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jeudi 06 octobre 2011 19:26

Rencontre "Crazy" avec la chanteuse Ornette

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Ornette est la sensation pop du moment avec son premier album "Crazy". La belle n'en est pas à ses débuts, elle a travaillé aux côtés d'Arthur H et Alain Bashung. Pianiste émérite, elle a commencé à jouer à l'âge de trois ans dit-on. Mieux que Mozart ! Connaitra-t-elle le même destin ? La chanteuse défendra sa pop acidulée sur la scène du Café de la Dance le 2 novembre. Rencontre.


Ton premier album "Crazy" est sorti fin septembre. L'accueil est plutôt positif de la part des médias et même du public. Tu t'y attendais ?
Ornette : Non pas du tout ! Il y a tellement de disques qui sortent. Il aurait pu rester anonyme. Quand je vois la quantité de productions qu'on voyait en tête de gondole la même semaine : Christophe Maé, Orelsan... Donc, je suis plutôt ravie qu'on me remarque, oui ! Je suis très contente et émue de cet accueil et d'avoir des retours positifs.

A propos de cet album, je dirais qu'il est très inspiré de la pop britannique. Est-ce volontaire ? Peut-être pas ?
Oui, je suis tout à fait d'accord avec toi. On sent véritablement une influence de la pop anglaise. C'est tout simplement parce que c'est la musique que j'écoute. Après, de là à dire que j'ai voulu coller à un registre particulier, je ne pense pas. Je ne tiens pas à revendiquer quoi que ce soit. Mais ça me fait plaisir qu'on remarque cet aspect british. On le dit tellement peu souvent.

En France, on retombe toujours dans des conventions.
Quels sont ces artistes britanniques qui t'ont inspirée ?
J'aime beaucoup les Gorillaz et Amy Winehouse. Je suis fan de cette artiste. Je ne l'ai pas découverte avec "Frank" mais avec son deuxième album que j'ai écouté en boucle. Je connais toutes les chansons. J'adore la production qui a été faite dessus. C'est quelque chose de très roots, un peu « sale » je dirais. C'est pas calé ! Je ne sais pas comment le décrire. Mais je sais que c'est quelque chose qu'on arriverait pas à faire en France.

On est meilleur producteur en Angleterre qu'en France ?
Ah oui, complètement. Dans les productions britanniques, et un peu américaines, c'est beaucoup plus libre, plu fou, et moins conventionnel. En France, on retombe toujours dans des conventions de production, des conventions de structure. Si je reprends l'exemple d'Amy Winehouse, ça part dans tous les sens sur chaque titre. "Back To Black" : ça s'arrête, et puis ça repars. Comment te dire... C'est un peu comme les jardins. Tu as le jardin à la française, très strict, bien carré. Et puis tu as le jardin à l'anglaise, plus sinueux, plus naturel en apparence. Je trouve que les productions britanniques laissent libre cours à la créativité des artistes. Florence + The Machine : c'est quand même archi barré. Lily Allen, que je trouve barrée, n'aurait pas pu produire ses deux albums en France.

Tu dis que c'est fou, que ça part dans tous les sens. C'est pour cela que tu as intitulé ton album "Crazy" ?
Oui, peut-être. En tout cas, j'avais envie que mon disque soit ouvert et pas centré sur un seul registre. Je ne sais pas si j'y suis arrivée. il faut parfois une vie pour réaliser les objectifs qu'on souhaite atteindre.



Tu as utilisé le piano comme une vraie colonne vertébrale pour "Crazy". De quelle manière t'y es-tu prise pour habiller tes chansons ?
J'avais depuis longtemps le squelette de cet album. J'avais écrit mes chansons et je les jouais en piano/voix. Je voulais construire quelque chose autour. Je ne me voyais pas présenter tout un album en piano/voix. J'aurais trouvé ça complètement ennuyeux. C'est joli, mais pas pour moi ! Je voulais qu'on garde des plages ouvertes en composant autour de ce qui avait été fait au piano. Je ne voulais pas qu'on se fixe un objectif pour chaque titre en prenant une direction précise. Mais c'est en réalité plus compliqué que ce que l'on pourrait penser. Rien que la guitare par exemple. C'est très difficile d'ajouter de la guitare à côté du piano parce que les cordes vont l'étouffer. On voulait des mélanges, des styles de jeu qu'apparemment on n'aurait pas pu retrouver sur un même album. J'ai essayé de pousser les clashs esthétiques sur ce disque.

