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Shy'm : "Je n'ai ni le complexe, ni la frustration de ne pas écrire mes textes"

C'est ce lundi que Shy'm a dévoilé son quatrième album, "Caméléon", un opus très attendu après le succès conséquent de son prédécesseur, écoulé à 250.000 exemplaires. L'occasion pour la jeune artiste de s'entretenir avec Pure Charts et d'évoquer ce nouvel album, un changement dans la continuité, mais aussi le fait qu'elle n'écrit pas ses textes et qu'elle ne s'en porte pas plus mal, sa façon de travailler presque industrielle avec K-Maro, la tentation d'une carrière internationale ou encore les accusations de plagiat contre le clip de "Et Alors !" et le stress de l'Eurovision. Entretien.
Crédits photo : Arthur Delloye
Propos recueillis par Charles Decant.

Pure Charts : "Caméléon", c'est le titre de ton nouvel album mais aussi d'un titre de cet opus, un titre qui évoque le renouvellement. C'est le mot d'ordre de ce quatrième album ?
Shy'm : Complètement, et ça a toujours été le mot d'ordre de chaque album. Ca montre surtout un de mes traits de caractère les plus forts, qui est ma capacité à m'adapter, à me renouveler, à ne jamais faire les mêmes choses... Changer de couleur - de façon abstraite évidemment. Oui, ça parle de changement. Je crois que je suis quelqu'un qui se lasse très, très vite donc je suis obligée de bouger et de ne pas faire les mêmes choses.

Je n'allais pas arriver avec un album de hard-rock
Ca s'est traduit comment cette volonté ? Parce que l'album est relativement dans la continuité du précédent...
Bien sûr qu'il est dans la continuité du précédent, je n'allais pas arriver avec un album de hard-rock ou de rap ou de lyrique. Mais effectivement, heureusement qu'il y a une évolution, "Prendre l'air" est sorti il y a deux ans, j'ai écouté d'autres choses depuis. Il y a eu une évolution mais je pense qu'il y aura plus de surprises sur des titres en particulier que sur une idée globale de l'album. Et puis c'est comme ça un peu que j'ai bossé sur les précédents albums, déjà.

Tu as écouté quoi, justement ?
J'ai écouté de tout ! Ce que tout le monde a écouté à la radio ou à la télé. J'ai découvert plein d'artistes plus underground, j'ai découvert aussi le dubstep qui est arrivé, des artistes comme Woodkid que j'adore. En deux ans, il y a eu beaucoup de changement.

Il y avait une idée directrice avant le début de la conception de l'album ?
L'idée c'était de faire ce que j'aime ! (Rires) Il n'y avait pas de direction particulière ni de style musical donné. On s'est retrouvé en studio, il y a eu quelques mails échangés et je leur ai dit « OK, éclatez-vous, envoyez-moi des prods ! » et j'ai retenu celle que j'aimais, et on a bossé en fonction de ça. Les thèmes sont arrivés des prods et en fonction de moi aussi. C'était aussi simple que ça.

Jusqu'à présent, je suis en contrôle de mon image
Il y a plusieurs titres sur lesquels tu donnes l'impression d'avoir envie qu'on te laisse tranquille, comme sur "Et Alors !" ou "Contrôle". Comme ta notoriété a beaucoup augmenté depuis deux ans, y a-t-il un moment où tu as senti que ton image t'avait échappée ?
Je touche du bois mais je n'ai pas encore l'impression qu'on ait une fausse image de moi. On n'en est pas arrivé à ce stade-là et je pense que je serais malheureuse s'il y avait des fausses rumeurs qui circulaient, des trucs un peu plus sérieux qui se disaient. Mais jusqu'à présent, je suis en contrôle de mon image, quand il y a un truc qui ne me plaît pas, je le dis. Pour l'instant, je trouve que c'est fidèle à ce que je suis.

Pourquoi ces titres dans ce cas-là ? On dirait qu'il y a un besoin de mettre les choses au point...
Oui, en effet, il y a des choses à mettre au clair. Quand je me retrouve dans les magazines, ça ne me plaît pas, quand il y a des choses qui sont dites, c'est une façon pour moi de réagir. Je ne vais pas répondre à chaque fois via les réseaux sociaux, parce que parfois c'est bête, c'est inutile et ça donne de l'importance alors qu'il ne faut pas. Et parfois ça ne me fait pas mal profondément. En revanche je trouve ça drôle de faire un pied de nez sur une chanson, d'assumer ouvertement sans pointer quelqu'un du doigt en particulier.

