Sabine Paturel

Crédits photo : France 2
« Je fais rien que des bêtises, des bêtises quand t'es pas là ». Tout le monde a un jour ou l'autre fredonné, en mangeant du chocolat, les paroles de la chanson "Les bêtises", tube emblématique de Sabine Paturel qui déferlait sur les ondes en 1986. Un succès sur lequel la chanteuse varoise, aujourd'hui âgée de 56 ans, est revenue en détails pour l'émission "Ça commence aujourd'hui", présentée par Faustine Bollaert sur France 2. Avec sa « petite voix enfantine » et son « col claudine », Sabine Paturel ne rentrait pas vraiment dans le moule de ce qui cartonnait à l'époque. « J'ai pas fait semblant de rien. J'ai pas cherché un look. (...) Je suis tombée raide dingue du texte. Je n'avais même pas la musique que je trouvais ça génial ! Et quand on a eu la mélodie, on s'est fait jeter de toutes les maisons de disques. Je n'étais pas du tout à la mode, c'était Jeanne Mas et Jakie Quartz, qui étaient très punk. On ne me trouvait pas dans le coup. On m'a dit : "ça ne marchera jamais" » s'est souvenue l'artiste, qui a finalement déjoué tous les pronostics.

"On s'est fait jeter de toutes les maisons de disques"

En effet, dès sa « première télé » chez Patrick Sabatier, « les bacs ont été vidés ». En boucle sur toutes les lèvres, la chanson "Les bêtises" a passé 36 semaines au Top 50 entre mars et octobre 1986. « J'ai découvert la notoriété du jour au lendemain. Au début, c'est gratifiant et puis après je n'étais pas très bien. Je ne pouvais plus sortir acheter une baguette de pain. Les gens étaient adorables mais ils me sautaient quand même dessus » a expliqué la chanteuse, mal à l'aise avec cette soudaine popularité intrusive. La jeune femme avait alors pris une décision radicale pour se protéger d'un succès dans lequel elle ne se reconnaissait pas, et d'une industrie qui voulait la forcer à être quelqu'un d'autre : « Je suis restée enfermée chez moi. Je ne me suis pas épanouie, pour plusieurs raisons, parce que je ne m'entendais plus avec la production et que ça m'a gâché la vie. J'ai arrêté de chanter pendant 15 ans. On voulait m'imposer "Les bêtises 2", "Les bêtises 3", "Les bêtises 4"... J'ai dit non (...) Je n'arrivais plus à écouter de la musique tellement j'étais malheureuse ». Comédienne de formation, Sabine Paturel s'est alors « épanouie au théâtre » et a notamment décroché une nomination aux Molières pour la pièce "La Menteuse" qui triomphait sur les planches à Paris en 1987.

"C'est à double tranchant"

Ce n'est qu'en 2010, par le biais d'une rencontre avec son producteur actuel, que Sabine Paturel s'est replongée dans la musique : « Il m'a redonné foi en l'humanité. La musique c'est comme une drogue, c'est toute ma vie la scène en fait ». Pourtant, si l'ex-idole des années 80 « s'éclate » à chanter "Les bêtises" en concert, elle avoue être agacée qu'on ne la résume qu'à ce seul titre. « C'est toujours le même problème. A chaque fois que j'arrive en radio, c'est : "Ah ben, toi, tu chantes 'Les Bêtises'. Oui, oui bien sûr, on va parler de ton nouveau titre, mais on s'en fout de ton nouveau titre. Tu chantes 'Les Bêtises'". Ça, ça me gave, parce que ça m'enferme » regrette l'artiste, qui ne tient pas à entretenir uniquement cet élan de nostalgie : « On ne peut pas en sortir. C'est à double tranchant. C'est formidable d'avoir ça et on est content de l'avoir parce que c'est extraordinaire. On fait des concerts devant 5.000 personnes, donc c'est génial. Mais, pour sortir autre chose, bonjour les médias ! ».

Malgré tout, Sabine Paturel reste fière du lien qu'elle a su tisser avec le public grâce à sa chanson. Et d'ailleurs, à sa plus grande surprise, "Les bêtises" connaît une seconde jeunesse... sur le réseau social TikTok ! « On en est à 36.000 vidéos, je ne comprends pas ce qui se passe. Je suis hallucinée, je suis émerveillée. Je reçois tous les jours des notifications, "on t'aime, on t'aime, on t'aime". De jeunes qui n'étaient même pas nés au moment des "Bêtises" ! Je trouve ça surréaliste. C'est génial » admet la musicienne et comédienne, dépassée par ce phénomène « fou » : « Ça me rend vraiment heureuse ».