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mercredi 19 janvier 2011 15:03

No One Is Innocent en duo avec Guizmo de Tryo

Par Thierry CADET | Rédacteur
No One Is Innocent sortira son cinquième disque, le 1er février prochain, chez Naïve. Le groupe parisien s’est toujours posé les bonnes questions. Un disque, pour quoi faire ? Après tout il y a longtemps que la légende du groupe est écrite… Alors il faut rester en mouvement. Toujours. Et le groupe le dit au sein de "Drugstore" : écoutez le duo avec Guizmo de Tryo, "Qui je suis" !


« Nous sommes libres mais en danger ». Fuir le confort donne finalement au groupe le désir de recommencer. Et surtout de se renouveler. Telle est la genèse de ce nouveau disque "Drugstore" motivé surtout en premier lieu par l’envie de trouver un nouveau son. C’est ainsi que pendant plusieurs mois par intermittence Kemar en compagnie de K-mille et Shanka cherchent, explorent, essayent de nouvelles combinaisons… [No One Is Innocent], ou comment construire des barricades sur les pistes de danse. Dans ce "Drugstore" plein de onze titres, le groupe imagine un dance floor où se retrouve une faune qui a écouté du rock, de la techno, du blues, de la chanson et qui a encore envie de croire que seule la musique permet de tenir debout… Aujourd’hui le groupe encore une fois prend le maquis et s’en va ailleurs. Avec l’obsession chevillée au corps du « up tempo », parce que le son de No One est comme ça. Cette motivation donne la vraie couleur à ce nouveau disque. Un album qui avance tout le temps, qui ondule, qui transpire, qui cherche la bagarre et qui la trouve. Tout a commencé par "Johnny Rotten". Attention, histoire vraie ! No One et les Pistols se retrouvent programmés sur la même scène dans le festival de Bobital en Bretagne. Le directeur du festival propose une photo des deux groupes. Quand même, ça pourrait le faire ! Non ? Soudain Johnny Rotten et son manager pointent du doigt Kemar et son groupe. Pluie de « fuck off » et d’insultes partagées. C’est le concert le plus punk de l’histoire de No One. Le titre "Johnny Rotten" qui clôture l’album a été finalement le début de cette nouvelle étape sonore dans la vie du groupe. La colère et l’ironie ont dégrippé la machine contre la rage. Désormais les titres vont s’enchaîner avec le besoin d’exprimer des idées en marche à l’image des morceaux qui courent plus vite que leurs ombres. "Drugs", hymne à la joie d’une génération qui est comme No One « addict » à la rébellion, à la révolution (sans le .com), et à l’indépendance artistique. Tempo robotique, refrain électro clash, la synthèse de toute cette énergie dépensée est bien dans ce morceau tranchant "Le monde entier". Du pur No one, version 2010, ironisant sur cette batterie d’hommes providentiels élevés au grain du mépris qui leur donne de supers pouvoirs. Face à cela, No One Is Innocent martèle l'idée qu'il est bien fatiguant de voir les opposants se foutre sur la gueule. Il faut se souvenir après tout : le peuple uni jamais ne sera vaincu. Le rock de No one n’est pas celui des magazines de mode. Leurs gueules et leurs attitudes sur scène suffisent à exprimer tout ce que le rock dégage de sueur. Une association d’insurgés sans ego, la quintessence du nous qui l’emporte sur le moi. Pourtant de temps en temps c’est bien paradoxalement Kemar qui parle, qui motive, qui impulse l’énergie. Il est donc logique que l’on retrouve aussi sa part de vérité plus personnelle dans ce disque. "Paris" parce que c’est sa ville qui conditionne au quotidien son inspiration électrique. C’est Kemar aussi qui écrit en français avec son fidèle complice Manu De Arriba. C’est vrai aussi qu’il y a cette évidence qui naît avec les années. « On se fait toujours rattraper par notre culture, qu’on le veuille ou non ». L’occasion pour Kemar d’aborder en profondeur et pertinence le problème de l’identité. "Qui je suis". Morceau bluesy, ce sont les racines du morceau qui ont fait éclore le texte. Et soudain, le vécu qui a forgé l’arménien Gulbenkian (qui jadis défendait la cause du génocide arménien) se met à nu. Il y a d’abord eu un ministère de l’identité nationale en France, puis Kemar qui pour la première fois a vu son père pleurer, enfin cette impérieuse nécessité de dire que le pire pour un être humain est de perdre son identité. Pour cette chanson, car il s’agit bien d’une chanson, No One a fait le choix de partager le micro avec un pote, Guizmo du groupe Tryo.

Ecoutez le duo entre No One Is Innocent et Guizmo, "Qui je suis" :


Entre l’altermondialiste et les enragés, il y a donc ce tube non violent qui pose la question violente de l’existence. Intime pour Kemar, on s’interroge tout à coup. S’il redevenait Marc ? Après tout c’est son prénom. D’une crise d’identité, Kemar est devenu vraiment quelqu’un. L’utopie : « Liberté, égalité, fraternité » n’est finalement peut être pas seulement une devise républicaine et citoyenne, puisque finalement il s’agit bien de toutes ces énergies qui circulent dans le groupe : « Nous sommes unis depuis 2006, nous nous identifions au groupe, à sa musique, à ses textes, et à cette liberté totale de faire la musique que nous aimons… » No One est un groupe important, toujours connecté à la réalité quotidienne. Son "Drugstore" ouvert jour et nuit risque de provoquer de nouvelles dépendances. Carrément stupéfiantes.
Pour en savoir plus, visitez nooneisinnocent.net.
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