Sur un titre comme "Comme un oiseau", il n'y a pas de message à lire dans les paroles, où tu dis te sentir emprisonnée et vouloir t'envoler ?
Je pensais plus à "Et Alors !" dans ce que je t'ai dit. Ca va dans la même direction mais ce titre-là, c'est plus personnel. Ce n'est pas ce que je fais dans ma vie professionnelle, c'est plus ce que je suis dans ma vie personnelle.

D'accord. Et on n'en saura pas plus... ?
On commence la thérapie ? (Rires) Non on n'en saura pas plus ! (Rires)

C'est dur de prendre du recul pour analyser son succès
Tu as gagné beaucoup en notoriété ces deux dernières années, on l'a dit. L'album "Prendre l'air" a cartonné, les singles successifs ont bien marché, tu as remporté "Danse avec les stars"... On arrive à un moment où tu es au sommet de ta notoriété, du coup est-ce que, à un moment, tu t'es dit "Cet album, il faut vraiment que j'assure parce que toutes les conditions sont idéales pour qu'il cartonne"... ?
C'est sûr que la pression commence à arriver parce que je n'arrête pas d'entendre ça ! (Rires) Mais je t'avoue que je ne l'ai jamais pensé comme ça. C'est dur de pouvoir prendre assez de recul pour sortir de soi et se dire « Bon bah là, t'es au sommet ». Effectivement, je vois que je suis beaucoup dans les magazines, que je suis beaucoup à la télé, que je gagne des prix, mais vu que je le vis au jour le jour, sans m'arrêter, je ne m'en rends pas vraiment compte. Je sens que, sur les deux dernières années, ça a quand même pris une autre ampleur mais sentir que je suis au sommet, ça je ne le sens pas. Et puis l'album, je ne me suis pas dit « C'est la pression, faut pas que je me loupe ». Ca je ne peux pas fonctionner comme ça, sinon tu ne travailles pas, tu n'as pas d'inspiration, tu flippes tout le temps.

Comment tu vis l'accueil réservé au single ?
Le single, en fait, je suis rassurée. Parce que je pense qu'on a fait un bon choix. C'est ça aussi. On fait un album, il y a plusieurs titres, mais on ne sait pas forcément lesquels ressortent. Il y a aussi ce choix à faire et le faire bien. Et j'ai été rassurée d'avoir fait le bon choix, et qui m'a permis aussi de faire un visuel qui est frais, qui est dynamique, estival... Tout ça, ça faisait du sens. Et en trois jours il y a eu 200.000 vues sur YouTube donc l'accueil est bon !

Ca fait deux ans que tu as sorti "Prendre l'air" et malgré tout on a l'impression que tu vas très vite, que tu enchaînes tout. Il y a eu les singles, "Danse avec les stars", la réédition, la tournée et maintenant, déjà, un nouvel album. C'est volontaire, pour occuper le terrain médiatique comme d'autres artistes le font à l'international, comme Rihanna ? Ou est-ce que tu as envisagé de faire une pause pour te ressourcer ?
Déjà, ça s'est enchaîné parce que les choses se sont faites comme ça. La tournée s'est faite parce que j'en avais envie, et c'était prévu avant "Danse avec les stars", avant les NRJ Music Awards et il fallait qu'à un moment on bloque les dates. "Danse avec les stars", je ne savais pas que j'allais y passer deux mois, j'aurais pu y passer une semaine, du coup c'est vrai que tout enchaîner, ça a été dur, j'aurais bien voulu me reposer entre les deux. Mais sinon, je n'avais pas envie de faire une longue pause : si je me repose une semaine, je m'ennuie, donc je n'avais pas envie de prendre un an, deux ans de pause. Le jour où je serai fatiguée, ou que je ferai un enfant, je prendrais une pause pour moi. Et si un jour ça ne fonctionne plus, je serai aussi forcée de prendre du recul !

K-Maro et moi, on est un peu une usine
Cette rapidité, c'est aussi parce que tu travailles de cette manière avec K-Maro, qui peut préparer des choses pendant que tu bosses ?
Ca c'est un peu notre façon de bosser, on est un peu une usine pour ça ! C'est quelqu'un de très inspiré et il faut croire que je suis quelqu'un de très inspirante ! (Rires) On s'inspire mutuellement et du coup, on a réussi à bosser très vite. Mais on s'était dit qu'on sortirait l'album en juin si on avait fini, mais que s'il n'y avait pas d'inspiration ou qu'on n'était pas prêt, on attendrait. J'ai aussi été malade pendant ce temps-là, je n'avais plus de voix à force d'enchaîner les concerts et on a pris du retard. Il y a eu plein de "surprises" qui auraient retarder cet album mais on a réussi à le faire dans les temps. Pourquoi attendre encore six mois s'il était prêt ?

