilisées. Il te suffit d’allumer la radio pour t’en rendre compte. En fait, en rentrant en studio, nous avons compris que ça n’apportait rien et que toutes ces ornementations étaient des artifices. On trouvait que ça rendait l’album trop soumis à une époque. On a préféré épurer tout ça pour ne pas l’inscrire dans le temps. On a mis en avant le piano, la guitare et principalement les voix. Il y a quand même quelques petites touches d’électro. Il y a des synthés comme sur "I Love You (mais encore)".

C’est une mauvaise pratique selon toi que d’enchaîner les albums, les clips et les singles ?
Depuis 2000, on consomme la musique, les disques et les télé-crochets sans vraiment prendre le temps de s’arrêter dessus. Je n’ai pas vraiment d’avis sur le sujet et je n’ai pas à le donner, mais il y a une époque où le public et les médias s’arrêtaient sur un album entier sans se focaliser uniquement sur un seul titre. Il y avait une histoire pour chaque disque et il fallait l’écouter du début à la fin pour tout comprendre. C’était une époque formidable pour la musique. Tu vois bien ce qu’on nous sert à la radio et à la télévision, il n’y a pas d’histoire derrière.

Retrouvez toutes les informations concernant Starliners sur leur MySpace.

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