Le résultat te convainc ? C'est ce que tu voulais vraiment ?
J'en suis très contente ! Mais sache qu'on a toujours des modifications à apporter. On pense qu'on aurait pu pousser un peu plus là, mettre un peu plus de son à ce moment... Mais c'est normal de vouloir perfectionner un disque. Ça ne s'arrête jamais ! Je pense même que c'est un moteur pour un deuxième album.

Qu'est ce qui t'as fait dire que le titre "Crazy" devait être ton premier single ?
Le titre n'a pas fait l'objet d'un grand débat. Quand je le jouais parmi d'autres, c'est celui-ci qui ressortait. Il dégageait quelque chose, même auprès de personnes qui n'étaient pas musiciennes. C'est l'un des premiers titres que j'ai écrit. Il est doux. Ce n'est peut-être pas le titre le plus fort, mais il amène comme une petite évidence. On ne s'est pas vraiment posé la question. C'était naturel que ce soit ce titre.

Son clip s'inscrit lui aussi dans la tendance des vidéos de pop britannique. Là aussi c'était une évidence d'aller dans cette direction ?
On a fait un appel. On a eu beaucoup de scenarii de clips. Des trucs fous ! Et celui qu'on a gardé, c'est celui qui était le plus différent d'entre tous. C'est très référencé avec des images davantage tournées vers l'univers du cinéma. On n'est pas dans l'idée d'un clip efficace avec un gros montage derrière. Le projet a fait l'unanimité. C'est un jeune réalisateur de 25 ans qui n'avait fait qu'un seul clip auparavant. Autant dire qu'on ne l'a pas choisi pour son nom, ni pour ses précédents travaux, mais pour ses idées. On s'est jeté à l'eau avec lui.

Regardez le clip "Crazy" d'Ornette :


Si tu ne retenais que quelques titres de cet album, ce serait lesquels ?
J'aime beaucoup "Totta's Unicorn". J'aime beaucoup l'ambiance. Et puis "The Lion & The Doll" aussi. Elle est longue, je me suis fait plaisir avec la coda.

Combien de temps as-tu travaillé sur cet album ?
Je commencerais par dire que j'ai cassé les pieds à tout le monde. J'ai fait tout ce que je voulais. Entre les premières maquettes et le mixage final, il s'est passé un petit peu plus d'un an. C'est assez long, mais c'est le hasard des rencontres. Il y a tout le côté marketing aussi. Je suis une artiste en développement. Si c'était mon deuxième opus, il serait sorti plus rapidement par rapport à la conception. Pour un premier disque, il faut que tout le monde trouve ses marques. Il faut le temps de comprendre où va pouvoir aller le projet.

Imposer une image aussi je pense. La première que l'on verra de toi, hormis celle renvoyée par le clip "Crazy", c'est celle de ton album. La cover a été conçue comme un tableau.
C'est comme un tableau, effectivement. J'aime bien l'idée d'un support avec des couleurs, comme si c'était quelque chose qu'on était entrain de malaxer. Il faut que ce soit sale et que ça déborde. Il ne faut pas que ce soit arrangé. Chacun y va de son truc, ça va un peu partout. Ça crée une identité assez forte.
Il faut que ce soit sale et que ça déborde.


Ton univers musical paraît d'emblée indissociable de l'image.
J'ai du mal à imaginer mon œuvre sans image. Je suis toujours à regarder des photos et des vidéos.

Est-ce l'image qui inspire ta musique ou l'inverse ?
Ça dépend. Je pars plus souvent de la musique pour faire mes teasers. Mais ça peut être aussi l'inverse quand j'écris. Parfois, ce sont des sensations qui m'inspirent. Par exemple, je regarde le ciel bleu l'été. A l'écriture, je suis plus réceptive à des couleurs, à des ambiances. Je me souviens que je parlais à mon producteur et au mixeur en terme d'ambiance. J'employais des couleurs pour décrire ce que je recherchais : quelque chose d'un peu violet, un peu bleu, des couleurs qui accrochent.

C'est à mon tour de te poser une question. C'est quelque chose que je demande à tous les journalistes qui m'interrogent. Si tu étais un groupe, lequel serais-tu ?
Florence + The Machine, on peut le considérer comme un groupe ?

Toute l'actualité d'Ornette sur son site internet officiel et sa page Facebook.
Écoutez et/ou téléchargez l'album "Crazy" d'Ornette.
Jouez au Rubick's Cube avec Ornette ("Take It Easy") :
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