Donc il n'y avait pas de deadline ?
Non, je n'avais pas ma maison de disques avec un gun sur la tempe pour me dire « Il faut que tu sortes un album en juin » ! (Rires) D'ailleurs pour certains d'entre eux, c'était un peu ambitieux donc il a fallu relever le défi.

Crédits photo : Arthur Delloye
Sans être ingrate vu qu'il a signé tous tes tubes, est-ce que tu as envie de travailler avec d'autres auteurs-compositeurs que K-Maro ?
J'ai eu envie et on l'a fait !

C'est lui qui signe ou co-signe tous les titres de l'album pourtant...
Oui, il a écrit tous les titres parce qu'on a travaillé rapidement, que j'ai reçu des textes qui ne m'ont pas séduite plus que ça. Mais il n'a pas tout produit : j'ai reçu des prods qui m'ont beaucoup plu et ça a donné naissance à de très beaux titres.

Je n'ai ni le complexe, ni la frustration de ne pas écrire mes textes
Dans une interview le mois dernier, Cheryl Cole expliquait qu'elle n'avait aucun problème à chanter les chansons des autres et qu'elle n'avait aucun besoin d'écrire ses propres chansons pour se sentir légitime.
Tu pourras reprendre la réponse de Cheryl Cole ! (Rires) Aujourd'hui, je peux écrire, ce n'est pas un problème ! Je parle très bien, j'ai passé un bac littéraire, je n'ai pas de problème avec les mots. J'ai juste un problème de confiance en moi et une objectivité de me dire que je n'ai pas forcément un talent inné pour ça. J'adore écrire pour écrire, mais dès que je me retrouve coincée dans un nombre de syllabes, dans des rimes, là c'est beaucoup plus difficile et ça ne vient pas naturellement. Je n'ai pas envie de le faire par crédibilité, ni pour l'argent ou parce qu'on m'en parle. Je le ferai quand ça viendra naturellement. Je l'ai fait sur le deuxième album parce que j'avais un texte qui était sorti plutôt naturellement, qui parlait de ma mère et que je n'aurais pas pu aborder si ça avait été écrit par quelqu'un d'autre. Mais pour ce nouvel album... Quand je vois Cyril qui me sortait des titres et que je disais « J'adore ! J'adore ! J'adore ! J'adore ! », pourquoi me forcer à le faire ? Je n'en ai pas le complexe, ni la frustration. Et je me sens artiste à part entière, interpréter ce n'est pas la part minime du boulot. Un même titre peut avoir du succès avec un artiste et pas un autre.

La crédibilité, c'est quelque chose d'important pour toi ?
Oui et non... Mais qu'est-ce que c'est ? La crédibilité aux yeux de qui ? Le côté danse, pop, spectacle peut parfois décrédibiliser la musique aux yeux de certains, c'est vrai, mais je pense que ça change de plus en plus, et pour preuve, même les rappeurs les plus puristes se mettent à mettre des visuels et à faire des refrains chantés par des filles un peu plus électro. Donc non, je pense que les mentalités changent et on nourrit le public autrement. La perception des choses change. Depuis six ans, toutes ces histoires de pop, de commercial, de R&B, ça a beaucoup changé. Après, crédibilité, qu'est-ce que c'est... ? Je suis contente surtout de voir qu'une petite fille de 13 ans et un monsieur de 50 ans adorent ce que je fais.

C'est ça la finalité de ce que tu fais ?
Oui, c'est ça la finalité. Il y a des gens qui s'intéressent à ce que je fais, qui attendent des albums, donc ça me permet de faire un album. Au final il n'y a rien de plus important.

La carrière internationale, c'est dans un coin de la tête, oui
La tentation de la carrière internationale, c'est dans un coin de ta tête ?
C'est dans un coin de la tête oui, c'est dans un coin de la tête de Cyril aussi parce qu'il a cette double culture qui lui donne envie d'explorer le reste de l'Europe. Mais d'abord il faut chanter en anglais, en tout cas c'est beaucoup plus facile pour séduire les autres pays. Et ce n'est pas quelque chose que j'ai envie de faire dans l'immédiat parce que je ne suis pas complètement bilingue et je ne suis pas forcément à l'aise non plus. Après, d'avoir collaboré avec Michael Bublé ou Jermaine Jackson, quand c'est en studio et que je peux travailler mon accent, c'est un bon exercice. Mais faire tout un album et aller défendre ton titre en promo et devoir assumer des interviews en anglais... Faut penser à tout ça !

