Portishead

Crédits photo : Andy Whitton/NME
C'est un débat qui revient sans cesse sur le tapis. Alors que le streaming a connu en 2014 une forte croissance dans tous les secteurs du marché de la musique, en France (+ 40%) comme à l'international (+ 39%), la liste des artistes s'insurgeant contre ce modèle économique s'allonge de jour en jour. Taylor Swift comme Björk ont toutes les deux refusé de voir leurs derniers albums respectifs, "1989" et "Vulnicura", atterrir sur des plates-formes comme Deezer ou Spotify. Avec le lancement de son propre service de streaming TIDAL, JAY-Z a tapé dans la fourmilière en souhaitant proposer une « nouvelle direction » dans une industrie où les inégalités se creusent. Beaucoup sont restés dubitatifs sur la démarche du rappeur, qui a convaincu des stars richissimes de se joindre à lui (Rihanna, Calvin Harris, Madonna et Daft Punk pour ne citer qu'eux ) en leur offrant... 3% des actions de sa société. Opportuniste malhonnête ou vraie revendication ? Il n'empêche que le message est clair : les artistes en ont assez d'être considérés comme de « simples marchandises ».

Après les taxes, il ne reste... plus grand chose

Les dernières déclarations de Geoff Barrow, multi-instrumentaliste et membre fondateur de Portishead, sont un exemple de plus du fossé qui est en train de se créer entre les artistes et ceux qui distribuent leur musique. Dans une série de tweets, le producteur s'est vivement emporté contre les revenus qu'il vient de percevoir pour les écoutes en streaming des chansons de Portishead sur l'année 2014. Un chiffre éloquent et alarmant : pour 34 millions de titres écoutés en ligne, Geoff Barrow n'a touché que... 1.700 livres sterling, soit 2.370 euros, « après passage des taxes » précise-t-il.

Selon le site Consequence of Sound, chaque écoute de "Glory Box" ou "Roads" rapporterait donc 0,00007 centimes dans la poche des membres du groupe de trip-hop... « Merci Apple, Youtube et Spotify » a lancé le musicien, amer. Geoff Barrow s'en est ensuite pris à sa maison de disques, qu'il a accusé de signer des contrats au rabais. « Et surtout, un remerciement tout particulier à Universal Music Group de vendre notre musique à un prix aussi dérisoire » a-t-il ajouté. Devant l'ampleur des réactions suscité par son message, l'artiste de 44 ans a préféré mettre les choses au clair. « Je ne suis pas là pour débattre du streaming... C'est là et ça fonctionne ! Ce que j'ai tweeté est juste un fait... Prenez-le comme vous voulez ». A bon entendeur...