Du coup, tu as inscrit "Cours d'anglais intensifs" dans ton agenda ?
Il faudrait... Mais pour l'instant ce n'est pas prévu. D'autant que ce n'est pas un fantasme dans l'absolu. Si un jour je le fais, évidemment que j'aimerais voyager, pouvoir transporter ma musique encore plus loin. Et je n'ai que 26 ans, j'ai le temps. Mais je veux le faire que quand je serai prête.

Quand tu penses à ça, est-ce que tu prends aussi en compte le fait que le public français est rarement emballé par les chanteurs français qui font des disques en anglais ? Tu connais bien M. Pokora, tu sais que ça a été dur pour lui, mais aussi pour Lara Fabian...
Oui, mais en même temps, c'est compréhensible. Ca fait six ans qu'on nous connaît sur des albums en français donc le public se sent directement concerné et te comprend tout de suite. Si du jour au lendemain, tu démarres avec un album entièrement en anglais, on peut comprendre que ça ait moins de succès.

Tenter de séduire à l'étranger, c'est une envie de se challenger
Oui mais tu as la question du succès, de la musique, mais aussi du fait que le public estime parfois que si on fait un album en anglais c'est qu'on a pris la grosse tête...
Oui, oui, on dit qu'il a changé, tout ça... Ca revient beaucoup. Et pourtant je ne crois pas que ce soit le cas. C'est juste une envie de faire d'autres choses, de se challenger, comme on peut le faire dans la vie de tous les jours et dans n'importe quel métier, sinon je pense que dans un métier lambda, on resterait en bas de l'échelle. Alors que je pense que tout le monde voudrait la monter, cette échelle.

Revenons au clip de "Et Alors !", très bien accueilli mais qui t'a valu des accusations de plagiat de Zack Reece, auxquelles tu as été contrainte de répondre sur Twitter...
C'est quelqu'un que je connais donc on aurait très bien pu en parler de visu ou au téléphone, et pas forcément sur les réseaux sociaux. Je pense qu'il y avait juste une volonté de sa part de se faire remarquer, mais j'ai tout dit sur la question, je n'ai pas envie d'en parler plus parce que je ne veux pas donner plus d'importance à tout ça que ça ne mérite.

Redécouvrez le clip de "Et Alors !" de Shy'm


Plus globalement, tu en parlais dans tes tweets en réponse à Zack, il y a eu ces derniers temps pas mal d'"affaires" de plagiat : Lady GaGa, Lana Del Rey, Beyoncé, Rihanna... Entre l'hommage, l'inspiration et le plagiat, tu penses qu'on a fait le tour de la création et qu'on ne peut plus rien créer ?
Beyoncé se brosse les dents dans un clip, Ke$ha se brosse les dents dans un clip, si on ne peut plus prendre cette idée... C'est compliqué. Après, c'est comme la musique. Il y a des chansons qui vont ressembler à d'autres, parfois c'est volontaire et parfois non. Je pense qu'il ne faut pas trop se prendre le chou...

L'Eurovision, c'est dingue, ça fait réellement flipper
On avait parlé de l'Eurovision ensemble lors de notre dernière interview et tu m'avais dit que tu aurais trop de stress pour y participer. Est-ce que ça a changé, étant donné tout ce que tu as fait ces deux dernières années ?
Ah mais non, le stress, c'est toujours là ! Et quand Anggun est passée, j'avais une telle pression ! C'est patriotique, c'est dingue, ça fait réellement flipper : la scène est immense, tu n'es pas dans ton pays, là c'était en Azerbaïdjan... Rien que le concept en lui-même, il est flippant. Après, c'est dur. Même quand t'es jolie, que t'es classe, que t'as un pur titre et une voix... Même là tu n'es pas assurée d'être bien classée ! Du coup, tu perds un peu de motivation, tu te demandes ce qu'il faut ! Je crois qu'on va prendre nos mamies, comme les Russes, et on va se faire un bon tube ! (Rires)

Mais je me dis toujours que si on t'envoyait là-bas avec un titre fort comme "Je sais", on ne pourrait pas ne pas être dans le top 10...
Je ne sais pas... La nana qui a gagné, la Suédoise, sincèrement, c'était mérité parce que c'était bien fait, c'était différent, et je prône encore la différence. Ce qui était différent, c'est qu'elle avait un truc hypnotisant dans son regard et dans ce qu'elle dégageait. Du coup ils ne l'ont pas mise en talons de 20cm, en jupe courte, alors qu'elle avait l'air d'être très bien faite aussi. On est vraiment rentré dans un univers. Mais on se rend compte que chaque année, il n'y a pas de recette. Je pense que c'est le projet qui va ressortir dans la globalité. Il faut dire que le titre était bon aussi. Après, que les mamies russes arrivent en deuxième, ça m'échappe !
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